A Canneseries, la Norvège rejoue la carte de l’humour dans “Power Play”

Un an après le succès de la projection de sa série “Afterglow”, qui traitait du cancer tout en faisant éclater de rire le public, la télévision publique norvégienne NRK reprend la même recette pour parler de l’histoire politique du pays. Pari réussi ?

L’équipe de la série « Power Play » à la sortie de la projection au Palais des Festivals, le 18 avril 2023. (Photo Victor C.)

Traiter d’histoire politique, tout en maintenant l’aspect divertissement, c’est l’exercice d’équilibriste auquel s’est livrée la télévision publique norvégienne NRK, avec sa série Power Play, diffusée ce mardi 18 avril en avant-première mondiale à Canneseries, en compétition. Le docu-fiction raconte l’ascension politique de la première femme qui, dès 1981, a occupé le poste de premier ministre en Norvège, Gro Harlem Brundtland. “Le rôle est difficile, parce que tout le monde la connaît encore chez nous”, confie sur le tapis rose l’actrice Kathrine Thorborg Johansen, qui l’interprète avec brio à l’écran. Et surtout avec humour. La série est ponctuée de moments qui prêtent à sourire, voire à rire franchement. L’ironie est amenée de plusieurs manières : des gags visuels, des situations provoquées par le regard que l’on porte aujourd’hui sur les relations humaines des années 70, ou bien parfois simplement avec la survenue d’événements invraisemblables, comme lorsque le patriarche du parti arrive en réunion par surprise, mais sous une pluie de confettis dorés. Tout cela dans le but de ne pas lasser le spectateur de cette touche d’humour, qui est en réalité omniprésente.

Moins efficace qu’Afterglow

Reste qu’en sortant de la salle, les avis sur la présence de cet humour sont variés. Certains, comme André, considèrent que “l’effet de surprise apporté est un plus”, mais d’autres, comme Martine, ont trouvé cela “un peu lourd, rendant plus complexe la compréhension des magouilles politiques”. Un résultat qui n’est pas le même que l’an dernier pour la NRK, qui projetait alors à Canneseries Afterglow, dont l’équipe est repartie avec le prix des lycéens. On y suivait le quotidien bouleversé d’une mère de famille qui apprend soudainement qu’elle est atteinte d’un cancer. Mais, malgré ce sujet pesant, la série avait réussi l’exploit de totalement dédramatiser la maladie. La recette ? Des scènes hilarantes qui avaient provoqué des fous rires dans la salle, tout cela en conservant l’émotion. La séance s’était conclue par un tonnerre d’applaudissements. Cette année, pour Power Play, ce fut moins le cas, et certains spectateurs ont quitté la salle entre les deux épisodes projetés. Alors est-ce un épuisement de la formule ou le thème de la politique qui touche moins le public ? Difficile à dire. La série n’en reste pas moins très agréable à regarder. Ce qui ne doit pas empêcher la NRK de songer à un certain renouvellement pour ses prochaines créations.

Victor COMBALAT