
À Nice, les contestations s’amplifient contre l’extension de l’aéroport
Les travaux d’agrandissement de l’aéroport Nice Côte d’Azur ont débuté il y a quelques jours, avec l’objectif de mieux gérer l’afflux de voyageurs. Mais des élus locaux et de nombreuses associations expriment leur mécontentement dans la rue, pointant notamment les risques environnementaux.

Ils étaient près de 500 à manifester ce samedi 18 mars entre la Promenade des Anglais et l’aérogare pour protester contre l’extension du terminal 2 de l’aéroport de Nice. Sur les pancartes, il est possible de lire des slogans tels que « Non à plus d’avions, oui aux oisillons » pour souligner l’impact environnemental de ce projet.
Au programme de cette extension, la construction de deux nouveaux bâtiments de 25 000 mètres carrés pour accueillir un plus grand nombre de voyageurs. Il y aura également six salles d’embarquement supplémentaires implantées dans le terminal 2, ainsi qu’une salle d’enregistrement et de livraison de bagages en plus. Pendant la manifestation du 18 mars, une militante a trouvé « des oiseaux morts par la pollution ou le stress », explique-t-elle à France 3 Régions. Selon elle, cela est dû au trafic aérien de la zone qui ne cesse de s’intensifier.
Un projet « climaticide »
Le collectif citoyen 06, l’une des 30 associations présentes lors de ce rassemblement, explique les conséquences de ce projet sur le fonctionnement de l’aéroport : « On parle de plus de 20 000 vols supplémentaires par an, soit 50 vols de plus au-dessus de nos têtes chaque jour avec les dégâts environnementaux que ça implique. On refuse ce vieux monde », dénonce Airy Chrétien, membre du collectif citoyen 06. Cette alliance écologiste et sociale de la région niçoise a qualifié l’extension de « climaticide ».
Pour son président Thierry Bitouzié, tout cela signifie « énormément de déchets sanitaires et environnementaux » dans la zone adjacente de l’aéroport. La Région a par ailleurs pris un arrêté sécheresse tout en autorisant l’agrandissement de l’aéroport de Nice. « Une politique complètement incohérente qui entraînera un réchauffement climatique et donc des sécheresses », rajoute Thierry Bitouzié.
Un projet près d’une zone protégée
Les associations de défense de l’environnement ont saisi la justice en 2022 pour bloquer le permis de construire. En septembre, le tribunal administratif de Marseille a validé l’extension de l’aéroport malgré l’inquiétude des associations : « Alors que des citoyens et des associations luttent depuis près de 3 ans contre ce projet nuisible, le constat est donc clair : après avoir été validé par le Préfet, représentant de l’État sur les Alpes-Maritimes, le projet le plus climaticide de notre territoire se voit conforté, en première instance, par la justice », rappelle Thierry Bitouzié.
Pour les riverains, les nuisances sonores s’amplifient surtout en comparant avec la période du confinement selon Alain, qui habite à côté des pistes : « On a vu la différence par rapport au confinement. On entend beaucoup plus les avions au quotidien » explique-t-il à FranceInfo. L’un des problèmes soulevés par ces associations réside dans le fait que l’aéroport jouxte une zone de protection Natura 2000, qui regroupe près de 240 espèces de faune et de flore protégées. Une zone Natura 2000 permet de protéger des espèces en voie de disparition partout en Europe. En 2017 en France, il y avait 1 766 sites classés selon les données de Natura 2000.
« Si on ne fait rien, on sera trop à l’étroit »
Pourtant, l’aéroport assure ne pas ajouter de pistes d’atterrissage et que l’impact écologique n’est pas aussi important que ce que dénoncent les manifestants : « On n’agrandit pas les capacités aéronautiques, on ne rajoute pas de pistes d’atterrissage. Nous agrandissons uniquement les espaces d’accueil des passagers, au moment de leur départ et de leur arrivée », précise Aymeric Staub, le porte-parole de l’aéroport Nice Côte d’Azur sur France Bleu. Pour lui, ces travaux sont une nécessité pour le confort des voyageurs et pour le bon fonctionnement de l’aéroport : « Si on ne fait rien, on sera trop à l’étroit. On est obligé d’adapter notre surface pour le confort, la sécurité et la fluidité. Si on ne fait rien, on aura des passagers mécontents, qui ne reviendront plus sur notre territoire. Le tourisme et l’économie en subiront les conséquences » précise-t-il sur les ondes de la radio azuréenne.
Malgré les conséquences environnementales, le troisième aéroport français derrière Charles-de-Gaulle et Orly a décidé d’augmenter les surfaces d’accueil pour les 12 millions de voyageurs qui ont fréquenté l’aéroport en 2022.
Romain HENRY