
Étiquettes
La France en perte de vitesse au Vatican
Le 13 mars dernier, du haut du balcon de la Basilique Saint-Pierre, le cardinal d’origine bordelaise Jean-Louis Tauran a intronisé le Pape François en prononçant le rituel « Habemus Papam ». Bien que ce soit un Français qui ait annoncé le nouveau nom du souverain pontife, depuis les années 1960 et le concile Vatican II, la France a perdu de son historique influence au Saint-Siège. Explications.
«Nous ne présentons pas de candidat »
Le jour de la démission du Pape, lors d’une conférence de presse à l’Élysée avec le président Nigérian, François Hollande déclarait d’un ton humoristique : «Nous ne présentons pas de candidat. ». Plus qu’une simple boutade, les paroles du Président de la République ont une réelle connotation. D’abord, à la différence de certains pays comme l’Italie ou les États-Unis, la France n’a pas porté d’intérêt particulier à l’élection en incitant un cardinal à se « présenter ». Et puis, de manière plus radicale, aucun cardinal français ne pouvait véritablement se porter candidat.
Au sein du conclave, la France ne comptait que quatre cardinaux : Philippe Barbarin, Jean-Pierre Ricard, Mgr André Vingt-Trois et Jean-Louis Tauran. Cette représentation était bien faible par rapport aux Italiens qui comptaient vingt-huit cardinaux, les États-Unis onze, l’Allemagne six ou encore l’Inde qui portait à cinq son nombre d’électeurs parmi le sacré-collège. Si la responsabilité d’annoncer « Habemus Papam » est revenue à un Français, la raison est simple, il est le cardinal protodiacre, c’est à dire le plus ancien des cardinaux diacres…
Un avenir dans l’ombre?
Dans son édition du 28 février dernier, le Nouvel Observateur précise que « A haut niveau, on peut même compter les prélats sur les doigts d’une main : le cardinal Jean-Louis Tauran au Dialogue interreligieux, l’évêque Corse Dominique Mamberti aux Relations avec les États, Mgr Jean Laffite à la Famille et le dominicain Jean-Louis Bruguès relégué à la Bibliothèque vaticane. »
Il y a plusieurs raisons de cette perte d’influence de la France au Saint-Siège. Dans un rapport réalisé en 2009 par le groupe d’étude « à vocation internationale sur les relations avec le Saint-Siège » dirigé par l’ancien député de l’Isère, Jacques Remiller, il constate différentes causes. D’abord, au niveau des questions diplomatiques, la France s’intéresse beaucoup moins au Saint-Siège. Jacques Remiller évoque aussi le déclin de la langue française dans la Cité du Vatican : « L’italien est devenu la langue officielle du Vatican en remplacement du latin et la majeure partie des études dans les universités pontificales et les instituts de formation a lieu en italien (quelquefois en anglais)… »
Le problème actuel vient aussi du manque de relève. Depuis plusieurs années, il n’y a plus aucun français dans les promotions de la prestigieuse École des nonces, où auparavant la France gouvernait. En conséquence, les voix françaises au Saint-Siège devraient s’éteindre dans les prochaines années, si cela n’est pas remanié…
L’avis de Msg Jean Gautheron, curé de Cannes :
Victor Vasseur