décembre 04

Une exposition qui met à l’honneur des femmes photographes de guerre  

Le Musée de la Libération de Paris expose “Femmes photographes de guerre” pour mettre en avant l’œuvre de femmes qui ont couvert 75 ans de conflits internationaux. L’exposition est disponible jusqu’au 31 décembre 2022. 

Une femme palestinienne défend sa maison à Beyrouth-Ouest, Liban, 1982, Christine Spengler 

À la fois impressionnant et envoûtant, le Musée de la Libération de Paris est un lieu pétri d’histoire et de solennité. Une fois passé le portique, après avoir gravi quelques marches, une porte. Ouverte. C’est là, saisissantes, que sautent au visage les photographies de huit femmes. Huit femmes qui, si différentes soient-elles, ont su saisir l’instant de la guerre, le moment du conflit, la violence à son apogée. 

En déambulant à travers cette salle labyrinthique, c’est une énergie sombre qui accompagne le visiteur. L’éclairage, tamisé, enveloppe des photos très noires. Des photos de guerre, de détresse, de mort et de sang. Chacune des femmes exposées montre à sa manière l’horreur de moments de l’Histoire, de la Seconde Guerre mondiale, en passant par la guerre du Vietnam, jusqu’à la guerre en Lybie.  

“Je n’arrive pas à voir la différence entre le regard d’un homme et d’une femme” 

Les huit personnes présentées sont exclusivement des femmes. Lee Miller (1907-1977), Gerda Taro (1910-1937), Catherine Leroy (1944-2006), Christine Spengler (née en 1945), Françoise Demulder (1947-2008), Susan Meiselas (née en 1948), Carolyn Cole (née en 1961) et Anja Niedringhaus (1965-2014). 

Balkis et Manu, deux jeunes adultes, sont venus voir l’exposition. L’un après avoir vu l’affiche dans le métro, l’autre convaincue par des amis qui lui en ont parlé. “Dans l’ensemble, c’est une super expo”, affirme Balkis. Dans un monde qui évolue en essayant de mettre de plus en plus les femmes dans la lumière, pour atteindre une égalité entre les genres, le choix de l’angle de l’exposition questionne les visiteurs. Pourquoi ne pas avoir également exposé des photos réalisées par des hommes ? “Je n’arrive pas à voir la différence entre le regard d’un homme et d’une femme”, explique Manu. 

Le Musée de la Libération de Paris justifie son choix par une explication éclairante ; “Si la photographie est une profession dominée par les hommes, de nombreuses femmes photographes ont cependant travaillé dans les zones de guerres […] (l’exposition) interroge la spécificité du regard féminin sur la guerre, bouscule certains stéréotypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses d’images que témoins de l’atroce.” Et cela se confirme avec le couple formé par Robert Capa et Gerda Taro. Pendant longtemps, certaines photos de Gerda Taro étaient diffusées sous le nom de son conjoint, remisant alors totalement dans l’ombre le travail de la photographe. 

Le plus important de cette exposition n’est pas la question du genre, mais la puissance qui se dégage des clichés. Chacun est fort, et dépeint à sa manière un passé douloureux, qui ne doit pas être oublié.  

Roxane Volclair 

  • Note : L’exposition se tient au musée de la Libération de Paris, 4 Av. du Colonel Henri Rol-Tanguy, 75014 Paris, du mardi 8 mars 2022 au samedi 31 décembre. Ouvert du mardi au dimanche. Tarif plein 8 euros, tarif réduit 6 euros.