La jeunesse à l’œuvre pour protéger la prairie de la Brague

À Antibes, les élèves du lycée général agricole Vert d’Azur ont pris les outils dans le cadre d’une rencontre avec les membres du CEN PACA / photo : Aurélian Marre

Une petite trentaine d’élèves du lycée Vert d’Azur était présent afin de lutter pour la conservation de la zone alluviale de la Brague. Du BAC général aux BAC STAV (Sciences et Technologies, Agronomie et Vivant), la volonté d’agir concrètement pour l’environnement se ressentait dans les attitudes. Une jeunesse qui a été encadrée par des professionnels.

Tous les vendredis après-midi, les lycéens volontaires du campus Vert d’Azur vont à la découverte d’un métier dans le cadre de leur option « pratique professionnelle » au baccalauréat. Le lien était tout trouvé pour cette collaboration avec l’association du CEN PACA (Conservatoire d’espaces naturels en PACA), créée en 1975. Dans le cadre de leur option AET (Agronomie, Ecologie, Territoire), les élèves se sont rendus sur le terrain pour comprendre les enjeux que représentent la conservation et la protection de la dernière « prairie humide » des Alpes-Maritimes. Comprendre, mais aussi devenir acteur pour l’environnement : c’était l’objectif pour ces élèves qui ont débroussaillé et aménagé le sol de la prairie de la Brague pendant plus de deux heures.

Deux enjeux principaux

Depuis les années 70, et la considérable expansion des zones urbanisés à Antibes, la Prairie ne cesse de perdre du terrain. « D’environ 50 hectares, elle n’en représente désormais que 3 » déplore Alain Bourgon, conservateur bénévole de la Prairie de la Brague pour le CEN. Une réduction drastique de la superficie qui peut devenir dangereux pour les habitants du bassin antibois. La praire, identifiée comme « zone d’expansion des crues », joue un rôle « d’éponge » lors d’inondations, en absorbant le surplus d’eau venant de l’amont de la rivière de la Brague. Le CEN PACA explique que « les inventaires actuels mettent en évidence une chute majeure de la biodiversité » L’arrachage manuel de jeunes pousses d’arbres est nécessaire pour entretenir la fonction naturelle de bassin de rétention du site. Dans ce cadre de préservation, la zone a d’ailleurs été acquise depuis octobre 2012 par la ville d’Antibes en copropriété avec le CEN PACA. En plus de contribuer à limiter le risque de crues, les lycéens munis de leurs bêches et piolets ont aussi contribué à protéger la faune présente, « en nette diminution et en voie de disparition », selon Alain Bourgon. La vallée des Horts, située dans la prairie, abrite par exemple des faisans et hérons pourprées. Son aménagement permet à ces espèces de survive dans leur milieu naturel.

Chaque partie est gagnante

La collaboration entre la ville d’Antibes, le CEN, et le lycée Vert d’azur profite d’abord et surtout à l’environnement. Mais elle offre aussi de la visibilité au Conservatoire d’espaces naturels, dont aucun des lycées interrogés ne connaissait l’existence avant cette initiative en pleine nature. Sylvie Soave, professeure d’agronomie au lycée Vert d’Azur, explique : « On a des jeunes qui vont rencontrer des acteurs de l’environnement dans une démarche de journaliste et de questionnement comme un philosophe ». Avant d’ajouter « On a développé une web TV et web radio pour aider les élèves à se questionner dans l’optique de passer une épreuve du bac sur une question socialement vive. Ces initiatives permettent aux élèves de pratiquer quelque chose de concret à un but pédagogique ». Yann Lavezac, salarié à la mairie d’Antibes estime que « la ville à tout à gagner », pour lui qui s’occupe aussi de l’Espace mer et littoral de la commune. Ugo Schumpp, le chargé de mission botaniste et directeur de cette initiative, confiait qu’un accueil prochain du public était « envisageable » En attendant le grand public, c’est la jeunesse qui a été sensibilisée aux enjeux environnementaux à l’échelle locale.

Aurélian Marre