
Coupe de France 2022-23 : Le destin cruel mais historique du RC Pays de Grasse

Le grassois Sahmkou Camara peut se tenir la tête à deux mains, son équipe n’est pas parvenue à faire sauter le verrou ruthénois. / photo : Maxppp – Dylan Meiffret
Battu aux tirs au but par Rodez (4-5 ; 0-0 dans le temps réglementaire), Grasse voit son épopée s’arrêter en 16èmes de finale. L’élimination laisse des regrets mais surtout de la fierté dans les rangs du club azuréen. Un parcours qui peut même devenir fondateur pour la suite.
« Je ne pense pas qu’ils méritent de sortir de cette compétition » a lâché Loïc Chabas, l’entraîneur du RCPG, au sujet de ses joueurs tout juste éliminés de la Coupe de France. Et aucun des 3000 spectateurs présents, ce samedi 21 janvier, au stade de la Paoute ne pourra lui donner tort, tant la domination de l’équipe de N2 sur Rodez a été flagrante. Pourtant, son adversaire est un pensionnaire de Ligue 2, deux divisions au-dessus. L’envie, le courage et la détermination, si propres à la Coupe de France, étaient du côté grassois. La malédiction aussi, l’était. Avec pas moins de 3 poteaux touchés dans la partie, le RCPG a semblé totalement impuissant face aux éléments, comme le souligne Loïc Chabas : « Le destin n’a pas été favorable ». Il y avait une dimension quasi prophétique à la Paoute, comme si le bon Dieu ne voulait pas voir Grasse obtenir son ticket pour les 8èmes de finale. Le capitaine Vincent Muratori, ancien joueur professionnel passé par Monaco et Nancy, a lui aussi ri jaune de ce manque criant de réussite : « on a eu beaucoup de situations de centres, il y a eu les poteaux, incroyable (rires), jamais ça ne voulait rentrer, que ça soit de la tête ou du pied ». Avant qu’il ne tire un grand coup de chapeau au portier du Rodez Aveyron Football, Sébastien Cibois : « Bravo à leur gardien, il a été énorme encore une fois ». Auteur de quatre parades déterminantes dans la partie et de deux autres dans la séance de tir aux buts, le dernier rempart de Rodez a été le principal artisan de la qualification de son équipe au tour suivant. Il a logiquement été élu homme du match sur l’application officielle du club aveyronnais. Rodez se qualifie pour la troisième fois d’affilée aux tirs au but cette saison, après avoir fait tomber Saint-Etienne et Monaco. Grasse, de son côté, quitte la compétition sans avoir concédé le moindre but dans le temps réglementaire (2-0 contre Cournon, 1-0 contre Onet-Le-Château et Le Tampon, ainsi que ce 0-0 contre Rodez).
« Avec du recul, on ne gardera que la fierté »
Si les statistiques peuvent susciter des regrets aux grassois, la tendance est à la fierté au sein de l’équipe de National 2. « C’est un sentiment mitigé entre la fierté d’avoir réussi une telle prestation, aboutie du début à la fin, et la déception pour les joueurs. Mais avec du recul on ne gardera que la fierté » explique le coach azuréen. Un sentiment que partage aussi Youssef Gazzaoui, milieu droit du RCPG : « C’est surtout de la fierté, on ne peut pas dire qu’on a des regrets parce que Rodez est une équipe sur le papier logiquement supérieure à nous ». Le constat est aussi lucide chez Vincent Muratori : « on n’a pas à rougir de notre défaite, bravo à nos joueurs parce qu’on a fait un gros match. Je suis fier de ça, il ne faut retenir que ça ». Cet effectif azuréen a de quoi ressentir cette profonde satisfaction, il est celui qui a réalisé le meilleur parcours de l’histoire du club en Coupe de France. Une aventure historique qui peut servir d’acte fondateur pour décrocher une montée en National à la fin de la saison. « Maintenant on est focus sur le championnat » explique Youssef Gazzaoui. L’entraîneur Loïc Chabas sait que l’objectif principal est la montée, et entend bien se servir de ce cruel dénouement en Coupe pour « forger » un groupe. « Tous les joueurs de l’effectif ont joué durant ce parcours de Coupe, donc ça restera un beau souvenir, avec beaucoup de voyages lointains aussi (rires), sur lequel on va pouvoir s’appuyer pour la suite » explique-t-il après la rencontre. Grasse est actuellement deuxième du groupe C de N2, où seul le premier monte en National.
Le début d’une aventure encore plus grande ?
Le très bavard coach grassois assurait que l’élimination ne laissera pas de traces au mental des joueurs : « si on arrive à reproduire ce genre de performances, je pense qu’on ne sera pas loin de la montée, on a un gros match qui s’annonce à Auxerre (contre l’équipe réserve, ndlr), et je pense qu’on va se servir de cette prestation pour montrer de quoi on est capables ». Comme le dévoilait L’Equipe, l’objectif du RC Pays de Grasse est d’accéder au National, puis si possible à la Ligue 2. Des paroles qui ont été associées aux actes : « Dès notre arrivée avec le président Jean-Philippe Cheton (qui a donné le coup d’envoi fictif contre Rodez, ndlr) il y a quatre ans, on a créé cette SAS (Société par Actions Simplifiée) en vue de se structurer pour le niveau auquel on souhaite accéder. » confie Thomas Dersy, directeur général du club des Alpes-Maritimes. « On n’y arrivera peut-être jamais mais il faut être ambitieux, sans se prendre pour d’autres ». La création d’une SAS, aide un club comme Grasse à mieux gérer la masse salariale, qui représente une part assez importante du budget, et favorise l’arrivée d’investisseurs. Thomas Dersy précise également que « 80 à 90 % des joueurs sont issus des Alpes-Maritimes, comme tout le staff, la direction et les actionnaires ». Sur le terrain, cette épopée historique du RCPG n’est que le reflet de la structuration quasiment professionnelle en interne. Et peut-être l’aube d’un âge d’or pour le club.
Aurélian Marre