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Le métavers : nouvel objectif de Facebook Inc rebaptisé Meta
En optant pour un nouveau nom, Meta, Mark Zuckerberg se place en tête de file d’un projet faramineux : le metavers.

Alors que les internautes s’attendaient à de grandes annonces pour l’annuelle Facebook Connect le 28 octobre 2021, la conférence s’est étirée et aucun changement majeur n’a été annoncé. Aucun, si ce n’est un. A l’instar de Google qui a vu sa maison mère rebaptisée Alphabet en 2015, Facebook et les autres services de la société seront désormais regroupés au sein du groupe Meta Platforms Inc, communément appelé Meta. Mark Zuckerberg, PDG de la société, justifie son choix en expliquant “Notre marque est tellement liée à un seul produit (ndlr : Facebook) qu’il lui est impossible de représenter tout ce que nous faisons aujourd’hui, et encore moins ce que nous ferons à l’avenir.” Et en parlant d’avenir, le choix de ce nouveau nom est loin d’être anodin. Si Meta signifie “au-delà” en grec ancien, il laisse surtout entrevoir les ambitions débordantes de la multinationale : “Au fil du temps, j’espère que nous serons perçus comme une entreprise du metavers.” Tout, jusqu’au logo, un symbole infini bleu rappelant aussi les lunettes de réalité virtuelle Oculus qui appartiennent au groupe, renvoie vers ce terme de metavers.
Metavers : une vraie fausse réalité
Le metavers, qui vient de l’anglais metaverse et qui est l’association des mots meta et univers, n’est pas un concept nouveau. Il est apparu pour la première fois en 1992 sous la plume de Neal Stephenson dans son roman de science fiction Le Samouraï Virtuel. Dans ce roman fondateur pour les pionniers du Web, le personnage principal habite un container et dès lors qu’il rentre dans le metavers, il vit sa vie de rêve dans cet univers alternatif. Et c’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Le metavers n’est plus qu’un simple concept littéraire, c’est désormais un véritable projet technologique. Le metavers permet de passer d’une version d’Internet et de nos réseaux sociaux en 2D à une réalité 3D proposant une expérience immersive dans un espace-temps propre. Cette immersion est rendue possible grâce à la réalité virtuelle – offerte par les casques VR (Virtual Reality) d’Oculus, société rachetée par ce qui s’appelait encore Facebook en 2014 pour 2 milliards de dollars – et la réalité augmentée. Dans cet univers complet en 3 dimensions, il serait possible de se balader, d’évoluer dans des zones et des paysages différents tout en rencontrant des avatars de personnes présentes à des milliers de kilomètres de nous. Et c’est sur ce point que Mark Zuckerberg insiste. Fondateur et PDG de Facebook, le réseau social comptant le plus d’utilisateurs à travers le monde avec près de 2,9 milliards de connexions, il n’est pas aberrant de le voir se lancer dans cette épopée. Pour Alexandre Bouchet, Directeur de Clarté, un centre spécialisé en réalité virtuelle : “Il y a une stratégie depuis cinq ans dans ces technologies qui est très dynamique : on est sur des milliards de dollars d’investissements, en cohérence avec la vocation de Facebook, qui, à l’origine, est un réseau social. Il est donc cohérent pour eux d’aller dans ces mondes virtuels, de pouvoir recréer des espaces où l’on vivra des expériences sociales.”
Un investissement à hauteur d’ambitions
Pour le PDG de Meta, le metavers doit être “Comme Internet. Sa caractéristique principale sera son ouverture et son interopérabilité. Pour lui donner vie, la collaboration et la coopération seront nécessaires entre les entreprises, les développeurs, les créateurs et les décideurs politiques.” Si aucune entreprise ne possèdera à proprement parler le metavers, Meta compte bien en être le précurseur et le roi. En août 2019, Facebook Reality Labs sortait Horizon Workrooms, une application permettant de participer à des réunions virtuelles à l’aide du casque Oculus Quest 2. Une première ébauche du metavers version Mark Zuckerberg. Suivra ensuite Horizon, « Un monde en réalité virtuelle qui s’étendra en permanence, où vous pouvez explorer, jouer et créer de façon extraordinaire.” Mais chez les géants du web, la technologie progresse vite et Meta veut garder une longueur d’avance pour continuer à dominer le marché. Pour cela, l’entreprise ne lésine pas sur les moyens et prévoit un investissement de 50 millions de dollars sur 2 ans dans le développement du metavers. Elle prévoit également l’embauche de 10 000 personnes – soit près de 16% de ses effectifs actuels – en Europe d’ici 5 ans pour travailler sur ce projet. Mais en pleine crise des “Facebook Papers”- affaire initiée par la lanceuse d’alerte Frances Haugen qui dépeint une entreprise obsédée par la croissance et qui ne modère pas ses contenus créant et couvrant des déstabilisations politiques, du trafic d’êtres humains, du terrorisme… – Beaucoup soupçonnent Facebook de vouloir détourner l’attention et s’inquiètent de la place que l’entreprise prend dans nos vies privées. Une présence que Meta compte, quant à elle, bien accroître.
Tanguy Tricoire