Langue bretonne : un combat à l’école comme à la maison pour Maïlys Princé

Alors que la moyenne d’âge des brittophones est de 70 ans, Maïlys Princé, enseignante de breton sur l’île de Groix, invite les familles à aussi parler breton chez elles pour sauver la langue.

Maïlys Princé enseigne aux écoles maternelle et primaire de l’île de Groix. Photo DR Maïlys Princé

Enseignante de breton sur l’île de Groix dans le Morbihan, Maïlys Princé se bat pour que la langue bretonne et ses dialectes survivent. Sa solution : reconnaître le breton comme une langue officielle. « Avec un statut de langue officielle, on peut faire beaucoup plus de choses », explique la Groisillonne. « Au même titre que l’anglais, il faudrait que le breton soit obligatoire. Au moins une à deux heures suffirait. »

Si la transmission du breton doit se faire à l’école, elle doit aussi se faire à la maison, souligne l’enseignante. « Ce qui se passe au sein de la famille, c’est important. » Et pour ce faire, Maïlys organise des cours de breton pour les adultes, certains en visioconférence, ainsi que des ateliers pour bébés en breton. « Apprendre une langue comme le breton, c’est comprendre l’environnement dans lequel on vit. »

Une langue toujours réprimandée

Alors que le dernier rapport du 12 février de la chambre régionale des comptes de Bretagne rapporte des fragilités dans le réseau Diwan, l’État français est accusé de ne pas faire suffisamment pour conserver le breton. Cela, Maïlys Princé le ressent bien : « On ne roule pas sur l’or ». Pire encore, la langue continue d’être stigmatisée. « On a le droit de faire de l’enseignement immersif, mais en fin de compte ce n’est pas tout à fait légal, on nous dit qu’on augmente le nombre de postes bilingues breton-français, mais finalement, ils ne sont pas tous attribués […] on empêche des parents de donner un nom breton à leur enfant.  » Une situation qui pour la professeure devient insoutenable : « C’est fatiguant de militer, d’aller à contre-courant contre quelque chose qui est plus grand que toi. »

« J’ai toujours été en quête d’identité« 

Maïlys Princé n’était pas pour autant prédestinée à apprendre le breton. Hormis une chanson bretonnante qu’elle avait apprise en primaire, la langue celtique n’avait pas attiré davantage son attention. Elle est née à Rennes où l’on parle principalement le gallo, une langue romane. « C’est plus cette langue-là que j’avais l’habitude d’entendre lorsque j’étais petite », raconte la professeure de breton.

C’est d’ailleurs sa passion pour les langues étrangères qui va la mettre sur la voie : « Plus jeune, j’ai toujours aimé les langues, mais parfois, je me perdais dans la culture de certains pays qui n’étaient pas les miens ». Maïlys décide alors de s’intéresser à une langue plus locale : le breton. « J’étais toujours en quête d’identité « , confesse la Groisillonne.

Mère de deux enfants, en 2017 elle fait le choix avec son mari de scolariser leur fille dans une école bilingue Diwan. Dans cet établissement, l’apprentissage se fait entièrement en breton et de façon immersive. C’est à ce moment-là que le déclic lui vient : « J’ai découvert mon pays, son histoire, une de ses langues […] c’est ça qui m’a donné envie d’apprendre le breton. »

Véritable coup de cœur, voilà maintenant six ans que Maïlys Princé s’évertue à apprendre le breton avec ses enfants et son conjoint.  » Je parle quasiment qu’en breton avec eux […] c’est familial [mais plus encore] c’est la langue qu’on parlait originellement dans le pays. « 

« Les locuteurs traditionnels sont en train de disparaître« 

Pour donner envie d’apprendre le breton aux plus jeunes, Maïlys s’est lancée à l’aventure sur YouTube. Sur sa chaîne intitulée Bretonne, qui comptabilise aujourd’hui plus de 6 200 abonnés, l’enseignante partage des histoires, des anecdotes et informations en rapport à la Bretagne. Un moyen de prouver que le breton est toujours une langue vivante.

Alors si Maïlys Princé reste optimiste quant à l’enseignement du breton, elle reconnaît qu’il « faut être réaliste ». « Les locuteurs traditionnels sont en train de disparaître  » car l’âge moyen des brittophones est de 70 ans.  » Ce sera compliqué de faire en sorte que le breton soit à nouveau la langue qu’on parle dans le pays […] le français a trop pris de place. »

Nicolas FONTAINE
édité par Marilou DURANDO

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