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Le ras-le-bol des AESH face à des conditions de travail précaires
Les AESH ( accompagnants d’élèves en situation de handicap ) s’occupent de la socialisation, de la sécurité et de l’aide à la scolarisation de ces enfants au sein des écoles et des établissements scolaires. Sous la responsabilité pédagogique des enseignants, ils ont comme vocation de favoriser l’autonomie de l’élève en l’accompagnant tout au long de l’année. Un métier humain et particulièrement touchant qui nécessite beaucoup de temps et d’investissement personnel. Seulement, les conditions de travail sont médiocres. Les AESH perçoivent un salaire moyen de 800€/mois, ce qui les place en dessous du seuil de pauvreté (855€/mois selon l’Insee).
Nathalie Bartolo exerce ce métier depuis 2009. Elle accompagne au quotidien Omar, 5 ans, atteint d’autisme sévère, et Assan, 10 ans, souffrant d’une maladie du sang. Son salaire n’a pas changé : elle touche aujourd’hui 709€/mois. « Je ressens un manque de considération important », déclare-t-elle. « Je suis dégoutée que l’employeur se permette d’imposer un salaire si bas. Il est impossible d’obtenir un contrat à temps plein et d’accéder à une grille de salaire normal. Même avec l’aide de la CAF, je n’atteins toujours pas le SMIC à 50 ans. »
« J’adore mon travail, même avec ce salaire minable »
Le contrat est conclu pour une durée de 3 ans, qu’il s’agisse d’un premier recrutement ou d’un renouvellement. Au bout de 6 ans, sans interruption de plus de 4 mois entre deux CDD, le contrat est requalifié en CDI. Les AESH sont en majorité à temps incomplet et travaillent environ 24 heures hebdomadaires. Le temps de travail est ainsi l’un des principaux enjeux de l’amélioration de leurs conditions d’emploi. Bien que très précaires, ces héros du quotidien manifestent de partout en France et se sont mis en grève au cours des mois derniers afin de revendiquer leurs droits. Les revendications sont nombreuses : intégration des AESH dans un statut de la fonction publique, ouverture immédiate des négociations salariales, recrutement de personnels en nombre suffisant, l’abandon des PIAL (pôle inclusif d’accompagnement localisés) qui ont de lourdes conséquences sur le travail des AESH, le versement immédiat des primes REP-REP+ (qui ont pour fonction de valoriser les équipes éducatives intervenant en réseaux d’éducation prioritaire), le versement de la prime informatique…

« J’aimerais signer un contrat de 24h par semaine. Cela fait depuis 2017 que je fais cette réclamation, mais elle ne m’a jamais été accordée », confie Farida Brahmi, qui exerce dans la profession depuis le mois d’avril 2015. « Je souhaite avoir un statut avec un minimum de reconnaissance, parce que je trouve que l’on fait quand même beaucoup ». Farida s’occupe d’une petite fille qui ne peut pas rester avec les autres enfants. « Je fais ce que je peux, je cours sans cesse derrière elle, je la change, je lui donne à manger… elle n’est pas du tout autonome. C’est beaucoup d’investissement. J’adore mon travail et je le fais de bon cœur, même avec ce salaire minable. Mais il est temps que cela change » conclu-elle avec détermination.
La Fnaseph (fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap), a récemment proposé une réforme en profondeur de l’aide humaine et de l’emploi des AESH afin que leur statut soit enfin reconnu. Elle demande un nouveau cadrage pour l’attribution de l’aide humaine des élèves handicapés, avec une transformation de l’aide mutualiste. Elle propose également deux nouveaux métiers : AESH individuel et agent d’accessibilité.
Rachel Contensou