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Dérèglement climatique: la fonte des glaciers en France attire l’attention

Mercredi 8 février, est sortie le film « Les Têtes givrées », qui alerte sur la fonte dévastatrice de la neige en montagne française dont l’année 2022 marque le record.

«Monsieur, c’est vrai que le glacier va disparaître?». C’est la question posée par l’une des lycéennes dans le film tourné dans les glaciers de Chamonix: «Les Têtes givrées», de Stéphane Cazes, qui est sortie hier, mercredi 8 février, en salle. La réponse de son professeur: «si personne ne fait rien, oui». Selon «Le service public d’information sur l’eau», en France métropolitaine, l’épaisseur moyenne du manteau neigeux a diminué d’environ 40 mètres en 100 ans. Elle contribue à l’augmentation du niveau des eaux.

Dérèglement climatique à l’horizon

C’était en 1930 que les premières observations d’un réchauffement climatique global sont effectuées. Depuis, les scientifiques travaillent sur le dérèglement climatique mondial. Des rapports sont sortis dont le plus connu, le GIEC, qui donne des éléments pour agir à contre-courant de ce dérèglement climatique.

En France comme dans le reste du monde, le climat a une tendance nette au réchauffement depuis 1850. Ce réchauffement n’est pas égal sur l’ensemble de la planète, raison pour laquelle on parle de «dérèglement» climatique. Selon «Le service public d’information sur l’eau», sur l’année 2022, la température moyenne à la surface de la Terre était de +0,65°C, un record depuis le XXe siècle. Sur la même période en France, c’est 0,88°C d’augmentation, selon Météo France. L’année 2022 a été marquée par des phénomènes météorologiques: les épisodes de sables sahariens, le printemps précoce et le deuxième été le plus chaud jamais observé.

Les glaciers continentaux fondent plus vite que ceux des pôles

Dans le monde et donc en France, l’augmentation des températures atmosphériques engendre une diminution de la superficie et du volume des glaces de montagne. Sont aussi concernés, la mer, la banquise arctique, la couverture neigeuse et les calottes glaciaires ainsi que le pergélisol (sol gelé en permanence). «La fonte annuelle globale correspondrait actuellement à trois fois le volume de glace stocké dans l’ensemble des Alpes européennes (soit 335 milliards de tonnes)», selon l’étude Revue juridique de l’environnement, 2020.

Selon l’étude «Global glacier mass changes», de 2019, Les glaciers continentaux fondent encore plus vite que ceux des pôles. Il est plus courant de voir des images de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Pourtant, sur les 9 600 milliards de tonnes (Gt) de glace perdue entre 2015 et 2019, 1.300 Gt proviennent du Groenland et de l’Antarctique.

Disparition de certains glaciers d’ici à 2050

«Le glacier d’Ossoue, le plus haut des Pyrénées, et celui d’Argentière, le deuxième plus grand des Alpes, ont perdu cette année plus du double de leur épaisseur par rapport à la fonte moyenne mesurée depuis vingt ans», avaient souligné les glaciologues de l’association Moraine et de l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE) de Grenoble à Libération en octobre 2022.  Les experts estiment qu’il n’y aura plus aucun glacier dans les Pyrénées d’ici à 2050.

À échelle mondiale, la surface occupée par les glaciers continentaux s’élève à 706.000km2 soit un volume de 170.000km3 d’eau.

Les côtes françaises sous les eaux

Au niveau mondial, 30% de la hausse totale du niveau de la mer est dû à la fonte des glaciers. Elle génère 0,9 millimètre d’eau supplémentaire au niveau global chaque année, selon Revue juridique de l’environnement, 2020. Depuis 1900, le niveau moyen de la mer s’est élevé de près de 20 cm, d’après «Le service public d’information sur l’eau», 2020.  Il est indiqué dans le rapport que «cette élévation est liée à une augmentation des températures océaniques (plus une eau est chaude, plus elle se dilate et occupe de volume) et à la fonte des glaces et neiges.»

Le territoire français comptabilise 6.000 km de littoral bordant la métropole et ses territoires d’Outre-mer. D’après, «Le service public d’information sur l’eau», 2020. En métropole, la hausse du niveau de l’océan sur la période 1980-2004 a été de 3,0mm/an à Brest et de 2,6 mm/an à Marseille sur la période 1980-2012. En Outre-mer, entre 1950 et 2010, la hausse a atteint 3mm/an en Polynésie française et 2mm/an à Nouméa en Nouvelle-Calédonie.

Un futur aux nombreux problèmes

Le phénomène de la fonte des glaciers a plusieurs impacts sur l’environnement. Les courants océaniques ou encore le pH (potentiel hydrogène, la mesure de l’acidité d’une solution ou d’un milieu) des océans dépendent des flux d’eau qui proviennent des glaciers. Deux études parues en 2018 dans la revue Nature montrent une atténuation la circulation des courants océaniques, qui régulent en partie le climat mondial.

Moins de surface blanche produit plus de chaleur. Selon le CNRS, «L’albédo est une valeur physique qui permet de connaître la quantité de lumière solaire incidente réfléchie par une surface». Elle mesure la part de rayonnement solaire qui va être renvoyée par l’atmosphère et la surface terrestre vers l’espace et qui donc ne servira pas à chauffer la planète. Concrètement, une surface parfaitement blanche réfléchit toute la lumière et son albédo est de 100%. À l’inverse, plus une surface est sombre, moins elle réfléchit et plus, elle absorbe les rayonnements et la chaleur. De ce fait, les zones enneigées, zones blanches, réduisant, le phénomène albédo réchauffe d’autant plus la zone.

Pour résoudre ce problème, certains proposent de découvrir les montagnes avec de grandes bâches blanches, pour empêcher les rayons du soleil et l’albédo de réchauffer les hautes montagnes. C’est la solution adoptée dans le film «Les Têtes givrées», de Stéphane Cazes.

Maxime Conchon