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Les espoirs déçus de la COP26
Réunis du 31 octobre au 12 novembre, les 197 pays qui participaient à la COP26 se sont entendus sur le pacte de Glasgow. Un pacte bien en deçà des espérances.
L’image est forte. Alok Sharma, président de la 26e Conférence des parties (COP26) arrête son discours, incapable de masquer son émotion, avant de s’excuser pour la façon dont se sont terminées les négociations. Si cette image a fait le tour du monde, c’est qu’elle est révélatrice du sentiment dominant de cette COP26 : la déception.

Les yeux étaient pourtant tous rivés vers les 197 pays réunis du 31 octobre au 12 novembre. Les deux dernières COP (2018 et 2019) n’avaient pu donner lieu à un accord et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) venait de sortir un rapport choc qui estime à 2,7 °C l’augmentation de la température d’ici la fin du 21e siècle. « Si les engagements de zéro émission sont efficacement mis en œuvre, ils pourraient limiter le réchauffement à 2,2 °C », détaille le rapport. L’objectif de l’accord de Paris est de rester en dessous des 2 °C et de se rapprocher des 1,5 °C. « Nous avons gardé [l’espoir d’atteindre] les 1,5 °C en vie, mais son pouls est faible », a estimé Alok Sharma.
Un pacte vidé de sa substance
Les délégations présentes à la COP26 ont réussi à se mettre d’accord sur le pacte de Glasgow. Il contient notamment la mention claire (et inexistante dans l’accord de Paris) de la responsabilité des énergies fossiles dans le réchauffement climatique.
La version définitive du texte est le résultat de négociations qui se sont déroulées jusqu’à la dernière minute où le président Alok Sharma a dû faire des aller-retour entre les différentes parties pour finalement céder à la pression de l’Inde et de la Chine. Ainsi, alors qu’une première version mentionnait l’engagement d’« accélérer la sortie du charbon et des subventions aux énergies fossiles », le pacte de Glasgow stipule que les pays s’engagent à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ».
Bla bla bla et greenwashing
Le secrétaire général de l’ONU António Guterres a dénoncé « le manque de volonté politique [qui] n’a pas suffi à surmonter certaines contradictions profondes ». Sur Twitter, l’activiste Greta Thunberg a pointé du doigt le « blah, blah, blah des politiciens » et le « bang, bang, bang du greenwashing ».
La plus grande lueur d’espoir réside dans un accord signé par 39 pays et institutions, en marge de la COP26. Mis en avant par Emmanuel Macron sur Twitter, il annonce la fin du financement des énergies fossiles à l’étranger avant fin 2022. Mais cet accord ne concerne que certains projets précis, rappelle Oxfam France. Le gouvernement explique dans un communiqué qui vante les mérites de cet accord, que « l’arrêt des financements [à l’étranger] pour des projets pétroliers » se fera en 2025, conformément à des engagements déjà pris. Pour la fin des projets gaziers, il faudra attendre 2035.
Noé GIRARD-BLANC