Peu importe le handicap, L’Azuréenne rassemble par le sport

Fondée en 1973, l’association L’Azuréenne permet à des personnes déficientes intellectuelles et/ou atteintes de troubles du comportement, de pratiquer des activités sportives de leur choix, tout au long de l’année. 

La pétanque est l’une des activités les plus appréciées, parmi celles proposées par l’association (Mathilde Georges) 

Mercredi 8 février, au boulodrome Jean Beraudo à Cannes-la-Bocca, les sportifs en herbe attendent avec impatience qu’Arthur Verrier, leur entraîneur, leur donne le matériel. Même dans un fort esprit de compétition, l’ambiance de ce soir est très bon enfant. Entre les encouragements et les rires, Arthur essaie de faire respecter les règles du jeu comme il peut : “François tu joues sur le terrain d’à côté”, rappelle-t-il en riant. C’est grâce à l’association L’Azuréenne que tant d’activités sportives sont rendues accessibles à ces personnes, vivant avec un handicap mental.

Peu se réjouissent de l’arrivée des vacances, tant les soirées pétanques sont appréciées. “La pétanque ça plaît, c’est l’une des grosses activités de l’association” selon l’entraîneur. Membre du foyer des Palmiers, Hugo est entièrement d’accord : “C’est la première fois que je viens, mais c’est sûr que je vais revenir, c’était super !”. Idem pour Michelle qui accourt, tout sourire, vers Arthur après chaque lancer. Une fois la séance terminée, les seuls dont le sourire a disparu sont les perdants du jour. “Moi je suis content, j’ai gagné” déclare Georges, en attendant le minibus qui le ramènera au foyer.

D’habitude 25, les joueurs sont aujourd’hui une vingtaine, à la veille de leurs vacances d’hiver. « Une vingtaine c’est déjà beaucoup à gérer seul » pour Arthur, salarié de l’Azuréenne depuis 7 ans, qui assure la séance de ce soir. Originellement formé pour accompagner les personnes handicapées physiquement, le jeune homme s’est retrouvé dans le milieu du handicap mental un peu par hasard. La transition ne fut pas simple, mais il n’a jamais fait demi-tour. « On s’attache vite et beaucoup, je ne suis pas près d’arrêter ! » affirme-t-il. 

Des entraînements difficiles à gérer

L’entraînement de pétanque est l’occasion de se retrouver : “ça leur permet de sortir des foyers, de voir autre chose” observe Arthur Verrier. Les joueurs vivent dans trois foyers du département : les Palmiers au Cannet, Darty à Cannes-la-Bocca et La Siagne à Roquette-sur-Siagne. Des minibus, fournis par l’association, les amènent directement au boulodrome. 

Chaque joueur demande une attention particulière, qu’il est parfois difficile à satisfaire pour une seule personne : “ il y en a qui réclament beaucoup d’attention, ils ne sont pas en autonomie complète. Mais certains sont bien plus autonomes. Ça aide pour mieux gérer le groupe”. C’est tout l’intérêt de l’association, faire du sport tous ensemble, sans être assimilé à son handicap. Les différences importent peu. “Ici on mélange tout. Pour les trois-quarts d’entre eux, je ne saurais même pas dire leur pathologie”, avoue Arthur. 

Pour des personnes déficientes intellectuellement, la pratique de certains sports peut se révéler plus compliquée que pour d’autres. Mais, aux yeux d’Arthur, tout ne se résume pas à leur condition : “Ils rencontrent des difficultés tout comme il y a des personnes normales qui ne peuvent pas faire certains sports”

Certains rêvent de se qualifier pour les Championnats de France, qui se tiendront début juin en Maine-et-Loire. En tout, 6 pourront être qualifiés et tenteront de ramener la coupe à la maison. La qualification en championnat se base sur l’autonomie de chacun : déplacement, aisance, comportement… À les regarder jouer, leur implication est frappante. “C’est vraiment un sport, il y a de la compétition” assure l’entraîneur. “Ils peuvent s’emporter de temps en temps”. 

Le sport “constitue un facteur d’intégration” 

Pour le président de l’Azuréenne, Bertrand Monod, “l’activité physique adaptée est le meilleur moyen pour toutes ces personnes de leur assurer une meilleure santé physique et mentale et constitue un facteur d’intégration dans la société”.

D’après le site Vidal, le sport aide à évacuer le trop plein d’énergie dont font preuve les personnes souffrant d’un handicap mental, “d’acquérir une meilleure coordination motrice, de développer des relations avec l’environnement et de lutter contre le repli sur soi et l’isolement.”. Tous les bénéfices du sport expliquent le choix de L’Azuréenne d’élargir son accès.

Une association ambitieuse, née grâce aux dons

En dehors de la pétanque, des activités de toute nature sont proposées par l’association, pour un tarif à l’année. La natation, le foot salle, la danse, le basket, les sports de raquette, le judo et plus récemment l’équitation, sont toutes disponibles aux habitants des trois foyers environnants. Si l’association peut offrir autant de diversité, c’est grâce au financement d’un donateur extérieur à L’Azuréenne. “Il a été charmé par notre concept” se félicite Arthur.

L’association tente d’étendre davantage le nombre d’activités disponibles, pour satisfaire encore plus les membres des foyers cannois. Ceux qui en bénéficient déjà sont très reconnaissants et heureux d’avoir cette échappatoire à la vie en foyer. 

Mathilde Georges et Audrey De Quina