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A Cannes la Bocca, les riverains sont inquiets et résignés face au projet de la SNCF
Mardi soir, le syndicat d’initiative et de défense de Cannes la Bocca (SID) se réunissait avec les habitants pour parler notamment du projet Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA). Les conséquences des travaux inquiète.

« Je suis venu m’informer de l’avancé du projet de la SNCF et je ne cache pas que je suis très inquiet des futures nuisances liées aux travaux. » Roger est l’un des habitant venu à la réunion organisée hier soir par le SID. Comme d’autres, il habite en bordure des futurs travaux du grand projet Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur. Rudy sait que les rails vont se rapprocher de sa résidence en bord de mer, il craint aussi les travaux : « on nous a dit que les travaux allaient durer deux ou trois, mais c’est plutôt parti pour durer cinq ans avec des nuisances sonores, visuelles, et un changement de notre environnement. Il y a ce que la SNCF nous dit, et la réalité. » Anabelle ne comprend tout simplement pas l’utilité du projet : « je ne suis pas experte, mais je ne comprends pas pourquoi on rajoute une troisième voie uniquement sur une centaine de mettre. Je ne vois pas comment ça peut résoudre les problèmes de trafic. » Assise à côté d’elle, Marie ajoute : « j’ai l’impression qu’on a beau discuter et faire remonter nos craintes, la SNCF n’en a rien à faire. De toute façon c’est trop tard, le projet a été validé, je suis un peu désespérée ».
Cinq années de perturbations
La dernière concertation publique s’est achevée en décembre dernier. À présent le projet rentre dans sa phase d’étude du terrain.
Dans le quartier de La Bocca, les travaux porteront sur la bifurcation Cannes-Grasse. C’est aujourd’hui l’une des principales causes de retards selon le dossier de concertation publié par la SNCF. Pour y remédier et fluidifier le trafic, le projet prévoit notamment la création d’une nouvelle voie ferrée au nord des deux voies existantes. Elle se situera entre le vallon du Devens et le boulevard Leader, sur 1 000 mètres, dont une section sera enterrée en tranchée couverte sur 500 mètres. Cette voie, « dénivelée » en tunnel, passera sous la ligne Cannes-Grasse. Cela implique la destruction de la gare de Cannes-la-Bocca, qui va être « déplacée » un kilomètre plus loin à la gare de marchandises. Du côté de la gare du Bosquet, un dédoublement des voies est prévu. Pendant les cinq années de travaux, de gros ralentissements et des interruptions sont à prévoir. Ludivine, usagère quotidienne, est désespérée : « cela va m’impacter pour mon travail, j’ai choisi le quartier pour ses deux petites gares [La Bocca et Le Bosquet, ndlr]. La gare de marchandises est plus loin, je vais perdre beaucoup de temps.«


« Des GTI, Grands Travaux Inutiles »
Pour répondre aux questions sur projet de la SNCF, le syndicat SID peut compter sur Jean-Pierre Lorgnet, un passionné du rail qui suit de très près le dossier pour le syndicat. « Le projet n’est pas illégitime, mais incompréhensible spécifiquement sur la bifurcation Cannes-Grasse. C’est ce que j’appelle des GTI, Grands Travaux Inutiles. On avait proposé à SNCF Réseau un projet alternatif qui prévoyait de créer un pôle multimodal pour la gare de la Bocca, mais on ne nous a pas entendu. » Plus généralement, M. Lorgnet reproche à la SNCF de ne pas moderniser ses outils de gestion du trafic.
Ce qui exaspère autant le syndicat que les habitants c’est le coût des travaux. « En 2019 c’était 93 millions d’euros, puis on est passé à 113 millions avec notamment les efforts pour réduire les nuisances. Mais maintenant on craint un coût qui peut monter jusqu’à 150 millions, voire 180 millions au total en 2027. L’Etat paiera. »

Tout n’est pas à jeter dans le projet. Pour le président du syndicat citoyen Laïd Bouzetit, le projet global reste intéressant. Il permettra « une meilleure cadence, plus de trains, et moins de retards. C’est une bonne chose pour la Bocca, surtout l’aménagement des 23 hectares du site de marchandise plus à l’ouest pour en faire une gare TER. Mais il est déçu que le projet affecte le patrimoine du quartier : « supprimer [la gare de la Bocca], c’est supprimer son histoire. Elle est utile et fait partie du paysage depuis longtemps. Je ne vois pas pourquoi on la supprimerait alors qu’elle sert aux habitants du coin, du boulevard Picaud à l’avenue Francis Tonner. » La mise en service de la station de La Bocca date de 1886.