mars 03

Pour contrer la baisse de fréquentation, les cinémas cannois se réinventent

Alors que les entrées en salle diminuent, les cinémas de Cannes tentent chacun à leur manière de changer leur stratégie afin d’attirer un public plus large.

Les salles de cinéma affichent de plus en plus souvent vides ces derniers mois (Crédit : Ministère de la Culture)

Le cinéma cannois n’échappe pas à la baisse de fréquentation des salles depuis le Covid, une tendance observée à l’échelle nationale. Selon une étude récente du CNC (Centre national du cinéma et de l’image), le mois de septembre 2022 avec 7.38 millions d’entrées a été l’un des pires mois de septembre depuis 1980 (année de la mise en place de statistiques mensuelles) avec une chute de 34.3 % par rapport à septembre 2019.

Les causes de la baisse de fréquentation 

De multiples causes sont à l’origine de cette désertion des salles obscures. D’abord une perte d’habitude en lien avec la fermeture des cinémas durant la période de confinement. « Je vais moins au cinéma qu’avant. Il faut que le film m’intéresse vraiment sinon je ne me déplace pas. Avant, j’y allais en famille au moins une fois par mois, mais depuis la crise du Covid, je m’y rends seulement deux à trois fois par an » affirme Elodie Pointut, habitante de Cannes. 

L’industrie du septième art doit aussi lutter contre de nouveaux concurrents, le public lui préférant d’autres supports comme les plateformes de streaming avec Netflix ou Disney +. « Je me rends moins au cinéma. Pendant la crise du Covid 19, avec le confinement, j’ai découvert le plaisir de visionner des films en famille, à la maison, sur Netflix ou Disney +. Et depuis, je continue à utiliser ces plateformes car elles proposent un large choix de films et de séries » explique Marc Astinger, cannois. 

Le prix des places trop élevé semble être aussi un facteur non négligeable en cette période de baisse du pouvoir d’achat.

Les stratégies des cinémas cannois 

A Cannes, les cinémas résistent assez bien mais ils ont dû se réinventer. Pour attirer des spectateurs, de nouveaux concepts sont apparus comme au Cineum avec la salle Screen X avec 3 écrans pour une projection à 270 degrés dans des fauteuils à haut niveau de confort. Dans un témoignage recueilli par BFMTV, Laurent Raffaelli, le gérant, évoque le sentiment d’immersion, le fait que le cinéma doit aujourd’hui proposer des expériences incomparables avec ce que le  public peut avoir à la maison. Dans une vidéo diffusée dans Le “Huff Post”, les responsables des cinémas cannois ont évoqué leur stratégie pour résister à la baisse de fréquentation.  Au cinéma Les Arcades, selon Laetitia Mazeran, directrice d’exploitation, le nombre d’entrées perdues a été comblé par plus de séances proposées aux scolaires. Pour Cédric Perez, directeur par intérim du cinéma l’Olympia, il faut proposer du blockbuster (des films à grand succès) car les petits films ne marchent plus comme avant.

Malgré tout, la France enregistre l’une des meilleures reprises au monde avec une baisse plus limitée que dans d’autres pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou encore l’Espagne. La Fédération Nationale des cinémas français se veut confiante pour l’année 2023.

Une programmation ciblée pour relancer l’attractivité 

Afin de combler ce manque de fréquentation dans les salles, les cinémas cannois optent pour des options différentes. Quand le Cinéum propose des avant-premières avec la présence de réalisateurs, acteurs, …), le cinéma Les Arcades, lui, propose à l’affiche des films d’auteurs, ou des films plus anciens. Tout dépend du public ciblé. Le cinéma L’Olympia vise un public large mais n’oublie pas la jeunesse, puisque les 16-18 ans peuvent réserver des places de cinéma pour voir des séances via l’application Pass Culture. Mais la fréquentation des cinémas ne dépend pas uniquement de leur stratégie marketing. En effet, celà repose avant tout sur les films à l’affiche. Dernièrement, un blockbuster comme Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu était censé ramener beaucoup de personnes. Mais finalement, le succès est bien loin de celui escompté. 

Malgré le meilleur démarrage de l’histoire du cinéma français ces 15 dernières années en termes d’entrées en salle, le film a réalisé pour sa deuxième semaine “seulement” 764 679 entrées, alors qu’il reste parmi les premiers au box-office.

Gaspard Lagnel et Laura Khil