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N’est-il pas un peu tard pour boycotter la Coupe du monde 2022 ?
L’aberration écologique et sociale de cette compétition était connue de tous, mais certains commencent à s’en offusquer à 1 mois du coup d’envoi
La coupe du monde 2022 au Qatar suscite les polémiques avec les premières annonces de boycott qui sont apparues en ce début septembre. Pourtant, la plus grande instance du football international, la FIFA, avait attribué la compétition à l’émirat fin 2010. Les médias, les personnalités politiques ou encore les citoyens lambdas ont eu le temps d’être les spectateurs, les complices peut-être, de cette catastrophe sociale que représente le Mondial 2022. Depuis le début des chantiers, ce n’est pas moins de 6500 travailleurs migrants qui sont décédés, selon une enquête du quotidien britannique The Guardian. Ce décompte est certainement plus élevé, car certains pays comme le Kenya ou les Philippines n’ont pas communiqué leurs chiffres, et ils sont parmi les plus grands pourvoyeurs de travailleurs au Qatar. Malgré tout, le pays du golfe se félicite pour le travail considérable et impeccable qu’il pense avoir accompli pour accueillir la Coupe du monde. Les Qataris, dans un communiqué officiel, affirment constater seulement 37 décès de migrants liés à la construction des stades.

« Il est trop tard pour prendre en otage le spectateur »
Les instances sportives et politiques avaient la possibilité de réagir plus tôt pour faire évoluer les choses à Doha. Étant informée de la mort de milliers d’ouvriers et de dégâts environnementaux colossaux, la FIFA avait les cartes en main pour convaincre les différentes fédérations. Un élément qui l’a peut-être influencée, le montant des sommes en jeu. Selon le cabinet Deloitte, l’organisation du Mondial 2022 va coûter 156 milliards au Qatar, c’est un record pour une compétition sportive. Certaines organisations non gouvernementales ont lancé des pétitions, mais trop tard pour être influentes. Par exemple, celle d’Amnesty International, intitulée « Qatar 2022, les droits humains ne doivent pas être hors-jeu ! », a été signée par 48 000 personnes. Aujourd’hui, bon nombre de personnes crient et incitent au boycott, mais depuis des années tout le monde savait qu’il y avait des désastres sociaux : « En choisissant le Qatar, on savait à qui on donnait la coupe du monde, on savait ce qu’il se passait […] C’est trop tard pour boycotter la compétition, il est trop tard pour prendre en otage le spectateur », déclare l’acteur Roschdy Zem. Maintenant que la Coupe du monde au Qatar est entérinée, l’émirat réfute les accusations sur le fond et préfère dénoncer des préjugés et des jalousies régionales, pour justifier ces menaces de boycott.
Valentin Roux