Le surpoids des jeunes augmente en France, la région Paca n’est pas épargnée : on vous explique la tendance

Une étude d’Obépi-Roche financée par le ministère des Sports révèle une sédentarisation des jeunes et la baisse de leur condition physique. Une tendance qui peut expliquer la hausse du surpoids en France. Alexandra Benkel, nutritionniste à Cannes, explique les raisons de ce phénomène qui touche plus durement la région Paca.

Le surpoids affecte de plus en plus d’enfants en France. L’obésité infantile enregistre une hausse de 15 à 17% sur l’année 2022. (Crédit photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

Hausse du taux d’obésité chez les enfants, augmentation des cas de diabète… En 2021, une étude d’Obépi-Roche dressait déjà des constats alarmants sur la santé des jeunes français. Une nouvelle enquête de l’organisme, dont les résultats ont été révélés dans les colonnes du Parisien, révèle un nouveau phénomène de sédentarisation, et donc une baisse de la condition physique des enfants. Phénomène qui explique en partie le nombre grandissant d’enfants concernés par le surpoids en France et notamment en région Paca.

Une hausse de 15 à 17% de l’obésité infantile en 2022

Selon les données de la récente enquête, la France enregistre une augmentation de 15 à 17 % de l’obésité infantile par rapport à l’année 2021. L’étude estime que chaque année, le taux d’adolescents âgés entre 16 et 18 ans touchés par le diabète de type 2, progresse de deux points.

Pour Alexandra Benkel, nutritionniste à Cannes-la-Bocca, le surpoids des jeunes résulte des mauvaises habitudes alimentaires : «L’alimentation en dehors des repas explique en partie cette tendance. Donner un fruit à un enfant en dehors des repas peut lui faire prendre du poids. On sous-estime l’impact du sucre pur sur la santé. Il faudrait par exemple privilégier des gouters mixtes avec des sucres lents».

La nutritionniste déplore le manque de connaissance des enfants mais aussi des parents, qui ont une part de responsabilités. Pour elle, il faut adopter une association rigoureuse des aliments pour être en bonne santé : « Une barre de chocolat consommée seule n’aura pas la même incidence sur le poids que consommée avec d’autres aliments. Associée à un aliment équilibré, une nourriture sucrée peut voir son indice glycémique diminué par absorption et donc réduire le risque de prise de poids ».

Si l’enfant est en bas âge, la responsabilité parentale peut être mise en cause, les adolescents ont aussi à se montrer plus vigilant. Comme le montre l’étude, ce sont les jeunes âgés de 16 à 18 qui sont le plus touchés par le surpoids.

La région Paca encore plus touchée

Une étude de l’ARS PACA corrobore les propos de la nutritionniste. Tout comme à l’échelle nationale, la région Paca a vu la prévalence de l’obésité augmenter au cours des dernières décennies. Dans la région, entre 2017 et 2020, 1 enfant de 3-4 ans sur 10 est en surcharge pondérale, notamment les petites filles.

Selon les données du Centre spécialisé de l’obésité PACA EST(CSO), environ 15% des enfants et adolescents vivant en Paca sont en surpoids et 3,5% d’entre eux sont obèses.

La pauvreté, facteur déterminant de l’obésité

Pourtant, Alexandra Benkel explique avant tout le surpoids des jeunes par la pauvreté : « La pauvreté est un facteur déterminant. C’est moins cher d’acheter un paquet de chips que des légumes. Un repas déséquilibré est plus soutenable pour les familles pauvres qu’un repas équilibré. Ce phénomène de malbouffe est associé aux salaires des parents, qui font en fonction de ce qu’ils ont dans leurs poches ».

Dans l’enquête de mai 2022, une très grande disparité de situations selon les localisations géographiques est constatée. Il ressort que si, seuls 1,1% des enfants issus du quintile le plus favorisé sont obèses, les enfants du quintile le plus désavantagé le sont 4 fois plus.

La Paca est encore plus concernée. Le taux de pauvreté en Paca est de plus de 2 points supérieurs (17.5%) à celui de la France métropolitaine (14.7%) et ce sont les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse qui sont les plus touchés, quelle que soit la tranche d’âge.

Les Alpes-Maritimes n’échappent pas au phénomène. Alexandra Benkel le constate elle-même par expérience à l’échelle de Cannes : « A Cannes-La-Bocca, la majorité des familles sont en situation de précarité et je constate que beaucoup d’enfants sont en surpoids. J’en reçois en consultation. Il y a une corrélation énorme entre le salaire des parents et le surpoids des enfants ».

Un lien de causalité clairement pointé par l’Ameli dans son guide de prévention de novembre 2022. D’après ses données, les disparités sociales sont particulièrement nettes. Dès la grande section de maternelle, les enfants d’ouvriers sont 4 fois plus touchés par l’obésité que les enfants de cadres.

Dans les Bouches du Rhône, les communes les plus pauvres sont ainsi les plus touchées. Vitrolles, Port-de-Bouc ou encore les quartiers Nord de Marseille, où près de 5% des enfants sont obèses et 19% en surpoids, contre 3,3% et 13,5% à l’échelle de la ville, elle-même fortement touchée à l’échelle du département.

Le surpoids infantile ne recule pas en France comme en Paca. Le manque d’activité physique et sportive dû à la sédentarisation des jeunes n’en est pas seule la cause. Le manque d’information, de prévention et la pauvreté de certains ménages français ont aussi une incidence.

A la suite des résultats de l’enquête d’Obépi-Roche, le gouvernement a annoncé l’instauration dans toutes les écoles françaises, de 30 minutes d’activité sportive obligatoire. Une bien maigre tentative pour contrer le surpoids des jeunes en France?

Rémi Capra-Brocard