La mauvaise campagne de l’ONU Femmes

C’est dans l’air du temps et ça devient vraiment agaçant. Il faut choquer, toujours choquer. Il faut provoquer des émotions fortes chez les citoyens. Il faut leur balancer des faits ou des images à la figure pour les révolter, les bouleverser, les offusquer. Leonarda, la NSA, Brignoles, Lampedusa,… On ne se rend compte qu’après avoir déchaîné les passions qu’il aurait fallu prendre du recul.

C’est exactement dans ces travers qu’est tombée l’ONU Femmes avec sa dernière campagne « anti-sexisme ».

L’ONU a incrusté sur des visages de femmes de différentes ethnies les suggestions automatiques de Google. Quand on commence des phrases telles que « les femmes devraient… », « les femmes ne devraient pas… » on lit qu’elles ne devraient pas avoir de droits ni voter, qu’elles ne savent pas conduire, qu’elles devraient être esclaves, qu’elles doivent rester à leur place et qu’on ne peut pas leur faire confiance. Ces suggestions Google seraient censées refléter un sexisme répandu chez les internautes, une pensée populaire, l’état du sexisme de nos jours.

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Qui a cherché ces termes ? Depuis quel ordinateur ? Dans quel pays ? Comment peut-on savoir que quelqu’un à l’ONU ne s’est pas amusé à taper ces pensées dans sa barre de recherche pour les faire remonter dans sa liste de suggestions, puis faire une capture ? Si on va encore plus loin, qui nous dit que ça n’a pas été modifié sur Photoshop ?

Le système de suggestions est déjà assez controversé pour en rajouter. Il est certes basé sur les recherches les plus populaires : plus un terme est cherché, plus il sera placé haut dans la liste de suggestions, mais elles sont aussi liées à l’historique personnel de chaque utilisateur.

De plus, ces recherches apparaissent étranges : qui tape ce genre de phrases, qui sont des affirmations, dans la barre Google ? Quel est l’intérêt ? Une recherche internet, c’est pour trouver une réponse, un article, une définition, une vidéo, pas une opinion, ni son infirmation ou sa confirmation.

Si cette campagne cherche à illustrer le sexisme des utilisateurs de Google, elle montre peut-être aussi leur curiosité. On peut supposer que des centaines de personnes ont tapé ces termes pour se renseigner sur le statut des femmes dans le monde. Pour se documenter. Pour s’instruire. Et non pas pour aller chercher une quelconque approbation du moteur de recherche. Cette « campagne » est absurde. Sans connaître les motivations des utilisateurs qui tapent ces termes, elle n’a aucune valeur.

Voici le commentaire très pertinent d’une utilisatrice Facebook à ce sujet :

 « Je pense que ce genre de campagnes et d’articles ne font qu’attiser les discriminations et renouveler sans cesse un problème et un débat qui vieillissent. Les hommes et les femmes tendent partout dans le monde civilisé à devenir égaux, et c’est plutôt vieux comme aspiration.

Mais pour ce qui est du monde où des religions basées sur la domination masculine règnent, il ne faut tout simplement pas en parler tant que nous n’avons pas le pouvoir de leur faire accepter une solution.

Et c’est important d’aller sur Google et d’écrire soi-même « Women should… » Vous serez étonnés !

Moi, j’ai : « Women should be complementary to men » comme première, puis vient « Woman should be given a greater role today ».

Ce qu’a fait ONU-Femme est de la propagande mensongère, indigne d’une organisation qui se dit défendre les droits des humains. »

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Lucie Hovhannessian