La biodiversité sous pressions : les citoyens donnent un coup de pâtes à la science

Publié par la rédaction le 7 avril 2023 dans environnement, nature | Poster un commentaire

Les sciences participatives permettent aux citoyens d’alimenter les inventaires scientifiques, avec des données naturalistes qu’ils trouvent dans leur jardin, sur leur balcon ou lors de leurs promenades. Les sciences participatives permettent de mesurer les évolutions des populations du vivant

Atelier d’animation nature sur le panorama de Vironvay (Eure) , organisé par la ville de Gonfreville-l’Orcher (Seine Maritime) (Crédit photo : Claire Feiller)

Une troupe de petits aventuriers de 7 à 10 ans, armée de filets à papillons et de loupes, déambule dans un bois du Calvados. Claire Feiller, 29 ans, animatrice nature de la fonction publique territoriale, part compter les papillons avec les enfants. Leurs objectifs, les photographier, les identifier et les localiser. Les données seront transmises au conservatoire d’espaces naturels de Normandie pour agrémenter des inventaires participatifs.

Atelier animation nature (Crédit photo : Claire Feiller ) 

Pour Claire Feiller, les collectes de données naturalistes qui alimentent des programmes de recherche scientifique, “les enfants adorent ça. Ils sont très contents de le faire et ils savent que c’est un engagement. Ils savent que c’est pour le bien de leur planète. Ce type de geste citoyen pourrait peser dans la balance pour certaines actions en faveur de l’environnement”. 

Dans certains départements, deux espèces de papillons de jour sur trois n’ont pas été revues depuis 20 ans, alerte l’observatoire national de la Biodiversité (ONB). Il n’existe à l’heure actuelle aucun indicateur précis de l’ONB concernant les insectes. Mais grâce aux programmes de sciences participatives, les citoyens deviennent de précieux alliés de la science en manque de données.

Claire ne limite pas ses actions au cadre de sa profession. Dans son jardin, munie d’un guide nature, elle reste plusieurs heures à observer, identifier et compter les oiseaux pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Sa session terminée, elle enregistre les données sur le site de l’Observatoire des oiseaux des jardins. Les amphibiens sont logés à la même enseigne. Avec le programme “Un dragon ! Dans mon jardin ?”, Claire participe à l’amélioration des connaissances nécessaires à la conservation des amphibiens et des reptiles.  

“J’ai des mares autour de chez moi, là ça va être la période de ponte, je vais aller faire mon tour avec mon appareil photo, je vais répertorier les espèces puis envoyer les données directement sur le site.” Claire Feiller

Amphibien identifié pour “Un dragon ! Dans mon jardin ?”  (Crédit photo : Claire Feiller )

 

Une espèce sur cinq de reptiles et amphibiens est menacée de disparition selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Pour Claire, participer à l’identification du vivant c’est ajouter sa pierre à l’édifice : “je peux me dire que j’ai participé à un comptage qui a permis de voir qu’il y a eu un déclin de telle population. Grâce à ça il y aura peut-être un niveau de protection de ces espèces qui sera plus important.”

“Il n’y a pas plus citoyen comme action” 

À 300 kilomètres, Denise Courvoisier, retraitée, s’adonne à la même activité dans son jardin en Illes- et-Vilaine. Depuis 4 ans, elle compte les oiseaux pour la LPO. “Il n’y a pas plus citoyen comme action. Quand on fait du comptage, ça joue pour la préservation de la biodiversité. Il faut déclarer où on a vu des hirondelles ou d’autres espèces menacées pour protéger leurs lieux de nidification.”

Un portail qui rassemble tous les programmes de science participative 

De nombreux programmes de science participative existent, en passant des projets dédiés aux gastéropodes via l’Opération escargots, aux plantes urbaines avec le programme Sauvages de ma rue. Le portail Open, créé par le Collectif national des Sciences participatives, répertorie environ 200 observatoires de sciences participatives. Les initiés comme les amateurs peuvent y trouver des programmes selon leur région, leur environnement et les espèces qu’ils veulent suivre.

Nina Osmond 

Green Lanterne