S’engager, ils l’ont fait!

Plus de 20 000 jeunes ont fait leur service civique l’année dernière, pour s’engager dans une cause ou pour s’insérer professionnellement. Filles ou garçons, étudiants ou non, tous peuvent décider de vivre cette expérience incroyable.

Sur la base du volontariat, sans diplôme particulier, tous les jeunes de seize à vingt-cinq ans peuvent faire leur service civique. Le principe est simple : pendant six à douze mois, ils intègrent une association ou une collectivité. Ils peuvent aller planter des arbres en Afrique, aider les personnes âgées de leur quartier, ou partir à l’autre bout du monde venir au secours de familles qui vivent dans des conditions déplorables. Tout ça pour une rémunération de l’État à hauteur de 470 euros par mois. Ce n’est donc pas du bénévolat, ni un contrat de travail classique. C’est une « mission de service civique ». Ce dispositif, anciennement appelé service civil volontaire, a été modifié en 2010 et a déjà fait ses preuves.

D’après une étude de mars 2013 de TNS Sofres, 89% des anciens volontaires se disent satisfaits de leur mission. Le nombre de jeunes qui s’engagent est en constante augmentation. « Il y a un an, on avait énormément de mal à pourvoir les postes vacants, dit la directrice de la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) de Cannes. Mais aujourd’hui, on a trop de demandes. » Le service civique est aussi une passerelle vers la vie professionnelle. « Les employeurs y sont sensibles, nous explique un intervenant militaire aux journées de défense et de citoyenneté (JDC). Je le conseille aux jeunes qui n’ont pas de qualification, qui ne travaillent pas et qui ne savent pas quoi faire de leur vie. Ça leur permet de sortir d’un quotidien vide et de se réacclimater à la vie active. » Voilà un des points forts du service civique : l’insertion professionnelle. Pour 61% des anciens volontaires le service civique aide à trouver un emploi. Ou du moins, à se construire un projet d’avenir… Guillaume, 21 ans, a arrêté la fac au mois de janvier. Après avoir essayé de travailler à l’usine, il a commencé son service civique. « J’étais dans le flou, mais maintenant j’ai trouvé ma voie, et ça m’a conforté dans mes perspectives d’avenir. Je vais m’inscrire en BTS à la rentrée pour continuer dans le domaine du social. » Mais c’est avant tout un apport personnel. La majeure partie des anciens volontaires ont le sentiment d’avoir été utile à la société, et les études montrent qu’ils font plus facilement confiance aux autres et qu’ils sont plus ouverts.

Évolution du nombre d’engagements dans le service civique (chiffres : Les Échos et Libération)
Évolution du nombre d’engagements dans le service
civique (chiffres : Les Échos et Libération)

« Le contact et le relationnel apportent beaucoup de maturité et d’expérience », d’après Élise qui vient juste de finir son service à 19 ans. « On en apprend sur les autres, mais aussi beaucoup sur soi-même. Maintenant, je sais que je suis capable d’avoir des responsabilités et de les assumer. » La plupart travaillent en autonomie et s’occupent de tout. Si certains appréhendent et ont peur de ne pas être à la hauteur du poste qu’on leur confie, ils apprennent vite à se faire confiance. Une expérience riche, et qui permet surtout d’aider les autres.

Service civique et précarité

Si le principe est noble et l’expérience riche, le service civique pose tout de même un problème de précarité. Les jeunes volontaires occupent souvent des postes de salariés, mais leurs indemnités trop basses ne leur permettent pas de s’assumer seuls. Avec moins de 500 euros par mois, difficile de payer son loyer, ses factures, et de remplir son frigo. «Le souci, c’est le montant des indemnités qui est ridicule par rapport aux responsabilités que j’ai», déplore Guillaume, un volontaire de 21 ans. D’autant que ces revenus placent les volontaires en-dessous du seuil de pauvreté. Sans oublier qu’ils ne cotisent pas à Pôle Emploi, et n’ont droit ni au RSA ni aux ASSEDIC… De quoi minimiser le taux de chômage des jeunes. « Nous ne sommes pas comptabilisés comme demandeurs d’emploi pendant la durée du service, ce qui rend les chiffres du chômage moins effrayant, ajoute Guillaume. « Mais cela n’enlève en rien la difficulté dans laquelle on se retrouve, malheureusement. »

Laura, 23 ans, ne regrette pas du tout de s’être engagée à Antibes.

Laura, 23 ans, ne regrette pas du tout de s'être engagée à Antibes.
« Une expérience inoubliable »

Je fais mon service chez un bailleur social, je réalise des enquêtes sur les besoins de mon quartier. En plus je m’occupe de la vie associative du coin. C’est très enrichissant et formateur. Je ne suis pas du tout motivée par l’argent, je travaille 35 heures par semaine et avec un job normal je gagnerais beaucoup plus. Il y a un véritable échange avec nos formateurs, ils nous apportent beaucoup et c’est rassurant d’être encadré. C’est une expérience humaine ! Ce n’est pas juste un job, c’est de l’entraide.

 

 

 

 

Mathis, 18 ans, élève au lycée Carnot de Cannes, a entendu parler du service civique à la JDC.

Mathis, 18 ans, élève au lycée Carnot de Cannes, a entendu parler du service civique à la JDC.
« Le service civique, jamais ! »

Le service civique, je n’ai pas le temps de le faire, et de toute façon, ça ne m’intéresse pas. Je suis en terminale ES, et je veux faire des études après le lycée, pas partir six mois ou un an. C’est une perte de temps considérable, j’ai peur des effets négatifs que ça pourrait avoir sur mon projet futur. Le service civique n’est pas inutile, il faut bien que des gens s’occupent de ça, mais je pense que c’est mieux de laisser la place à ceux qui n’ont aucun projet et qui ne font rien de leur vie. Surtout quand on voit le montant des indemnisations…

Thomas, 20 ans, fait son service civique à Paris pour un an.

« Un retour à la réalité »

Je fais mon service civique à l’association Étincelle, un centre socioculturel à Paris. Je suis au pôle jeunesse, je bosse avec des enfants de CP. Je les accompagne au musée ou dans des parcs d’attraction quand ils ont du temps libre, ou parfois, je les aide pour leurs devoirs. Depuis, j’ai plus les pieds sur terre, et je me sens utile. C’est d’abord pour s’engager, on ne fait pas vraiment ça pour l’argent. Et on apprend beaucoup, parce qu’il y a une vraie mixité sociale, au sein des bénévoles, des jeunes du service civique et des enfants avec qui on travaille

Juliette Redivo, Romane Idres et Jessica Coudurier.

Laisser un commentaire