Sport de haut niveau : « Les clubs sont beaucoup plus à l’écoute de la santé mentale de leurs joueurs »

À l’occasion d’un échange avec les étudiants de l’école de Journalisme de Cannes, Louis Vitou et Bryan Sautereau, deux joueurs professionnels de hockey sur glace ont abordé le sujet de la santé mentale. Longtemps resté tabou, le bien-être psychologique des sportifs de haut niveau gagne en considération.


Bryan Sautereau et Louis Vitou, ont répondu aux questions d’étudiants en journalisme le 8 février au Campus au Georges Méliès.

Blessures, concurrence, pression de performance… Le sport professionnel met la santé mentale des athlètes à rude épreuve. À seulement 23 ans, Louis Vitou connaît cette année sa sixième saison en ligue Magnus (première division de hockey sur glace) avec Les Aigles de Nice. Il quitte son foyer familial à l’âge 15 ans pour intégrer le sport étude d’Anglet. Il admet « avoir connu plusieurs moments de doutes » depuis le début de sa carrière, notamment lors de son passage à Bordeaux : « La première saison, j’ai eu du mal à m’intégrer et mes performances n’étaient pas bonnes. L’année suivante, j’ai joué trois mois puis une blessure m’a écarté pour le reste de la saison. » Bryan Sautereau, ami et coéquipier de Louis Vitou, souligne l’aspect instable du sport professionnel : « Ça peut s’arrêter du jour au lendemain, si on se blesse par exemple. Mais j’essaye de ne pas trop y penser. »

La fin d’un tabou ?

En 2022, Teddy Riner déclarait dans une interview pour Brut : « Si ma psy n’avait pas été là, j’aurais eu une autre carrière. » Le triple champion olympique a entamé un suivi psychologique dès ses 14 ans et « a été le premier ambassadeur de la psychologie », selon Meriem Salmi, psychologue à l’INSEP. Le constat de Bryan Sautereau est que : « plus ça va, plus ça se développe. », mais que dans le même temps : « beaucoup considèrent encore que c’est pour les faibles. » Si certains joueurs sont encore réticents, les clubs, quant à eux, n’hésitent pas à sensibiliser leurs joueurs : « On nous dit dès le début de saison qu’il ne faut pas attendre que ça n’aille pas. Même quand ça va très bien, ça peut t’aider à aller encore mieux. » Le joueur niçois ne s’y trompe pas, les clubs ont compris l’ambivalence entre bien-être psychologique et performance : « Les clubs sont beaucoup plus à l’écoute de la santé mentale de leurs joueurs, car ils veulent que leurs joueurs performent, et les joueurs performent s’ils se sentent bien. »

Quel accompagnement psychologique ?

Même si la préparation mentale est souvent utilisée dans un objectif d’optimisation de la performance, cela peut aussi mettre en lumière des traumatismes chez l’athlète : « Je me suis déjà tourné plusieurs fois vers une préparatrice mentale, qui dans mon cas a plus eu le rôle d’une psychologue. », témoigne Louis Vitou. Un cas loin d’être isolé si l’on en croit cette enquête menée fin 2020 par le Comité Éthique et Sport sur plus de 1200 sportifs. Plus de 80 % d’entre eux ont déjà ressenti un manque d’énergie, de la tristesse, ou un manque de confiance lié à leur pratique sportive. Outre les professionnels de la santé mentale, Louis Vitou souligne également l’importance de l’entourage : « C’est important d’être bien entouré. C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte que c’est essentiel d’avoir des personnes de confiance à qui se confier. »

Haron LEVEAU

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