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Octobre rose, donner pour mieux soigner
Depuis 1994, le mois d’octobre est dédié à la prévention contre le cancer du sein. À l’occasion de cette 28ᵉ campagne, les entreprises sont au rendez-vous pour récolter un maximum de dons.

12 100 : c’est le nombre de décès dus au cancer du sein en 2018 (ONCORIF). Un chiffre en baisse depuis les années 1990, mais encore trop important. Octobre rose est l’occasion depuis 1994 de sensibiliser la population à cette maladie et de récolter des dons pour la recherche et pour améliorer la qualité de vie des personnes malades. Pour donner, faut-il encore connaître la pathologie. Le premier cancer chez la femme, c’est le cancer du sein. Pour 58 500 nouveaux cas en 2018, 60 % sont détectés à un stade précoce et 80 % de ces tumeurs se développent après 50 ans. Des recherches, financées en partie par les dons, estiment que près de 20 000 cancers du sein pourraient être évités chaque année. Certains conseils, comme arrêter de fumer, diminuer sa consommation d’alcool, surveiller son poids, bouger et manger varié et équilibré, sont donnés par les médecins pour tenter de limiter l’apparition de la maladie. Il y a plusieurs réflexes à prendre afin d’éviter la découverte du cancer à un stade avancé : apprendre les techniques de palpation et consulter un médecin en cas de changements, réaliser des examens cliniques tous les ans à partir de 25 ans, etc. La prévention est par conséquent primordiale pour inciter les femmes, mais aussi les hommes, à se faire dépister.
Les entreprises au rendez-vous
La communication n’est pas le seul objectif d’Octobre rose ; la récolte de dons est essentielle. De nombreuses entreprises participent à cette campagne et ne sont pas sans créativité pour récolter le maximum d’argent : évènements, produits dérivés, marches… Les bénéfices obtenus sont destinés aux associations existantes. Les marques participantes se distinguent grâce au ruban rose, symbole du mouvement. L’association Ruban Rose, créée en 1994 par Estée Lauder Companies France et le magazine Marie Claire, est financée, majoritairement, par le mécénat d’entreprise. Super U, Decathlon, Tupperware ou encore Les Galeries Lafayette font partie des milliers d’entreprises qui s’engagent pour la cause, à travers l’appel aux dons et la sensibilisation. Ainsi, en 2021, l’association “Toujours femme” a récupéré 22 000 euros grâce à ces entreprises, sans oublier la générosité du grand public et des initiatives locales.
“On ne se sent plus femme”
Certaines associations font le choix de consacrer l’argent récolté au bien-être et à l’accompagnement psychologique. Annick a appris à ses 60 ans, lors sa mammographie bisannuelle, qu’elle avait un cancer du sein. Lors de ses aller-retours à l’hôpital pour ses chimiothérapies, elle a un jour bénéficié d’un massage et d’une manucure : “Ça nous fait un bien fou, avec l’impact des chimios sur notre corps, on ne se sent plus femme”. La maladie et les traitements affaiblissent le système immunitaire et de nombreuses femmes se voient perdre leurs cheveux, leurs sourcils et doivent parfois subir une ablation des seins. Des changements physiques difficiles à accepter et pesants, surtout lorsqu’elles sont confrontées au regard des autres. Certains dons recueillis sont alors utilisés pour financer des perruques, des tatouages réparateurs ou d’autres projets afin d’accompagner les personnes malades, pendant la maladie et durant la rémission. Julie, retraitée depuis deux ans, a subi une mastectomie, une opération qui amène à l’enlèvement partiel ou total d’un sein : “Je ne pouvais plus me voir dans le miroir, je ne voyais que ma cicatrice”. Elle a fait appel à un tatoueur pour lui recouvrir la poitrine : “Je me suis réappropriée mon corps et je peux enfin dire que j’ai vaincu le cancer du sein”.
Ces dons sont également destinés aux centres de recherche. L’institut Curie fait partie des premiers centres en France et en Europe à prendre en charge les patients et à se consacrer à la recherche pour combattre le cancer du sein. Ses dernières études portent sur l’importance du système immunitaire. Des études prometteuses, d’après les chercheurs, sur le plan de l’amélioration des soins de la maladie et sur la réduction des risques de récidive. En effet, les traitements n’éradiquent pas définitivement la maladie et les rechutes ne sont pas rares. Selon la docteure Anne Vincent-Slomon, cheffe du pôle de Médecine diagnostique et théranostique, “Les récidives touchent 15 à 20 % des femmes atteintes de cancers du sein”. L’année dernière, l’association La Ligue contre le cancer a versé à la recherche plus de 41 millions d’euros de dons provenant, cette fois, de la générosité du grand public.
Jeanne BIENVENU