
“Championnes du monde”, une émission précurseure dans le sport au féminin
Depuis 4 ans maintenant, la journaliste Cléo Hénin produit un podcast sur la thématique du sport au féminin. Désormais diffusé sur Eurosport, il reste l’un des seuls médias dans ce domaine.
Créer une émission audio d’environ 1 heure autour du sport féminin. Un projet audacieux dans lequel s’est lancée Cléo Hénin il y a 4 ans, en créant le podcast « Championnes du Monde ». Après avoir obtenu un Master de Communication et avoir travaillé dans le monde de l’événementiel sportif, la jeune femme a décidé de sauter le pas et de créer ce qui lui tenait à coeur depuis plusieurs années. Contactée par téléphone, elle explique : « je voulais lancer un média où je peux m’exprimer pleinement sur le sport féminin ». Dans des podcasts d’une heure environ, Cléo échange avec des actrices du monde du sport féminin. Depuis le lancement de l’émission il y a 4 ans, plus d’une soixantaine de podcasts ont été diffusés. Si la thématique est celle du sport féminin, la jeune femme interviewe dans ses podcasts aussi bien des hommes que des femmes, à partir du moment où la personne s’investit dans le sport féminin et son évolution. Au fil des années, le podcast a su trouver son public. À tel point que Cléo Hénin a été approchée par Eurosport il y a 2 ans. Le média souhaitait diffuser les épisodes de « Championnes du Monde ». Une proposition qu’a acceptée la créatrice de l’émission, même si elle a souhaité conserver son statut d’indépendante. À ses débuts, Cléo Hénin ne se fixait pas de contraintes de temps, « un peu en freestyle ». Désormais, Eurosport lui demande une périodicité pour ses publications. Les podcasts sont diffusés sur les plateformes d’Eurosport un mercredi sur deux.
Une production en totale indépendance
Désormais diffusée sur Eurosport, la journaliste réalise des productions pour la chaîne autre que ses podcasts comme de la couverture d’événements sportifs. On la retrouve également régulièrement sur les réseaux sociaux du média. Enfin, elle a lancé un nouveau format il y a environ un an nommé « Inspirantes », des vidéos dites en « face-caméra » d’une durée de 2 à 4 minutes sur la même thématique du sport féminin.
Pour son podcast, Cléo se débrouille majoritairement seule. “Dans 95% des cas, l’entretien se fait en physique”. La jeune femme se déplace elle-même pour ses reportages, la qualité audio d’une rencontre physique étant bien supérieure à celle d’un enregistrement par téléphone. Même si elle est diffusée sur Eurosport, Cléo Hénin est indépendante, hormis pour la partie digitale, gérée par son associé Valentin Cassuto. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a choisi le format des podcasts. « il y a 4 ans c’était l’essor des podcasts, à l’époque il n’y avait pas de podcasts indépendants et encore moins sur le sport féminin (…) on peut raconter les histoires plus en profondeur que sur les formats d’une minute ». Malgré tout, la journaliste le reconnaît, être diffusée sur un média comme Eurosport offre “une crédibilité et une reconnaissance supplémentaire”. Maintenant Cléo a trouvé son public, un public qui s’ajoute à celui d’Eurosport. Mais pour elle, “le podcast reste une progression de longue haleine”.
Une ligne éditoriale restée intacte
Faire des podcasts libres sur des sujets autour du sport féminin, voilà la ligne éditoriale de “Championnes du Monde”. Au fur et à mesure, le podcast a évolué.
“Maintenant, nous abordons des sujets plus profonds, de société”. Dernier exemple en date, le podcast avec Claire Palou diffusé le 7 février . Claire Palou, grand espoir de l’athlétisme français, record-woman de France dans les catégories U20 et U23, a arrêté sa carrière de sportive de haut niveau en raison de sa santé mentale très fragilisée par le sport. C’était l’une des premières fois que la sportive revenait sur ses déboires. Car c’est aussi ce qui fait la force de ce podcast. Créé il y a 4 ans, il a évolué tout en gardant la même ligne éditoriale. Alors que les Jeux Olympiques de Paris auront lieu dans 1 an et demi, la médiatisation du sport féminin est encore très faible. En France, seulement 20% environ de la diffusion de sport y sont consacrés. Cléo, elle, “n’a pas attendu les Jeux Olympiques pour parler de sport féminin” plaisante-t-elle. Si l’on ajoute à ça toutes les polémiques autour des fédérations, les formats comme ceux que propose Cléo permettent aux gens de prendre la parole publiquement sur des sujets sportifs, mais qui en réalité sont des sujets de société. Pour continuer dans ce sens, elle propose d’ailleurs depuis un an du format “talk”, où les invités, à plusieurs, débattent de sujets autour de leur sport. Des formats qui varient selon les thèmes, l’actualité. Car pour Cléo, le plus important, “c’est le fond plus que la forme”.
Gaspard Lagnel