Canneseries 2024 : le bilan d’une septième saison brillante et offensive

Quelques semaines à peine après une nouvelle édition puissante du festival concurrent Séries Mania à Lille, et l’annonce du départ de l’historique MIPTV de la Croisette, le pink carpet tente de se préparer à un avenir incertain.

« Un tournant » pour le festival. Voilà comment les organisateurs de Canneseries, avec en première ligne sa présidente Fleur Pellerin et le maire de Cannes David Lisnard, ont qualifié la saison 2023 du festival, lors de la cérémonie d’ouverture de cette 7 édition le 5 avril dernier.

Il faut dire que le bilan de l’an passé était assez remarquable, pour un événement aussi récent que ce festival international des séries : stars françaises et internationales au rendez-vous, diffusion de la cérémonie d’ouverture sur Canal +, première fois de la compétition documentaire…

Alors en 2024, on prend les mêmes et on recommence, ou plutôt, on tente de perfectionner. En résulte un festival brillant, avec des soirées hors compétition plus attendues les unes que les autres, un auditorium Louis Lumière souvent plein à craquer, et en prime une sélection de séries toujours aussi variée et pertinente.

Une concurrence rude venue du nord

L’affiche de la cérémonie d’ouverture était déjà très alléchante : Canal +, le partenaire financier historique du festival, présentait en avant-première, hors compétition, Terminal, le nouveau sitcom de Jamel Debbouze vingt ans après le cultissime H, avec notamment Ramzy Bedia et Camille Chamoux au casting.

Mais c’est un invité assez inattendu que David Lisnard a mis en lumière d’une phrase dans son discours d’ouverture : Dominique Boutonnat, le président du CNC. Une mention importante, puisque depuis la naissance de Canneseries, le CNC ne contribue pas à son financement, et soutient son concurrent venu tout droit des Hauts-de-France, Séries Mania.

Le festival lillois, notamment qualifié de « phénomène » par nos confrères des Echos, a reçu cette année 98.000 spectateurs du 15 au 22 mars selon les organisateurs, et fait donc de plus en plus d’ombre au pink carpet cannois. Cette guerre entre les deux festivals internationaux a beau durer depuis 2018, elle s’intensifie d’année en année, et nécessite pour chacun d’avoir des armes pour survivre.

D’où l’importance symbolique pour Cannes de recevoir le représentant du CNC pour l’ouverture de cette saison 7, mais aussi de continuer à se servir du prestige de la Croisette pour attirer de grandes stars, comme Michael Douglas, Pierre Niney, Daniel Brühl, Ludivine Sagnier ou encore François Civil cette année.

Le départ du MIPTV, signe d’incertitude pour Canneseries

Le festival lillois n’est pas le seul nuage au-dessus des marches du Palais des Festivals : le MIPTV, grand marché de l’audiovisuel annuel auquel Canneseries s’adosse depuis sa première édition, à l’image du Marché du Film pendant le Festival de Cannes, va s’expatrier à Londres dès l’an prochain. Ce n’est pas réellement une surprise, puisque les chiffres de fréquentation de ce salon, qui avait fêté sa soixantième édition en 2023, étaient en berne depuis des années, le Covid n’ayant rien arrangé.

Mais pour ce très jeune festival des séries qui lui est adossé, ce départ impose désormais de réfléchir à un nouveau modèle, pour continuer d’attirer le milieu de la création de séries sur la Croisette. Et le maire de Cannes a tenté d’apporter de premières réponses lors de la cérémonie de clôture, ce mercredi 10 avril.

Un rapprochement avec le Festival du Film

Le premier changement majeur se joue sur le calendrier du festival. La huitième édition, qui se déroulera du 22 au 27 avril 2025, abandonne le format actuel du vendredi au mercredi, pour s’ouvrir le mardi soir, comme c’est le cas pour le Festival du Film, et se clore le dimanche soir. Canneseries se rapproche également de plus en plus du mois de mai, s’éloignant très légèrement de Séries Mania sur les agendas.

Mais l’annonce qui est peut-être la plus importante de David Lisnard en cette fin de saison 7, au-delà du soutien renouvelé aux équipes pour l’an prochain, et la création d’une sorte de « Marché des séries » en parallèle de l’événement grand public. Un vrai pari, qui peut aussi bien propulser le pink carpet dans la durée, ou avoir l’effet d’un pétard mouillé et mettre en péril son avenir.

Une chose est sûre, le Festival International des Séries de Cannes a de l’ambition pour l’avenir. Et la qualité comme l’exigence de sa compétition – une nouvelle fois mises en valeur cette année par le triomphe de la création allemande The Zweiflers, chronique osée d’une confrontation intergénérationnelle au sein d’une famille juive, mais aussi la présence des premières séries brésiliennes et chinoises sur la Croisette – ont démontré une nouvelle fois que Canneseries avait, du moins à ce jour, une raison d’être.

Victor Combalat

Le palmarès complet de cette 7 édition :

Compétition

  • Meilleure Série : The Zweiflers, Allemagne
  • Meilleur Scénario : Dumbsday, Norvège
  • Meilleure Musique : The Zweiflers, Allemagne
  • Prix Spécial d’Interprétation : Le cast dOperation Sabre, Serbie/Bulgarie
  • Meilleure Interprétation : Aina Clotet dans This is not Sweden, Espagne/Suède/Allemagne/Finlande
  • Prix des Lycéens, Meilleure Série Longue : The Zweiflers, Allemagne

Compétition Séries Courtes

  • Meilleure Série Courte : Rather Burn, Argentine/Espagne
  • Prix des Etudiants, Meilleure Série Courte : Money Shot, Finlande

Compétition Séries Documentaires

  • Meilleure Série Documentaire : DJ Mehdi : Made in France, France

Prix d’honneur

  • Canal + Icon Award : Kyle Maclachlan
  • Madame Figaro Rising Star Award : Ella Purnell
  • Prix de l’engagement Konbini : Michaela Jaé Rodriguez

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