mars 25

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« Paille anti-drogue », le projet de cinq étudiantes nantaises

Pour lutter contre la propagation du GHB dans les soirées et dans les bars, un groupe d’étudiantes de l’université de Nantes travaille sur une paille qui détecterait la présence de drogues dans un verre.

De gauche à droite : Emma, Eloïse et Leïa, trois des étudiantes à l’origine du projet. Crédit : Ouest-France

« Au moment de me lever, je ressens des vertiges, des nausées, une perte de sensibilité du bas de mon visage. Puis trou noir. Un type s’approche et me prend par le bras pour m’emmener. Et là, je comprends, c’est évident, c’était lui et le GHB », peut-on lire sur la page du compte Instagram @balance_ton_bar_nantes. Alors que les témoignages prolifèrent sur les réseaux sociaux sous le hashtag #BalanceTonBar, un groupe de cinq jeunes femmes a imaginé une paille anti-drogue « pour aller en soirée l’esprit tranquille ».

Emma Mériau, Agathe Samson, Leïa Schwartz-Le Bar, Eloïse Tomeï et Roxane Viel, sont âgées d’une vingtaine d’années et étudiantes en troisième année de LEA (Lettres étrangères appliquées, section commerce international). C’est en septembre dernier que l’idée leur vient dans le cadre de leur cours d’entreprenariat.

Un objet pratique

Incolore et inodore, le GHB (de l’acide gammahydroxybutyrique, surnommé la drogue du violeur) est « un produit anesthésiant, détourné de son usage médical depuis une vingtaine d’années », explique Drogues.gouv. Cette drogue est devenue une véritable arme des prédateurs sexuels qui la déversent dans les verres à l’insu de leurs victimes. Parmi les mille personnes ayant répondu à un sondage qu’elles ont mené au début de leurs recherches, 55 % des répondants disent connaître de près ou de loin une personne qui aurait été droguée à son insu. Et 86 % des personnes interrogées déclarent être inquiètes qu’une telle situation puisse leur arriver.

Sondage mené au début des recherches par le groupe d’étudiantes. Infographie : Valentine Brevet

Ces étudiantes ont ainsi inventé une « paille dotée d’un arceau jaune clair qui l’entoure. Si une substance illicite est introduite dans le verre, l’arceau change de couleur et devient vert au contact du psychotrope », explique Léïa à Ouest-France. Bien qu’il existe des couvercles en silicone à mettre directement sur le gobelet, « la paille est pratique, car elle permet de voir en un seul coup d’œil si le verre est drogué ».

Fiabilité approuvée par les scientifiques

« Ce genre de choses est tout-à-fait faisable », confirme à BFMTV, Véronique Dumestre-Toulet, docteure en pharmacie à Bordeaux. « On peut facilement imaginer un système permettant de révéler la présence d’une substance grâce à un système simple d’immunochromatographie. C’est le même principe qui est déjà utilisé dans les tests de grossesse, les tests Covid ou encore de détection du VIH ».

S’il ne s’agit que d’un concept, elles ont contacté une chimiste qui a approuvé la fiabilité de leur projet et ont le soutien de leur corps enseignant. « Pour l’instant, nous sommes en phase de recherche avec des scientifiques, mais l’objectif, c’est de finir par une commercialisation de la paille fin 2022-début 2023 », confient-elles sur le plateau de la matinale de Télénantes.

Valentine Brevet