[RCC] « J’ai vu jusqu’à 400 films par an, pendant des années »

Professeur retraité, depuis 2014, du BTS audiovisuel Carnot, historien, mais aussi écrivain, Gérard Camy a multiplié les casquettes. Désormais président de l’association Cannes Cinéma, qui organise les Rencontres cinématographiques de Cannes, depuis plus de vingt-deux ans, sa passion pour le cinéma se traduit par son engagement dans la transmission des valeurs cinématographiques, aussi bien auprès de ses anciens élèves que du public. Rencontre.

Gérard Camy : “Cette médaille de Chevalier des Arts et des Lettres est une reconnaissance de ce que je fais depuis des années pour la culture cinématographique.”

Comment vous est venue votre passion pour le cinéma ?

« J’ai toujours aimé le cinéma. Petit, j’avais un projecteur à la maison et je m’amusais à regarder des films que mes grands-parents avaient fait, car à l’époque, il n’y avait pas de magnétoscope. J’aimais beaucoup regarder des extraits de Chaplin. Puis à 7 ans, j’ai commencé à aller dans mes premières salles de cinéma. C’est un art qui m’a toujours passionné, j’ai vu jusqu’à 400 films par an pendant des années et actuellement, je dois avoir plus de 5 000 DVD chez moi ! »

Vous êtes allé en fac de cinéma et vous avez aussi été professeur. Selon vous, est-ce qu’il y a une manière particulière d’enseigner le cinéma ? 

« Il y a toute une théorie qui ne me passionne pas forcément. Même si c’est très intéressant, je suis tombé dans une période où les gens analysaient les films en parlant plus d’eux que du film. J’enseignais beaucoup avec des extraits de films, et j’étais dans l’illégalité pendant des années, car présenter des extraits de films était interdit. À l’époque, j’aurais pu aller en prison 25 fois. Je pense qu’on ne peut pas expliquer le cinéma, que ce soit d’un point de vue technique, thématique ou analytique, si on ne montre pas de films. »

Les Rencontres Cinématographiques de Cannes ont des partenariats avec des lycées, c’est l’occasion pour vous d’enseigner à ces jeunes l’histoire du cinéma ?

« C’est nécessaire, parce que les jeunes ne vont plus au cinéma, mais le principe de la salle de cinéma est fondamental ! Donc j’essaie de les ramener dans ces endroits, en espérant qu’ils y reviennent de temps en temps. »

Qu’est-ce qui caractérise cette 36 édition des Rencontres Cinématographiques de Cannes ? 

« Il y a une très grande diversité de films avec la présence de documentaires qui racontent l’histoire du 7ᵉ Art, et la venue de deux icônes du cinéma, Jacqueline Bisset et Georges Chakiris.  Il y aura également un hommage à un immense comédien suédois, Max Von Sidow. Et toujours bien sûr la grande convivialité qui préside à toutes les rencontres. »

Quel est votre meilleur souvenir et votre pire souvenir de ces Rencontres ? 

« C’était à un film de clôture qui s’appelait Sud, j’avais demandé au projectionniste de vérifier si le film était sous-titré. C’était la première fois que le maire, Bernard Brochand, venait pour la soirée de clôture. Le film commence et au bout de cinq minutes, personne ne comprend ce que les acteurs disaient puisque le film était en créole et sans les sous-titres. On a arrêté au bout d’une vingtaine de minutes, j’étais liquéfié. Et à l’inverse des très bons moments, j’en ai pleins ! Mais si je devais en citer un, ce serait quand Jean-Paul Belmondo m’a dit ‘oui je vais venir à ton dîner des 25 ans’. Quand je suis arrivé dans la salle avec Belmondo et que tout le monde était déjà assis, je peux vous dire que ça a fait de l’effet. Ça a été à la fois un grand honneur, mais aussi un magnifique souvenir. »

Chloé BACH CHAOUCH & Faustine BASSAC

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