avril 03

Journée mondiale de l’eau douce : une ressource vitale en voie de disparition

Comme chaque année depuis 1993, le 22 mars célèbre la journée mondiale de l’eau douce. Cette journée vise à renforcer les actions pour résoudre la crise mondiale de cette ressource vitale, en promouvant des actions visant à égaliser l’accès à l’eau douce dans le monde.

@Pexels

C’est lors d’une conférence exceptionnelle historique tenue ce mercredi 22 mars par les Nations Unies que le risque « imminent » d’une crise mondiale de l’eau douce a été mis en exergue. Le monde fait aujourd’hui face à une raréfaction de l’eau douce et chaque minute, 5 personnes meurent dans le monde parce qu’elles n’ont pas accès à cette ressource et près de 1,8 million d’enfants décèdent annuellement des suites d’une infection transmise par de l’eau insalubre.

Une répartition inégalitaire appuyée par le réchauffement climatique

On le sait tous, l’eau salée représentant 90 % du globe terrestre, est abondante sur la surface de terre. A contrario, l’eau douce l’est beaucoup moins puisqu’elle ne représente que 3 %. En revanche, cette toute petite quantité d’eau est théoriquement censée être suffisante pour couvrir les besoins de l’humanité. Mais alors comment sommes-nous arrivés à une situation ou seulement une partie de la population terrestre peut se procurer de l’eau en abondance, pendant que 2,6 millions de personnes meurent chaque année du manque d’accès à cette eau potable ? Malgré le fait que l’accès à l’eau potable soit reconnu comme un droit de l’Homme depuis 2012, cette ressource vitale est visiblement mal répartie dans la surface de la terre.

Tendances des débits fluviaux 2021 du rapport « State of Global Water Resources 2021 » Source :  Organisation météorologique mondiale.

Cette situation n’est en réalité que le reflet d’une répartition inégalitaire due principalement à une croissance démographique exponentielle, mais aussi à une agriculture intensive accentuée par le dérèglement climatique. La communauté internationale scientifique est unanime : le réchauffement planétaire impacte directement le cycle hydrologique. Les sécheresses résultant d’un manque de pluie, réduisent les niveaux d’eau, ce qui augmente forcément l’insécurité alimentaire. De plus, compte tenu de la faiblesse des pluies dans certaines régions, il est à craindre que la situation ne s’aggrave dans les prochaines années. En outre, ce même changement climatique entraîne des dérèglements météorologiques extrêmes provoquant une multitude de catastrophes naturelles jamais vues (vague de sécheresses, cyclone…). Ces catastrophes naturelles réduisent l’accès à l’eau potable dans le monde. Par ailleurs, l’absence d’eau provoquée par les sécheresses successives ou la contamination des rivières, des nappes phréatiques ou des réseaux, entraîne des risques majeurs de maladies hydriques comme le choléra ou la typhoïde, selon l’UNICEF.

L’agriculture industrielle en première ligne

70 % des 3 % de l’eau douce potable est consacrée à l’agriculture industrielle, ce qui fait de cette dernière la plus grosse consommatrice d’eau douce au monde. Au-delà d’assurer la sécurité alimentaire des populations et de fournir des matières premières à l’industrie agro-alimentaire, l’agriculture contribue fortement à la raréfaction de l’eau douce. Selon Nicolas Girod, éleveur dans le Jura et porte-parole national de la Confédération paysanne, le modèle de l’agriculture industrielle doit impérativement changer : « l’agriculture industrielle détruit les ressources naturelles. Elle draine, elle rectifie les cours d’eau afin d’évacuer l’eau des sols au détriment de sa circulation naturelle et de la recharge des nappes phréatiques ; elle consomme des intrants chimiques de synthèse au détriment de la vie des sols. En un mot, elle assèche les sols et s’approprie l’eau pour des pratiques toujours sur consommatrices et dévastatrices ».Bien que cette dernière soit la plus grosse consommatrice de cette ressource vitale, il reste à noter qu’elle présente aussi le plus fort potentiel d’amélioration de son efficience. Nombreuses sont les initiatives ayant émergé ces derniers temps visant à pallier ce fléau de l’agriculture intensive. C’est le cas de l’agroécologie, une agriculture durable, plus respectueuse des hommes, de la terre et des animaux. Cette dernière regroupe plusieurs nouvelles méthodes agraires comme le fait d’utiliser moins d’engrais et de pesticide.

Un enjeu politique majeur

Au fil des années, l’eau est devenue une ressource plus que jamais convoitée dans le monde. Désormais, cette dernière constitue un enjeu politique majeur engendrant des conflits dans les 4 coins du monde. La plupart des grands fleuves mondiaux étants transfrontaliers se voient traverser des territoires de différents États et ainsi être répartis pour 2 voire 3 pays. Des désaccords sur la répartition de cette ressource déclenchent régulièrement des conflits dans le monde. L’eau devient alors un instrument de pouvoir aux mains des pays situés en amont des cours d’eau, qui peuvent en maîtriser le débit. Au Proche-Orient par exemple, le Nil est source de discorde entre l’Egypte l’Ethiopie et le Soudan. Même constat pour la Palestine et l’Israël. Les Israéliens bénéficient d’un accès illimité à l’eau toute l’année pendant que des centaines de milliers de Palestiniens souffrent de pénuries d’eau pendant les mois les plus chauds de l’été.

Nafida Abdillah