Racisme à Buckingham : Une nouvelle polémique au pire moment pour la famille royale

Les propos envers une militante antiraciste noire tenus par une proche d’Elizabeth II plongent la royauté britannique dans une nouvelle polémique raciste au pire moment pour la famille royale, qui tente de moderniser son image.

À gauche Susan Hussey (crédit : 	Max Mumby/GUETTY) et Ngozi Fulani (crédit : Andre Rhoden-Paul/BBC) à droite (montage : Baptiste Bozon)

À gauche Susan Hussey (crédit : Max Mumby/GUETTY) et Ngozi Fulani (crédit : Andre Rhoden-Paul/BBC) à droite (montage : Baptiste Bozon)

« D’où venez-vous en Afrique ? », « D’où venez-vous vraiment ? D’où est-ce que les gens comme vous viennent ? » : Ces questions ont été posées mardi soir à Ngozi Fulani, présidente d’une association de soutien aux victimes noires de violences domestiques, par Susan Hussey, 83 ans, amie proche de la défunte reine Elizabeth II. Quelques heures plus tard, le palais dénonce des « commentaires inacceptables » et annonce la démission de Mme Hussey, dame de compagnie de la reine pendant plus de 60 ans et marraine du prince William. « Elle essayait de me faire vraiment remettre en question ma citoyenneté britannique », déclare jeudi sur la BBC Mme Fulani. L’incident « dépasse une seule personne. Il s’agit de racisme institutionnel », estime-t-elle aussi dans le journal The Independent.

L’affaire fait la Une de tous les journaux britanniques qui soulignent que ce nouvel incident raciste à Buckingham arrive au pire moment pour une famille royale qui tente d’afficher une image plus jeune, moderne et inclusive.

Formations antiracistes

Plutôt que de se débarrasser de personnes âgées devenues gênantes, Mme Fulani appelle Buckingham à mettre en place des formations antiracistes, affirmant que son association est prête à en dispenser à la famille royale. D’autant plus qu’elle forme déjà la police londonienne. « C’est précisément ces formations qui ont fait qu’on a été invités » à Buckingham en premier lieu, explique Mme Fulani en soulignant « l’ironie » de la situation. Dans son tweet, elle raconte que « Lady Susan Hussey » lui a d’abord « déplacé les cheveux pour voir le nom sur (son) badge » avant de lui demander d’où elle venait « vraiment ». Qualifiant l’échange de « vraiment choquant », la députée travailliste Diane Abbott – première femme noire à siéger à la Chambre des Communes – a tout de même noté les « progrès » de la famille royale en matière de racisme. Il y a dix ans, « certains auraient dit qu’elle était trop sensible et auraient juste balayé » les accusations, selon elle. Le palais a également publié pour la première fois l’année dernière des données sur la représentation ethnique de son personnel, reconnaissant avoir des progrès à faire.

Baptiste Bozon