Dérives des médecines douces : les patients touchés, les praticiens aussi

Sophrologie, acupuncture, lithothérapie et bien d’autres médecines alternatives ont gagné en popularité ces dernières années. En juin dernier, l’Ordre des médecins (CNOM) a publié un rapport, constatant un manque d’encadrement de ces pratiques non contrôlées et alertant sur les dérives.

70% des signalements dans le domaine de la santé concerne les médecines douces (CNOM). Photo DR

Si les médecines alternatives ont bien pris racine sur le territoire français et satisfont bon nombre de patients, il est impératif d’en examiner les effets négatifs potentiels. Une étude publiée dans le Journal of Alternative and Complementary Medicine en 2019 a analysé les retombées indésirables de diverses médecines alternatives. Les chercheurs ont constaté chez certaines personnes de l’anxiété, de la détresse émotionnelle, voire des complications physiques suite à des traitements alternatifs. Cela peut provenir de l’inefficacité des méthodes, du manque de formation des praticiens, ou d’une croyance excessive en ces pratiques, qui peut conduire à l’abandon des traitements médicaux classiques. En 2021, un canadien a perdu la vie en stoppant ses médicaments pour soigner le VIH, croyant que la naturopathie seule serait plus efficace.

71% des Français ont déjà eu recours à des médecines douces

Mais si les patients peuvent subir des conséquences néfastes suite à un traitement alternatif, du côté des praticiens, on peut également trouver des cas de dérives. Anne Géno, ostéopathe de formation, propose des soins animiques à ses patients depuis plus de 20 ans. Après des années de pratique, elle a développé une approche médicale ésotérique en communiquant avec les gardiens spirituels de ses patients. « Au début, je croyais que je pouvais aider les gens à travers une communication spirituelle profonde. C’était ma mission. Mais au fil des années, plus je me suis immergée dans ces énergies, plus je me rendais compte que cela me prenait tout, jusqu’à m’épuiser complètement, explique-t-elle. La plupart de mes patients étaient des gens formidables, mais de temps en temps, je me retrouvais face à des individus toxiques, remplis de méchanceté. Les énergies malsaines et perverses que j’ai rencontrées ces dernières années m’ont beaucoup affectée. » Finalement, l’ostéopathe a décidé de mettre un terme à sa carrière, priorisant sa santé mentale : « Mon mari m’a vu sombrer mentalement et physiquement. J’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer ainsi, même si cela signifiait abandonner ce devoir que je m’étais donné. »

Une menace de « dérives sectaires » selon le CNOM

« Aujourd’hui, l’offre de PSNC (pratiques de soins non conventionnelles) étant exponentielle, il est nécessaire de faire le tri entre des pratiques dangereuses pour la santé des patients et celles qui peuvent présenter un intérêt dans l’accompagnement du malade et les restreindre au seul domaine du bien-être », explique l’Ordre des médecins. En vue des dangers potentiels de ces méthodes, l’institution a demandé un contrôle plus serré sur ces pratiques en juin dernier.

Angèle INGRAND
édité par A.I.

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