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Antibes : des bénévoles se battent pour la propreté de la Méditerranée

Publié par la rédaction le 12 avril 2023 dans Non classé | Poster un commentaire

La mission est compliquée mais leur motivation est sans faille. Malgré la difficulté et les obstacles, les bénévoles collectent les déchets sans relâche et tentent de sensibiliser.

Jacky, le fondateur de l’association et Rémi, un bénévole partent en mer pour un ramassage de déchets. Photo : Romane Passet.

En novembre 2016, l’association Fonds Bleus 06 est née de l’initiative de deux passionnés de chasse sous-marine en apnée qui connaissent parfaitement les fonds sous-marins de la baie d’Antibes. Auparavant, chasseurs sous-marins, désormais chasseurs de déchets : Jean-Jacques et Jean-Claude sont les fondateurs de l’association. Auprès d’eux, une petite dizaine de bénévoles (tels que Aurélie, Laurent, Rémi, Jacques, Céline, Philippe)…Des ramassages de déchets sont déjà réalisés par les citoyens sur les plages, mais rares sont les organisations qui traitent les déchets marins localement et à petite échelle à partir des plages et non pas en pleine mer. Lassés de tomber nez à nez, pendant leurs plongées, avec des déchets comme des bouteilles plastiques, des vieux pneus… Ils ont décidé de passer à l’action et de répondre à cette urgence écologique. Leur objectif est de “plonger au milieu des poissons, des posidonies et des dauphins, et retrouver les fonds bleus tels que la nature les a créés . L’idée c’est de rendre un visage naturel à notre rivage et non pas l’image d’une déchetterie”, déclare Jacky.

Des déchets plus insolites les uns que les autres

Tous les mardis, ils ramassent entre 80 et 150 kilos de polluants. À l’année, cela représente 5 tonnes de déchets en tout genre allant des plus communs comme des gobelets, des couverts, des bidons et des sacs en plastique, des canettes, des filets de pêche, des mégots de cigarettes, des déjections canines… jusqu’aux plus originaux comme un trampoline, des toilettes, des armes, une imprimante…et même des transats de plage !

Laurent, un des bénévoles et sa collection d’objets insolites trouvés sous l’eau lors de plongées. Photo : Anaïs Delmas.

La Méditerranée : un réservoir à déchets plastiques

Une étude de Statista en 2020 estime que 229.000 tonnes de déchets plastiques finissent leur course dans la Méditerranée chaque année (avec une fourchette allant de 150.000 à 610.000 tonnes). Ces derniers sont composés à 94% de macroplastiques et à 6% de microplastiques. La Méditerranée est considérée comme l’une des mers les plus polluées au monde.

Graphique de l’estimation du volume de déchets plastiques en tonnes déversés dans la Méditerranée par pays et par an. Source : IUCN.

Un courage salué par l’Assemblée nationale

Le 24 juin 2019, toute l’équipe des Fonds Bleus s’est vu remettre une médaille de l’Assemblée nationale. Une première pour une association de protection des eaux marines. “Nous avons été très touchés par cette marque de reconnaissance. Cette médaille, c’est l’aboutissement de tous nos efforts. Ces matinées à plonger dans le froid, à reproduire les mêmes gestes, avec toujours les mêmes déchets qui reviennent. Au cours de cette remise de médaille, nous avons pu, devant une assemblée d’élus, une fois de plus faire passer ce message qui nous tient à cœur : “respectons la mer” ”, confie fièrement Jacky.

Eric Pauget, député LR des Alpes-maritimes remercie l’association sur Twitter.

Leur mission ne fait pas l’unanimité chez les élus locaux

Sébastien Leroy , le maire de Mandelieu-la-Napoule est venu à leur rencontre plusieurs fois pendant leurs missions pour saluer leur initiative et les encourager à continuer. Il souhaitait que leurs actions s’étendent jusqu’à la commune qui en aurait besoin également, notamment après la saison estivale et le passage des touristes sur les plages, qui négligent parfois le déplacement jusqu’aux poubelles, après avoir mangé leur pique-nique ou fumer leur cigarette.

Quant à Jean Leonetti, le maire d’Antibes, il ne les a jamais rencontrés. “Il n’est pas du tout reconnaissant de nos actions”, affirme Rémi. Pour lui, montrer au grand jour la pollution des plages de la ville est une honte et risque de nuire au tourisme et de faire baisser la popularité de la ville. Ils ont tout de même pu obtenir auprès de la mairie un arrêté municipal « qui nous autorise à nettoyer la mer« , s’amuse Jacky, et permet la récupération des déchets après leur repêchage par les employés de la mairie.

Jacky et Rémi en plein ramassage de déchets des fonds marins. Photo : Romane Passet.

Collecter les déchets mais surtout sensibiliser

Des actions de sensibilisation ont été menées par l’association auprès des écoles d’Antibes. « On fait venir des écoliers sur la plage, on sort nos détritus, on les expose et surtout on leur explique comment ça ne doit pas arriver à la mer et je pense que c’est par l’éducation des jeunes qu’on va y arriver. », explique Jacky. Face à ce défi immense, les membres de l’association ne baissent pas les bras et placent leurs espoirs dans les jeunes générations pour prendre la mesure des enjeux et peut-être même…la relève.