février 10

L’impact écologique de la réforme des retraites 

Les questions sociales et environnementales sont intimement liées : les fonds de pensions climatiscides vont à l’encontre de la crise écologique.  

Les organisations membres de l’Alliance écologique et sociale dans les cortèges de la Réforme des retraites, le 7 février à Paris. Crédit : Novethic. 

Ce mardi 31 janvier, les drapeaux verts des activistes du climat ont côtoyé les drapeaux rouges des syndicats. La réforme des retraites, repoussant l’âge de départ de 62 à 64 ans, a, non seulement, un impact sur la vie professionnelle des Français mais également sur l’écologie alors que les scientifiques alertent sans cesse sur l’urgence climatique. « Il y a un lien très direct entre la prise en compte des éléments sociaux et des éléments écologiques”, explique Gérard, syndicaliste à la CGT. 

Une réforme qui creuse les inégalités avec les catégories les plus précaires et qui opte pour une répartition des richesses dissimulée

La réforme fait subir des inégalités supplémentaires aux personnes les plus précaires, également les plus exposées au changement climatique et vulnérables face à l’exposition aux pollutions environnementales. En France, les catégories les plus riches et les grandes entreprises sont épargnées. Un rapport d’Oxfam France, publié le 16 janvier, révèle que les ultra riches ont vu leurs revenus considérablement augmenter alors que la grande majorité des Français subissent les conséquences de l’inflation au quotidien avec la hausse des prix et la crise énergétique. Pour réduire l’injustice, “la mise en place de l’ISF climatique permettrait de dégager des financement pour la transition écologique tout comme la taxe sur les superprofits engrangés par des grandes entreprises depuis le début de la crise”, d’après Greenpeace. Les classes moyennes servent de “souffre-douleur” aux politiques. Ne pas réagir et laisser s’étendre la fracture sociale entre les plus précaires et les plus riches, c’est risquer de favoriser l’élection des partis d’extrême droite aux prochaines élections alors qu’ils possèdent des programmes écologiques problématiques, voire la plupart du temps inexistants. 

L’augmentation des adhérents à la retraite par capitalisation

La réforme impose de travailler plus longtemps pour cotiser. Dans le cas contraire, la pension de retraite est à taux réduit. Ainsi, les détenteurs d’emploi se tournent vers d’autres alternatives telle que la retraite par capitalisation. Mais celle-ci encourage la contribution à l’aggravation de la crise climatique. Les banques, les assureurs et les fonds d’investissement financent les énergies fossiles. « L’objectif de cette réforme est de privatiser les investissements pour les réinjecter sur le marché. Mais le marché ne répond pas à des logiques d’intérêt général. Il ne respecte pas les conditions sociales et écologiques. Non seulement l’investissement est moins rentable, mais elle n’a pas de vue sur la destination de ses cotisations », explique Gérard. 

C’est un recul par rapport à la décision de l’accord de Paris adopté en 2015 dont l’objectif est de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050 afin de limiter à 1,5 °C le réchauffement climatique. Le gouvernement ne s’en est pas caché, la réforme devrait servir à faire des économies jusqu’à 33 milliards d’euros en 2035. Il promet pourtant que les économies serviront à financer la transition écologique.   

La dégradation de l’état de santé des Français n’est pas pris en compte

L’idée de travailler plus longtemps parce que l’espérance de vie augmente n’est pas le lien de causalité à effectuer. Nier les effets de la crise écologique sur la santé des Français n’est pas éthique et durable. Les catastrophes naturelles telles que les inondations, les vagues de chaleur et les épisodes de sécheresse risquent de s’intensifier avec les années et de devenir ingérables. Les maladies chroniques touchent également de plus en plus de personnes. 

Les retraités en bonne santé et en capacité de profiter pleinement de leur temps libre, s’initient souvent à du bénévolat dans des associations comme les collectifs écolos pour s’occuper. Ils permettent de faire avancer la cause du climat mais comptabiliseront certainement moins de membres à l’avenir. La réforme va d’ailleurs pénaliser les salariés du monde associatif qui sont les piliers des luttes écologiques et sociales. Mais, le temps libre est au plus souvent utilisé par les retraités pour se reconnecter à la nature et aux choses simples, après l’épuisement liés à des emplois loin de ces thématiques et ne permettant pas d’y consacrer le temps nécessaire. « 

L’activité quotidienne des retraités chez eux est largement moins polluante que l’activité économique.”, affirme Gérard. Le temps de retraite, c’est la conquête du temps libre. Un temps libre hors du monde capitaliste pour s’adonner au jardinage, à la cuisine et à la couture. 

L’effet pervers de la destruction de la biodiversité 

La santé des Français est en danger mais la santé environnementale l’est autant. “Les logiques productivistes sont néfastes pour la planète et cette réforme relance le productivisme et la course à la croissance”, déclare Gérard. Travailler davantage, c’est produire davantage mais également détruire davantage. Autrement dit, cela signifie puiser plus dans les ressources naturelles non-renouvelables déjà épuisées, puis rejeter plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère déjà polluée. 

Romane Passet