
La folie des NFT: les 4 secteurs inattendus pour cette innovation
Les NFT ou, en français, Jetons Non-Fongibles, sont des fichiers numériques attachés à des certificats d’authenticité numérique. Ces fichiers ont donc une valeur monétaire. Reliés à la cryptomonnaie par des rapprochements technologiques, les NFT sont plus qu’un jeton. Ils ont d’abord été popularisés par les rappeurs et les footballeurs qui investissaient dans une image avant de la publier. Aujourd’hui, d’autres secteurs vont participer à l’innovation, parfois de manière totalement inattendue.
1- L’art du graphisme
Si jusqu’ici, vous connaissiez les graphistes seulement pour des logos ou des chartes graphiques, cela pourrait changer grâce aux NFT. Le système de certificat d’authenticité numérique permet d’offrir une valeur au document. Ainsi, ce n’est plus une image quelconque trouvée sur Google. Il y a un droit de propriété. Le graphiste Bouherrour évoque l’innovation du NFT dans son travail : “ Il y a un marché émergent de ce côté-là. Les images digitalisées deviennent uniques. Ça donne un côté officiel. ”, dit-il, émerveillé par cette nouveauté. Les galeries d’art et leurs œuvres pourraient donc se développer sur Internet.
Auparavant, Bouherrour proposait ses services aux chanteuses et chanteurs. Il réalisait des pochettes d’album, mais s’est finalement désintéressé de ce monde. De là lui est venue l’envie de créer à nouveau des œuvres pour son plaisir, et les intéressés : “J’aime être un artiste plus qu’un graphiste”, dit-il sur sa vision de son travail. Les NFT seraient donc une solution adaptée à des œuvres numériques. Avant, il partageait son art numérique sur sa page Instagram, gratuitement. Maintenant, vous pouvez posséder ces images en les achetant sur le site Foundation qui propose une place de marché pour ce type de ventes. Sur ce site, les achats se font en ETH (une crypto monnaie) et non en euro.

Illustration numérique la plus célèbre de l’artiste
// @bouherrour sur Twitter
2 – Une Fashion Week numérique
Pour ceux qui ne voient leur vie que sur les réseaux, ils seront ravis d’entendre que les NFT s’appliquent aussi aux vêtements. Que l’on soit d’accord ou pas avec ce concept, certaines personnes payent déjà des marques de mode-virtuelle pour habiller leur avatar, ou elles-mêmes en se prenant en photo. Leur “méta-closet”, soit le dressing virtuel, peut se faire notamment via l’application DressX. Créée par trois ukrainiennes passionnées de mode, cette plateforme regroupe tous les vêtements virtuels déjà en vente. Elles misent énormément sur cette tendance. On y découvre des vêtements entièrement dématérialisés dignes des plus grandes marques de luxe. Le coût est évidemment moins élevé, pour des vêtements pourtant inspirés des dernières tendances.
C’est tout naturellement que leurs premiers clients étaient les influenceurs virtuels. Ce sont des personnages totalement immatériels et à ressemblance humaine. Ils sont développés par des entreprises qui vivent de leur image. C’est le cas de Zaira. Cette fille virtuelle est suivie par plus de 74 000 personnes sur Instagram et a “posé” pour la plateforme DressX. “Les vêtements virtuels sont tellement plus pratiques ! Le matin, nous habillons Zaira avec, concevons le selfie, et nous sommes bons pour la journée. Nous n’aurons plus à créer ses vêtements également.”, exprime Gianluca Perrelli, PDG de Buzzoole, une société spécialisée dans le marketing d’influence et les nouvelles technologies. Bien sûr, pour nous, les vrais vêtements sont encore obligatoires, ne l’oublions pas.

L’influenceuse virtuelle Zaira habillée d’une
robe virtuelle DressX // @DressX sur Instagram
3- Un nouveau système de fidélité pour Adidas
Si les Jetons Non Fongibles sont encore des légendes urbaines pour certains, vous risqueriez d’en avoir besoin pour acquérir notamment certains privilèges dans vos marques préférées. Cette propriété authentique d’un fichier est rendue possible grâce au Web 3, une nouvelle ère d’Internet où nos données nous appartiendraient à 100 %. Cette nouveauté a inspiré Adidas pour se lancer dans le défi “Adidas Web 3”. La marque de streetwear a déjà investi dans les nouvelles technologies en achetant justement des NFT. Ils en ont ensuite fait leur première collection de jetons non-fongibles décorés des trois bandes iconiques. Le succès est immédiat pour la marque, qui récolte 23,4 millions de dollars grâce à cette opération, les NFT étant déjà populaires chez les rappeurs et les footballeurs. Un point fort pour Adidas, qui ciblait déjà exactement le même public.
Le nouveau pari est donc de réserver des services, des avantages, voire des produits à une certaine clientèle. La particularité de celle-ci ? Les NFT qu’ils possèdent. Ce serait donc un critère pour obtenir certains avantages. Erika Wykes-Sneyd, directrice du projet, était au salon NFT Paris fin février. C’est elle qui a exposé sa stratégie au micro du journal Decrypt : “ Des cryptomonnaies spécifiques permettraient aux clients d’accéder à des collections qui leur seraient réservées, même figurer sur la liste blanche de leurs baskets préférées.”.

NFT proposé par Adidas depuis avril 2022
// Twitter @adidasoriginals
4- La certification de votre prochaine bouteille de vin rouge
À quand un salon du vin dans le métaverse ? Pendant le confinement, on pouvait déjà en faire en visioconférence et recevoir des échantillons chez soi. Mais la boisson typique française a du mal à rentrer dans le numérique. Son image rustique et traditionnelle ne marche pas tant que ça avec l’image de la cryptomonnaie. Et pourtant, le Château Malartic-Lagravière s’est lancé le pari d’associer les deux. Car dans un marché aussi prestigieux que le vin, le développement de la vente en ligne a favorisé la contrefaçon. Pour Séverine Bonnie, dirigeante du Château, : “Cela protège les vins qui ne seront physiquement disponibles qu’en novembre 2024”, dans une interview pour Le Monde, lors d’une vente de 150 NFT associés à des magnums. Une très bonne nouvelle pour les collectionneurs. Car un NFT permet aussi d’acquérir un bien, même immatériel, et de le revendre plus tard lorsqu’il aura pris de la valeur. C’est à lui que revient la décision de revendre la bouteille ou le certificat d’authenticité, voire les deux. Pour des passionnés, il est étonnement préférable d’avoir seulement la possession du code numéroté, mais pas forcément la bouteille.
Le NFT peut donc protéger de nombreux vins prestigieux qui, eux, restent parfaitement conservés en leur évitant de faire le tour du monde. Ils peuvent totalement rester au château selon le choix de l’acheteur pour assurer une meilleure conservation. Le but du NFT est d’éviter les nombreux intermédiaires, ce qui assure donc les meilleures conditions pour ce précieux breuvage.

Photo issue du générateur d’images DALL.E 2
// Open AI
Lili-Jeanne Bluteau