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Traverser l’Atlantique sur du lin
« Je prouve que le lin de Normandie peut résister aux assauts de l’Atlantique ». Roland Jourdain tente de relevé le défi de faire la Route du Rhume sur un bateau conçu à 50 % en fibre végétale.

La semaine dernière, Roland Jourdin dit « Bilou », a quitté le port de Saint-Malo à bord de son We Explore. « C’est un bateau un peu plus lourd que les autres en raison de sa composition. Je ne vise pas la performance cette fois. Je veux surtout arriver en Guadeloupe sans problème pour prouver qu’il est possible de faire des bateaux résistant et viable tout en respectant l’environnement » commente le marin en direct sur France 3 depuis son bateau.
La technologie au service de l’environnement
À l’œil nu, rien ne distingue We Explore d’autres grands multicoques. La singularité du voilier se trouve au cœur de sa structure. Fabriqué à La Grande-Motte par le chantier Outremer, We Explore ressemble comme une goutte d’eau à l’Outremer 5X. Les moules pour former les coques sont identiques, mais son modèle est à part. Il intègre 50 % de fibres de lin dans sa construction. C’est la première fois qu’un multicoque de cette taille – 18,28m – intègre autant de biomatériaux. Avec la livraison du pont, plus grande pièce jamais réalisée en fibre de lin, c’est « un verrou technologique qui a été levé » souligne Xavier Desmaret, Directeur du chantier Outremer.
Cela fait une douzaine d’années que Roland et son équipe travaillent sur ce projet. Si la voile semble être un sport respectueux de l’environnement qui n’utilise pas de carburant, mais le vent comme force de traction, la conception des supports peut, elle, être très polluante. Les derniers vaisseaux notamment sont en majorité fabriqués en fibre de carbone ou en fibre de verre pour produire des navires plus léger. Les procédés chimiques et les traitements thermiques pour créer ces matières consomment énormément d’énergie et leur recyclage n’est pas encore très développé.
L’expérience prime sur le matériel
Le modèle Outremer 5X, initialement destiné à la croisière, a été modifié et allégé pour une orientation vers la course au large et la navigation en solitaire. « Ce n’est pas forcément le bateau le plus performant, c’est sûr, mais il n’a pas à rougir » explique Bilou, peu de temps après le départ. Et pourtant, il est, pour le moment, premier de sa catégorie, les Rhum Multi. Il n’est pas à son premier coup d’essai. Le Quimpérois a déjà remporté deux fois consécutives la Route du Rhum, en 2006 et en 2010. Même si son « champ de lin », comme il l’aime l’appelé, n’est qu’un prototype, « c’est avant tout l’expérience du marin qui détermine l’issue de la course » rappelle-t-il. Le marin se trouve actuellement au milieu de l’Atlantique. Alors que Charles Caudrelier a remporté la régate en un temps record, en six jours et dix-neuf heures, Roland Jourdain a mis 16 jours et 17h en se hissant à la seconde place sur le podium, derrière Loïc Escoffier.
Mathilde Giannini Beillon