février 10

Dans les bus grassois, le nouveau gestionnaire est synonyme de galère pour les usagers

Depuis le 1er janvier, date à laquelle le nouveau gestionnaire Moventis a succédé à Transdev à la tête du réseau Sillages de Grasse, les usagers font face à une multiplication de dysfonctionnements. La communauté d’agglomération annonce de nouvelles adaptations dans les prochaines semaines.

Depuis plus d’un mois, Jean-René Laget relaye régulièrement sur Facebook les galères que lui et d’autres usagers rencontrent sur le réseau Sillages (photo Victor C.)

Ce devait être «le choix du prix juste» pour «un réseau mieux structuré» et «un dialogue social apaisé», c’est finalement les problèmes au quotidien pour les usagers des bus du Pays de Grasse. Le 1er janvier dernier, l’opérateur espagnol Moventis, nouveau venu en France, a succédé à Transdev à la tête du réseau Sillages pour les dix prochaines années, entraînant une réorganisation des lignes, des horaires, mais aussi du service.

Un changement assez brusque, puisque l’arrivée de Moventis n’a été officialisée que début novembre 2022, soit moins de deux mois avant le passage de témoin. Et selon les usagers, les conséquences se sont vite faites ressentir : retards, bus fantômes, horaires inadaptés, matériel roulant abîmé voire défectueux… plus d’un mois après le grand changement, ils font toujours part des mêmes problèmes. Jean-René Laget est l’un deux. Avec son association Objectif Grasse et d’autres usagers, il poste régulièrement sur des groupes Facebook des photos des incidents rencontrés. «L’objectif de l’agglomération, en choisissant Moventis, c’était principalement de faire des économies», explique-t-il. «Or, faire des économies en gardant la même qualité de service, vous vous doutez bien que ce n’est pas possible».

Des aménagements depuis ce lundi 6 février, d’autres à venir

Et après plusieurs semaines d’exploitation par l’opérateur espagnol, les problèmes n’ont toujours pas disparu: «On a encore des sièges cassés dans les bus, des barres d’appui attaquées par la corrosion,… et les horaires ne sont toujours pas bons!», détaille Jean-René Laget. Des propos confirmés par des usagers rencontrés à l’arrêt Grasse SNCF: «C’est toujours l’enfer, il y a encore des bus fantômes» indique Tom, 16 ans. «Après, ça va quand même un peu mieux que début janvier.» En effet, depuis ce lundi 6 février, la Communauté d’agglomération du Pays de Grasse (CAPG) et son exploitant ont mis en œuvre une première série d’adaptations, pour calmer la colère des usagers. Ainsi, sur les lignes A, B, C, F, 6 et 11, quelques passages supplémentaires ont été ajoutés en semaine et les horaires du week-end ont été ajustés, avec notamment la ligne 6 qui circule désormais le dimanche. Pas de quoi satisfaire le président d’Objectif Grasse: «Je n’appellerai pas ça un premier pas, plutôt un début de retour aux choses qui devraient être normales»

Dans un bus de la ligne E, des sièges cassés signalés en janvier (photo J-R Laget)

Impact chez les commerçants et malaise chez les conducteurs

Au-delà des voyages du quotidien, les déboires du nouveau réseau ont des conséquences sur toute la ville. «Tous les commerçants avec qui on discute nous disent que c’est une catastrophe. Les horaires des bus ne sont pas coordonnés avec ceux des TER, du coup, pour les touristes, c’est compliqué de rejoindre le centre-ville. Résultat, des enseignes sont en difficulté», indique M. Laget. Des difficultés qui touchent aussi les premiers concernés, les conducteurs de bus: «Difficile d’avoir leur parole, car ils n’ont pas l’autorisation de parler aux journalistes.» Pourtant, l’un d’entre eux nous a confié que le changement d’opérateur, «c’est beaucoup d’emmerdes, et ça dégrade notre relation avec les voyageurs parce qu’on a la pression».

Alors à quand la fin de la crise? Les prochaines adaptations du réseau sont encore inconnues, bien qu’annoncées par Sillages, Moventis et la CAPG. Pour Jean-René Laget, «ils iront de toute façon au bout avec Moventis, jusqu’en 2032. A l’échelle de l’usager, la solution serait peut-être de simplement prendre le temps de l’échange avec les conducteurs».

Victor COMBALAT