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La nouvelle génération s’oppose à la fast-fashion


©Shutterstock

La jeunesse d’aujourd’hui se rebelle face à la nouvelle manière de produire les vêtements

La production à la chaîne, en masse, à des prix très bas et usant d’un grand nombre de ressources sont les caractéristiques de la fast-fashion. L’industrie de la mode utilise 4 % de l’eau potable dans le monde et pollue 20 % de l’eau industrielle . Elle utilise une grande quantité d’énergie et d’électricité. En plus de polluer durant la fabrication, les vêtements invendus ou jetés sont brûlés ou enfouis dans les décharges . Avec 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre , le secteur de la mode est la deuxième source de pollution à l’échelle mondiale.

En route vers une nouvelle consommation

Les jeunes sont très informés sur les effets néfastes pour l’environnement de la fast fashion. Grand nombre milite et revoit leur manière de consommer. Lou, une jeune étudiante, a changé ses habitudes depuis plus d’un an. Pour elle, acheter des vêtements au sein de grandes enseignes polluantes n’est plus envisageable ; « Il y a cette idée que participer à cette consommation régulière c’est aussi participer à la surexploitation des ressources de la terre ». Maxime aussi a, depuis 3 ans, changé sa manière de percevoir la mode « Quand j’ai su que le processus d’un vêtement, que ce soit la fabrication ou l’envoi, pollue énormément, j’ai définitivement arrêté de consommer de cette manière.» Leur solution est de moins consommer et d’acheter des vêtements de seconde main . Mais les jeunes attendent de nombreux efforts de la part des marques de vêtements, comme la production à base de matériaux écologiques. Ils espèrent une prise de conscience écologique de la part de cette industrie.

La fashion week attendu au tournant dans ses efforts écologiques

La fashion week printemps-été 2022 est enfin là ! Elle se déroulera à Paris du 28 février au 8 mars, où ses engagements environnementaux sont très attendus.

La Fédération de la haute couture et de la mode (FHCM) a pris certaines mesures pour réduire son impact écologique car une des industries les plus polluantes de la planète se fait taper sur les doigts . L’organisation lance deux outils « d’éco-conception » : le premier concerne l’organisation de l’événement, le second la réalisation des collections. Le communiqué de la fédération insiste sur la possibilité des maisons de haute couture à calculer en amont leurs modes de prestation (communication, défilés, etc.). L’objectif est de faire les meilleurs choix pour diminuer leurs impacts environnementaux tout en optimisant leurs impacts sociaux. Pour le second engagement, qui concerne principalement les collections, la FHCM précise qu’ « il s’agit d’un outil de pilotage qui offre une vision d’ensemble sur une saison à l’échelle d’une collection, à la fois sur le niveau d’engagement RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et sur la performance environnementale et sociale.» Pour l’instant, aucun compte-rendu n’a été publié par les maisons de luxe. Il reste encore à voir les preuves du bon fonctionnement et des conséquences du dispositif.

Plus besoin de se déplacer !

Le président de l’exécutif de la FHCM, Pascal Morand, a insisté lors d’une interview sur la digitalisation des événements. Le temps de la crise sanitaire, de nombreux défilés se sont tenus en « virtuel ». Plus besoin de se déplacer : les évènements se tenaient en visio-conférence, réduisant les déplacements des invités venus du monde entier. Malgré la réouverture en présentiel cette année, ce système est partiellement maintenu, évitant de nombreux vols d’avion ou de jets privés. Pour les moyens de transport sur place (véhicules officiels, navettes, etc.), ils privilégient des moyens écologiques et s’engagent sur le recyclage des déchets et autres matériaux utilisés pour la manifestation.

Quand l’industrie de la mode doit associer luxe et écologie

Selon le site L’insoumission , 94 % des Français considèrent que l’écologie est « un enjeu capital ». Conscientes de l’impact environnemental qu’inflige l’industrie de la mode, de nombreuses marques tentent de changer leurs habitudes.

Le 5 février 2022, RTL publiait un article à propos de l’abandon de la fourrure dans le secteur des marques de luxes. Moncler, Dolce & Gabbana, Prada, Kering ou encore Burberry ont en effet décidé d’arrêter l’utilisation de la fourrure animale dans leur production, au profit de matières synthétiques. Une étude indépendante (CE Delft Report, 2013) a en effet établi que les impacts environnementaux de la production de vraie fourrure sont invariablement plus lourds (jusqu’à 10 fois plus) que celles de la fausse fourrure et du textile non-animal. Notamment, l’élevage d’animaux dans des conditions intensives (80 % des élevages) engendre une quantité importante d’excréments qui contamine les cours d’eau environnants. De plus, les matières sont traitées avec des produits chimiques excessivement polluant afin de conserver la fourrure. Pour y remédier, les matières animales sont supplantées par des matières synthétiques. Entre nylon, acrylique et polyester, la plupart émanent du pétrole. Une alternative, qui elle aussi, à son lot d’inconvénients. Et ce, dès le lavage des vêtements. Ces derniers relâchent des fibres microplastiques dans l’eau si fines, qu’il est impossible de les éradiquer. Selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature, 1,5 million de tonnes de fibres seraient déverser chaque année dans les océans. Malgré ce constat déplorable, les matières synthétiques auraient un impact environnemental bien moins important que les matières animales. Anissa Putois, la directrice de communication de l’organisation People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) France, confirme cette analyse : « la fourrure animale est doublement polluante ».

Cette année, la PETA a récompensé les figures de la mode qui ont réalisé de grandes avancées au cours de ces 12 derniers mois. À la veille de la Paris Fashion Week, l’association a révélé les vainqueurs de son « Prix de la mode végane 2022 » pour rendre hommage à tous les pionniers du secteur qui innovent et s’engagent pour assurer un meilleur avenir aux animaux. Preuve qu’avec des efforts, « des maisons de luxe comme Gucci, aux marques de vêtements de sport décontractés comme Adidas, tous les acteurs de la mode font de grands pas vers l’avenir, sans matières animales, vers lequel avance le secteur tout entier », déclare Marie-Morgane Jeanneau, porte-parole de PETA France. Grâce aux initiatives comme celles-ci, les créateurs et les marques se hissent vers une mode plus écologique et plus consciencieuse.


L’équipe du projet EKOLO

Lucas Métairie, Roxane Volclair, Océane Boisseleau, Jeanne Bienvenu et Jade Sadmi