Sans modération

Interdire la vente d’alcool après une certaine heure dans les points de vente, est ce vraiment une bonne idée ? Les arrêtés municipaux, à Cannes notamment, doivent servir à éviter une consommation d’alcool massive après 22 heures dans les espaces publics de la région.

La majorité des supermarchés de Cannes arrêtent leur vente d’alcool dès 22h. Dans certains magasins de cette même ville, cette interdiction se fait même à partir de 18h. Cependant, beaucoup d’épiceries ne respectent pas les arrêtés mis en place. Un épicier local nous avoue même qu’il vend, « comme tout le reste des épiceries de la ville, de l’alcool toute la nuit malgré cette interdiction ». Il va jusqu’à ajouter que : « même quand les personnes paraissent mineures, je ne leur demande pas leur carte d’identité, ils peuvent acheter de l’alcool ».

Certes, avec les prix de l’alcool dans les épiceries (les bouteilles pouvant coûter le double de leur prix dans les grandes surfaces), refuser de vendre après l’heure autorisée représenterait une forte baisse de revenus pour le vendeur qui peut aller jusqu’à vendre une vingtaine de bouteilles d’alcool fort en une seule soirée. Depuis quelques temps, certaines épiceries ont dû arrêter ce « trafic » à cause d’avertissements des autorités, l’une se trouvant en plein centre de Cannes.

La majorité des supermarchés de Cannes arrêtent leur vente d’alcool dès 22h.
La majorité des supermarchés de Cannes arrêtent leur vente d’alcool dès 22h.

Une solution serait pourtant possible

Tout magasin, tel qu’un supermarché ou une épicerie voulant vendre des boissons alcoolisées entre vingt deux heures et huit heures, doit suivre une formation spécifique afin d’obtenir un permis de vente d’alcool pendant cet horaire. À Cannes, personne ne possède cette Licence IV excepté les bars et les boîtes de nuit. La limitation horaire pour la vente d’alcool ne touche donc pas énormément les personnes voulant acheter de l’alcool après 22h, puisque le même épicier affirme : « depuis que le grand Monoprix a interdit sa vente d’alcool après dix-huit heures, j’ai remarqué que beaucoup plus de jeunes venaient acheter ici. C’est plus cher mais les gens préfèrent acheter une bouteille de vodka par exemple à vingt-cinq euros, ça sera toujours moins cher qu’acheter à boire dans les bars. »

« Pour éviter de nous faire prendre par la police quand on vend de l’alcool, on demande aux personnes de mettre leurs achats dans leurs sacs ». Une réglementation qui n’a donc pas pour conséquence une diminution de la consommation d’alcool dans les espaces publics. Mais plutôt une augmentation du prix de l’alcool pour les personnes achetant désormais plus souvent dans les épiceries. Brian, une jeune de 22 ans, nous explique : « j’achète toujours mon alcool dans les épiceries avant d’aller en soirée. En général, je sors vers vingt-trois heures, et à cette heure-là, les supermarchés sont déjà tous fermés. Que ce soit des bières ou des alcools plus forts, c’est beaucoup moins cher que dans les bars donc même si les prix sont élevés c’est toujours mieux. Dépenser vingt euros dans une soirée c’est acceptable ».

Il nous avoue aussi qu’à seize ans il achetait déjà de l’alcool dans les épiceries : « je n’ai jamais eu de problèmes avec mon âge, tant qu’on paye et qu’on peut cacher la bouteille lorsqu’on sort du magasin, les épiciers ne nous embêtent pas ». Ces arrêtés sont ils vraiment utiles ? Rien n’est moins sûr. Peu respectés tant par les commerçants que par les consommateurs, la question de leur suppression ou de leur remplacement par un autre dispositif se pose.

 

Par Costanza BERTELLA

Laisser un commentaire