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Football amateur: «Les éducateurs et les parents se prennent pour Didier Deschamps»
Malgré la dimension amateure de la discipline, les comportements anti sportifs se multiplient dans le football régional. Des formations dispensées par la FFF tentent de sensibiliser au mieux les éducateurs jeunesse.
Violence verbale, physique, atteinte morale aux arbitres et pression sur les enfants, le football est le mauvais élève des questions de fair play. Plus que de simples «faits de jeu», les incidents en bord de terrain appartiennent maintenant à un «phénomène social» selon Edouard Delamotte, président du district cote d’azur. Selon lui les parents ont tendance à transférer leur frustration: «ils ont le rêve irrationnel que leur enfant deviendra le prochain Mbappe». De grands espoirs qui ternissent les moments de plaisir des jeunes parfois âgés de seulement 6 ans et constamment partagés entre les directives de leurs parents et de leur coach. Et même quand les «papas» jouent aux éducateurs, ils n’en n’ont au final que l’apparât : «les parents qui coachent manquent de pédagogie et ça ne s’invente pas» insiste le président du district avant d’ajouter «que rien ne détermine la carrière d’un enfant entre les catégories U6-U13».
«Roué de coup»
S’ajoute à ça la méconnaissance des règles du sport qui entraînent des réactions disproportionnées en tribunes: hurler à la faute quand rien ne la justifie, insulter l’arbitre, humilier les joueurs en manque de réussite… Des incivilités qui poursuivent leur route au bord du terrain. Jugé mercredi 8 fevrier, l’entraineur de l’USRVN (Saint Roch Vieux Nice) était entré sur la pelouse et avait agressé l’arbitre finalement roué de coups par les jeunes de l’équipe. Un cas loin d’être isolé dans la région azuréenne. Il y a deux ans, un joueur de 17 ans qui n’a pas supporté d’être sorti du terrain, a sprinté pour donner un violent coup de pied à l’arbitre. Finalement arrêté pendant 21 jours, l’arbitre souffrait d’une fracture du cubitus et du poignet.
Plusieurs centaines de formations par an
Pour tenter d’endiguer ces violences l’institut régional de formation de la FFF, propose de nombreuses formations aux licenciés des clubs. Plusieurs modules abordent les thèmes complémentaires au football: techniques associées à la pratique elle même, gestion de crise, fair play… Au total, plusieurs centaines de formations ont lieu chaque année sur la côte d’azur et permettent d’obtenir des certificat du CFF1 (certificat fédéral de football niveau 1) au diplôme d’entraîneur de haut niveau. Tous les éducateurs ne se plient pas à l’exercice, mais pour Edouard Delamotte les bénéfices sont indéniables: «Chez les encadrants les plus formés on remarque des erreurs beaucoup moins fréquentes et d’une moindre ampleur». Une part contrastée par «beaucoup d’éducateurs qui se prennent pour Didier Deschamps alors qu’ils ont du chemin à faire» ajoute le président du district côte d’azur qui déplore les excès de certains: «malgré toutes les formations, 10 % d’entre eux resteront sanguins».
Une suspension en guise de sanction
Si les violences ne cessent pas, le président du district côte d’azur a évoqué l’idée d’une journée de suspension. Une décision envisagée sur l’exemple du district de la Provence qui avait reporté tous ses matchs prévu le week-end du 19 mars après l’agression d’un arbitre dans les Bouches du Rhône. Une décision «qui marquerait le coup» selon le président sans pour autant le satisfaire: «c’est une menace qui n’a pas vocation à être mise en place, on en a pas envie». Pour l’heure rien n’est officiel et les mesures évolueront en fonction de la situation après les vacances scolaires et sur étude de l’observatoire des comportements violents physiques et verbaux dans le football (rapport statistique interne).
Jade Sadmi