mars 16

Étiquettes

Don du sang : comment l’EFS tente d’attirer de nouveaux donneurs

Accident, maladie, accouchement difficile, … Les besoins en sang sont nombreux. Pour répondre à cette demande pressante, l’Établissement Français du Sang (EFS) multiplie les initiatives pour inciter davantage de personnes à donner. Et si possible, des jeunes.

La région PACA, ayant plus de besoins que de dons, importe du sang depuis d’autres régions, grâce à ce type de véhicule, ici devant la maison du don de Cannes. | Photo : Aurélien Dufour

« Il y en a besoin pour des maladies. Il y en a besoin pour des opérations. Il y en a besoin pour des médicaments ». La liste des besoins de sang, énoncée par Endréa Ktorza Buggiani, la chargée de promotion du don du sang sur la maison du don de Nice, n’en finit pas. Cette demande a pris une importance vitale fin juillet 2022, lorsque l’EFS (Établissement Français du Sang) a lancé un « bulletin d’urgence » pour pallier le manque de dons. Fort de ce constat, l’EFS cherche, par tous les moyens, à attirer de nouveaux donneurs vers les centres de collectes.

Une heure pour trois vies

Pour attirer de futurs donneurs, « il faut qu’ils perdent le moins de temps possible dans leur journée pour donner leur sang », explique Endréa Ktorza Buggiani. Pour cela, l’EFS s’appuie sur ses 40 000 points de collecte mobiles installés dans des écoles, des salles polyvalentes et même sur les lieux de travail. Un point où la région est en difficulté. « Si déjà les entreprises pouvaient autoriser les salariés à donner sur leur temps de travail, ça nous aiderait », poursuit la responsable. L’indisponibilité dû au travail, c’est l’un des obstacles les plus récurrents. Jessica, habitante cannoise, donnerait « avec plaisir », mais « les collectes ne correspondent pas aux heures où [elle est] disponible ».

Disparités régionales
À l’échelle nationale, la France est « auto-suffisante » et parvient à transfuser tout le monde. Mais la région PACA, elle, est déficitaire. Elle a davantage de besoins, la faute à de « gros CHU, des centres de cancérologie » et une population « assez vieillissante », selon Endréa Ktorza Buggiani, et moins de donneurs que dans les autres régions, toutes proportions gardées. « Le don, ce n’est pas dans notre culture dans le sud », estime-t-elle. Un constat corroboré par les statistiques de l’EFS. Le taux de retour – la proportion de donneurs de l’année précédente ayant redonné cette année – s’élevait, en 2020, à 62,86% à l’échelle nationale, contre 57,76% en PACA et Corse. L’EFS régional multiplie ainsi les importations de poches de sang venant d’autres régions.

Donner des chiffres, souvent éloquent, constitue un outil supplémentaire pour inciter les Français à donner, car « ça interpelle un peu plus », estime Endréa Ktorza Buggiani, qui évoque notamment le « une heure = trois vies ». Comprenez une heure de votre temps, la durée nécessaire pour donner votre sang, permet de sauver en moyenne la vie de trois personnes. En 2023, l’EFS insiste aussi sur le défi des 10 000 dons par jours. Une autre façon, toujours avec des chiffres, de motiver les Français qui le peuvent à donner.

Pour assurer la pérennité des ressources en sang, l’EFS cherche à inciter les jeunes à donner. Et cela commence à l’école, avec des séances d’éducation. Une sensibilisation dès le plus jeune âge primordiale selon la chargée de promotion, qui « demande souvent aux parents, s’ils ont des enfants, de les emmener » lors de leur don.

« On a changé de ton pour attirer les plus jeunes »

À travers des articles « 10 bonnes raisons de donner son sang », l’EFS joue la carte de la fierté. Un autre moyen de viser les jeunes selon Endréa Ktorza Buggiani. « On a changé de ton pour attirer les plus jeunes », explique-t-elle, avec une application pour prendre les rendez-vous et une présence accrue sur les réseaux sociaux.

Les plus réticents peuvent compter sur les témoignages des donneurs pour être convaincus. À la maison du don de Cannes, Monique, 68 ans, estime que « même si on peut appréhender les piqûres, ça se passe très bien ». Assis à côté d’elle, Wilfried, 64 ans, juge même, avec une pointe d’humour, que « ça fait un peu comme une vidange ».

Aurélien Dufour