
Étiquettes
Dans les coulisses d’une école de cascadeurs
Un campus unique en France forme des jeunes à ce métier indispensable dans le monde du spectacle

En plein cœur du nord de la France, un campus atypique rompt avec l’ambiance paisible de la campagne. Ici, oubliez les amphithéâtres classiques de l’université qui sont remplacés par des salles de sport. Au « Campus Univers France », aucune matière académique pour les étudiants : pas de mathématiques ou de français, mais des cours de cascades tout au long de la semaine. Cette école pas comme les autres, forme chaque année 84 cascadeurs, venus pour découvrir et apprendre ce métier peu connu, souvent dans l’ombre des acteurs. Le programme est principalement tourné vers les cascades dites “physiques”, et non celles impliquant des véhicules ou des chevaux. Dans l’établissement, les jeunes sont aussi formés aux techniques de combat à mains nues et avec armes blanches, ainsi qu’aux chutes de hauteur et à l’art du déplacement.
“Le prérequis pour la formation c’est d’avoir une bonne condition physique”
Un programme physique exigeant, qui demande d’être bien préparé en amont, comme l’explique Lucas Dolfus, créateur et directeur de l’école : “La plupart de ceux que l’on recrute ont des notions d’arts martiaux, de gym, de trampoline, mais aussi des talents plus lambda dans le football ou le basket”. À voir les profils recherchés, la forme sportive reste le critère primordial. “Le prérequis pour la formation c’est d’avoir une bonne condition physique, mais on choisit nos étudiants surtout en fonction de leur motivation et de leur état d’esprit”, confie Lucas Dolfus. Si le directeur parle “d’étudiants”, les cascadeurs qu’il forme ont pour certains un cursus parallèle. La formation est intensive, mais pas permanente selon le fondateur : “Cette formule flexible permet de s’adapter aux profils de nos étudiants. Ils peuvent poursuivre leur parcours scolaire, étudiant ou professionnel tout en suivant la formation”.
Lorsqu’ils sont sur le campus, il est demandé aux jeunes une grande polyvalence pour apprendre les différents exercices. Florian Ricol, un étudiant de 26 ans explique : “Dans une même journée, on peut avoir du combat scénique, de la torche humaine, du câblage, mais aussi de la comédie. Il faut être complet et polyvalent pour travailler. C’est ça qui fait tout”. Dans ce domaine, la pratique est vivement encouragée, en témoignent les dix stages que les étudiants réalisent tout au long de leur formation de deux ans. “On a deux semaines de stage intensif tous les deux mois”, confie Florian Ricol. Des immersions sur de vrais projets regroupant des professionnels du secteur, grâce auxquels les étudiants peuvent s’exercer et observer les conditions réelles de travail des cascadeurs.
“Il n’y a quasiment plus aucun film d’action en France sans les cascadeurs du campus”
Les Gardiens de la Galaxie 3, Matrix 4, Black Widows, tous ces films ont un point commun, ils emploient des cascadeurs provenant de « Campus Univers France ». Une fois la formation terminée, la majorité des étudiants parvient à rejoindre des projets prestigieux. La plupart d’entre eux s’orientent vers le monde du cinéma et tournent dans des films internationaux. Ces projets prometteurs font la fierté du directeur Lucas Dolfus : “Dernièrement on a des élèves qui ont tourné dans John Wick avec Keanu Reeves, ou bien dans des séries actuelles comme Braqueurs ou Bronx”.
Si le cinéma est l’objectif principal des étudiants, des opportunités existent aussi dans le monde du spectacle et dans les parcs d’attractions notamment. L’école est en collaboration avec Disneyland Paris ou encore le parc Astérix : “Au total, on a plus d’une centaine de nos élèves qui travaillent dans ces parcs à l’année”, confie Lucas Dolfus. Dans leur cursus, les élèves ont la possibilité de se produire sur différents plateaux de tournage, et de décrocher un contrat après leur prestation. Qu’ils travaillent à l’étranger ou non après leurs deux années, les étudiants sont dans de grosses productions et pérennisent la renommée et le savoir-faire de l’école. “Le nom « campus » est connu par la profession dans le monde entier, les cascadeurs connaissent ce nom et c’est souvent une plus-value”, selon son directeur.
L’univers de la cascade reste difficile à intégrer, car il y a peu d’écoles, donc peu d’élus et au final peu de places à pourvoir dans les grandes productions. La valeur ajoutée du campus est la polyvalence de ses cascadeurs. Cette école française permet de faire rayonner le savoir-faire tricolore dans le domaine de la cascade, partout dans le monde du cinéma et du spectacle. Elle permet aussi de mettre en lumière un métier bien souvent dans l’ombre.
Autour du sport
Killian Chapus, Hannah Delaygue, Brieuc Leturmy-Perrocheau et Valentin Roux