
Éric Zemmour ou la recherche d’un passé glorieux restauré
Candidat officiel à l’élection présidentielle depuis le 30 novembre dernier, Éric Zemmour adopte une stratégie basée sur la ligne éditoriale de son passé de journaliste-polémiste.

Selon ses propres mots, Reconquête!, le parti d’Éric Zemmour, est un mouvement politique qui se donne pour objectifs de défendre l’intérêt national et de promouvoir la grandeur de la France. Classé à l’extrême droite de l’échiquier politique, sa communication tend à normaliser et dédiaboliser ses positions. Éric Zemmour cherche ainsi à rallier un maximum de figures politiques “des droites”. C’est ainsi que des personnalités du RN comme Gilbert Collard ou de LR comme Guillaume Peltier l’ont rejoint dans sa quête du pouvoir. Dans les Alpes-Maritimes, c’est Patrick Isnard, ancien du RN, qui a été choisi pour être le référent PACA du parti. Ce dernier s’était réjoui auprès d’Actu Nice de l’engouement suscité par Éric Zemmour dans “la région la plus importante pour le parti”. Là encore, la fierté et la nécessité de cette “union des droites” si chère à M. Zemmour se font ressentir : “on a la force de la diversité, chez nous il y a des gens qui viennent de tous les partis, sans plafond de verre. Ce sera compliqué de créer une dynamique contre nous”. Le mouvement semble bien décidé à s’implanter dans le département et la région. Au début et au milieu du meeting, deux allusions sont manifestées au maire LR de Cannes David Lisnard, d’abord remercié pour la tenue de l’événement puis loué pour sa lucidité sur la situation actuelle de la France.
“La nostalgie et les souvenirs d’un temps passé”
Éric Zemmour cherche constamment à diffuser l’idée selon laquelle la France doit retrouver sa grandeur. Une vision passéiste qui semble de mise à l’heure où la société est plus nostalgique que jamais. Le candidat d’extrême droite cherche à séduire son public en montrant une vision historique et sensationnaliste de la France. C’est notamment dans cette optique qu’il s’appuie beaucoup sur des références au Général de Gaulle, que ce soit dans ses vidéos de campagne ou durant ses discours. Un Général de Gaulle qu’il reprend même dans ses meetings, avec des phrases restées célèbres telles que “la flamme de l’espérance ne doit pas s’éteindre”. Des vidéos retraçant toute l’histoire récente de la France et montrent des personnalités emblématiques du pays sont également diffusées avant les meetings. Florian Silnicki, expert en communication, avait interprété le clip de campagne de M. Zemmour pour le Courrier de l’Atlas. Un clip qui “joue sur la nostalgie et les souvenirs d’un temps passé”. Le candidat parle par ailleurs à son public de profil plutôt que face caméra. Un choix qui tranche avec l’époque actuelle, où regarder l’interlocuteur est recommandé, encore plus quand on est filmé.
L’utilisation de la jeune génération

Si Éric Zemmour offre une vision glorieuse du passé, il n’en cherche pas moins à convaincre les jeunes. A travers les réseaux sociaux notamment, l’ancien journaliste cherche à attirer un public dynamique issu de la jeune génération. Le candidat s’appuie notamment sur des photographies prises avec des adolescents et des étudiants dans la rue, ou encore sur des formulations devenues virales. C’est le cas de la fameuse interjection “ben voyons !”, que l’ancien polémiste utilisait notamment sur les plateaux de télévision pour contredire ses interlocuteurs. A la manière d’un Donald Trump, Éric Zemmour utilise ses propres saillies, presque devenues des slogans, et les diffuse par tous les moyens. Il existe ainsi une boutique officielle du nom de son parti, Reconquête!, qui propose des articles en tout genre. Une casquette Éric Zemmour 2022 à 16,90€, un mug “Faites Zemmour, pas la guerre” à 14,90€ entre autres, le tout aux couleurs de la France. A la sortie du meeting d’Éric Zemmour à Cannes le 22 janvier, Florian, 19 ans, arbore fièrement une casquette de ce type : “C’est un candidat qui parle à la jeunesse. Il est lucide sur ce qui se passe en France et on le suivra jusqu’au bout”. Même son de cloche chez Sacha, 27 ans : “Je trouve que sa communication est géniale. C’est en même temps drôle et sérieux, on s’y retrouve tous un peu”. Éric Zemmour peut par ailleurs compter sur sa fameuse “Génération Z”, une frange jeune des militants du parti. Les mouvements sont répartis selon les régions et les villes, et les jeunes s’attachent notamment à placarder des affiches ou diffuser les idées de leur candidat.
Edouard Hautbois, Gaspard Lagnel, Victor Letisse–Pillon