Pour le climat, le journalisme veut se réformer

Une charte destinée aux journalistes veut placer la crise climatique au cœur du métier, pour l’heure, 1 400 journalistes l’ont signée.

Deux journalistes sur un incendie © JOSSELIN CLAIR / COURRIER DE l’OUEST / MAXPPP

« Face à l’urgence (écologique) absolue de la situation, nous, journalistes, devons modifier notre façon de travailler pour intégrer pleinement cet enjeu dans le traitement de l’information ». Ce souhait a motivé la création, il y a quelques mois, de « La Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ». Ce guide en treize points, détaille les modes d’action que les journalistes devraient utiliser afin de questionner leur travail.

« Faire bouger les lignes » est le maître-mot du groupe de journaliste qui a lancé le projet, en mars dernier. Une fois abouti, le texte a circulé discrètement dans les rédactions jusqu’à début septembre où il a été publié sur internet. Aujourd’hui, la liste des signatures de journalistes en compte plus de mille. Médiapart, France24, Radio Nova ou encore 20 minutes font partie des dizaines de rédactions qui l’ont signé. Parmi les autres participants, des syndicats et des écoles de journalisme.

La charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique

Entre autres choses, la charte sensibilise à un meilleur traitement médiatique du climat et du vivant. Demander aux journalistes d’acquérir des comportements plus responsables fait inévitablement partie des points retenus. Autre bataille : l’environnement souvent limité à une rubrique. Selon la charte, ce sujet devrait prendre une place plus conséquente dans les productions.

« C’était plus qu’une urgence » 

« Les médias traditionnels encadrent et transmettent les informations sur le changement climatique. Ils jouent un rôle crucial dans la perception qu’en a le public, sa compréhension et sa volonté d’agir ». Ce constat établi dans le 6ème rapport du GIEC de 2022, légitime l’existence de la charte.  « Un Français sur deux estime que les médias n’accordent pas assez de place aux questions posées par le changement climatique et l’environnement et que le sujet est mal traité », constate le média Blast. L’engagement de la profession n’est donc pas anodin et plusieurs experts scientifiques et personnalités publiques le soutiennent.

Dans une ère de fausses informations, de solutions trompeuses et de greenwashing, cette charte gagne facilement du terrain chez les professionnels. « Même si la cause climatique était mieux traitée dans les médias ces dernières années, c’était plus qu’une urgence d’avoir une charte », explique Nicolas Certes, signataire du texte. Il est datajournaliste au Groupe Centre France et écrit pour le journal La Montagne. « Je me retrouve dans les différents points. Il y a une nécessité de pédagogie sur la crise environnementale au sein de notre profession comme dans beaucoup d’autres », commente le journaliste qui précise ne pas être spécialisé dans les sujets écologiques. Pour lui et beaucoup de ses confrères, cet engament doit maintenant se traduire par des actes.

Maxime Conchon