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[RIG 2023] CHILI : une démocratie dans l’ombre de Pinochet
Pendant quatre mois, six étudiants de l’Ecole de Journalisme de Cannes ont étudié la liberté de la presse et les conditions de travail des journalistes au Chili.

Il aura fallu pas moins de quatre mois pour se familiariser avec un pays dont la situation actuelle, plus que particulière, n’est pas toujours très connue. Mais c’est surtout quatre mois pour constituer un réseau d’experts et de témoins du pays, de sa liberté de la presse et des conditions de travail des journalistes. Ils sont une douzaine à avoir accepté de répondre aux questions des étudiants pour livrer des témoignages forts et riches, mis en scène dans une succession d’articles et de vidéos à retrouver ici :
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Un peu de recontextualisation en introduction de cette enquête
Depuis 2019, le Chili est en proie à des changements et des mouvements sociaux d’importance. Marqué par 17 ans de dictature du Général Augusto Pinochet, le peuple chilien veut croire en la démocratie.
Entre 1973 et 1990, le régime a systématiquement persécuté ses opposants et notamment des journalistes. Une période sombre qui, aujourd’hui encore, n’est pas sans conséquences sur les médias. Une frange très conservatrice continue d’occuper les postes à responsabilité et détient le pouvoir économique.
La plupart des médias du pays est aux mains des grands capitaines d’industrie, portant atteinte au pluralisme. Les lignes éditoriales sont en majorité classées à droite de l’échiquier politique, posant, de fait, des problèmes de représentativité.
Quand en 2019, les Chiliens descendent dans la rue pour protester contre le gouvernement, le coût de la vie ou les violences policières, les médias tendent à minimiser l’importance des mouvements en pointant les dégradations et les débordements. Les violences policières n’ont pas épargné les journalistes qui travaillent dans un climat d’insécurité croissante.
Sur le plan législatif, un projet de constitution a été rejeté par référendum en septembre 2022. Un résultat qui a surpris après l’élection de Gabriel Boric, un président issu de la gauche. Une élection qui avait pourtant suscité une vague d’espoir chez de nombreux Chiliens, largement déçus depuis.
À l’international, le référendum a mobilisé les correspondants des médias du monde entier. Quand le Chili, lui, offre un traitement limité et ciblé de l’actualité internationale, se concentrant souvent sur ses principaux partenaires économiques.
Un lourd passé marqué par la dictature. Une situation actuelle chaotique sur les fronts social et politique. Une combinaison qui permet sans doute d’expliquer la 82e place du Chili au classement mondial de la liberté de la presse 2022, en chute de 28 places en un an.
Un travail mené par Rémi Capra-Brocard, Killian Chapus, Bastien Dufour, Brieuc Leturmy Perrocheau, Lucas Métairie et Jade Sadmi.
Merci à Rocio Alorda, Carla Anconetani, Naïla Deroisné, Marion Esnault, Antoine Faure, Victor de la Fuente, Benoît Hervieu, Damien Larrouqué, Patricia Luna, Erika Olavarria, Teo Saavedra, Thomas Sepulveda et Pierre Thionville pour leur temps, leur disponibilité et leurs réponses.