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Avec la pandémie, le monde du jeu de société a dû s’adapter
À nouveau réunis dans l’enceinte du Palais des festivals de Cannes pour le Festival International des jeux, les acteurs de la filière du jeu de société reprennent leurs activités après avoir dû trouver des alternatives ces deux dernières années.

C’est dans un Palais des festivals de Cannes grouillant de visiteurs, de pions multicolores, de plateaux en carton, ou d’enfants équipés de casquettes Pikachu, un personnage issu de l’univers Pokémon, que se sont réunis de nombreux exposants impliqués dans la conception des jeux de société fin février. Parmi eux, des créateurs, aussi appelés « auteurs » qui imaginent les jeux, leurs règles et créent les premiers prototypes. Étaient aussi présents des éditeurs chargés de concevoir les jeux physiquement, en choisissant les matériaux, en conseillant l’auteur sur les évolutions à apporter pour améliorer l’expérience de jeu ou en le mettant en relation avec un illustrateur. Etaient là aussi, en force, les distributeurs, ceux qui organisent la production, le transport et la distribution du produit.
« On a fonctionné avec un pitch vidéo préparé par les créateurs »
La pandémie aura eu des effets contrastés sur le monde du jeu de société. Sébastien Kihm, co-gérant de l’éditeur Catch up Games souligne que « les jeux à deux ont largement bénéficié de la crise, alors que les jeux de groupes et d’adultes ont énormément souffert ». Si les différents confinements ont laissé du temps à certains pour faire aboutir leurs projets et finaliser les prototypes, les éditeurs et distributeurs, eux, ont eu du mal à repérer les nouvelles créations, faute de salon comme celui de Cannes. Patrice Boulet, le CEO de Iello, éditeur et distributeur de jeux, explique : « On a fonctionné avec un pitch vidéo, préparé par les créateurs, et l’envoi du prototype dans un second temps de sélection ». S’il est encore trop tôt pour dire si la crise va entraîner l’essor d’un nouveau type de jeu, il y a « une grosse tendance sur les jeux solos » selon Patrice Boulet.
« Me poser devant la caméra pour répondre aux gens, c’est mon gros kiffe »
Il a aussi fallu trouver un moyen de rester connecté avec le public. De toutes nouvelles stratégies de communication se sont mises en place. Chez Iello, Patrice Boulet et ses équipes ont « monté un studio, presque de télévision, dans un garage ». Avec des émissions régulières sur les plateformes de « live » Twitch et Discord, l’entreprise a pu présenter ses nouveaux jeux et répondre en direct aux questions des joueurs. « Me poser devant la caméra pour répondre aux gens, c’est mon gros kiffe », souligne Patrice Boulet qui affirme que « la vidéo va perdurer pour sûr ». De son côté, Michael Galmiche, coordinateur commercial chez le distributeur Blackrock Games, maintient que « c’est un outil de plus qui restera, comme on s’est lancé dedans, mais ça ne remplacera pas les salons et les démonstrations en boutiques ». D’autres plateformes proposant des alternatives ont explosé pendant la pandémie, celles des jeux en ligne comme BGA (pour Board Game Arena) où, en échange d’un abonnement, une grande partie des jeux de plateaux sont jouables en ligne.