Les étrangers en équipe de France, pourquoi polémiquer ?

Depuis samedi 1er novembre, et les larmes de Scott Spedding à l’annonce de sa sélection avec le XV de France, le débat sur les étrangers en équipe de France est relancé.

La question étant de savoir si les joueurs d’origine étrangère, n’ayant jamais été sélectionnés pour leur pays natal, peuvent intégrer le groupe France. L’exemple de Scott Spedding est frappant. Le joueur d’origine sud-africaine, en pleurant devant les caméras de Canal +, a montré à quel point sa sélection était un objectif, voire même un aboutissement. Mais aujourd’hui, l’arrière bayonnais n’est pas le seul concerné par cette problématique. On pense notamment à Uini Atonio (joueur de La Rochelle, né dans les îles Samoa) et à Bernard Le Roux (joueur du Racing-Métro 92, né en Afrique du Sud). On peut également prendre des exemples moins récents qui ne faisaient pas polémique à l’époque : Abdelatif Benazzi (Marocain qui fut capitaine des bleus), Pieter de Villiers, Tony Marsh ou Brian Liebenberg. Les partisans des étrangers en équipe de France expliquent qu’il est préférable d’avoir un joueur étranger mais fier de jouer pour l’équipe de France plutôt qu’un jeune né en France moins compétent. Les opposants répliquant que ces différentes sélections de joueurs étrangers brident la formation française.

Le joueur sud-africain, Scott Spedding lors de sa première sélection en équipe de France. (Crédit Photo : AFP - Anne-Christine Poujoulat)

Le joueur sud-africain, Scott Spedding lors de sa première sélection en équipe de France. (Crédit Photo : AFP – Anne-Christine Poujoulat)

Le paradoxe français

Avec le XV de France, nation de rugby majeure, les « étrangers » sont couramment au cœur des débats. Prenez par exemple la sélection des joueurs évoluant dans un championnat étranger. En Angleterre, en Australie et en Nouvelle-Zélande, la fédération refuse de sélectionner des joueurs n’évoluant pas dans leur championnat national. L’exemple le plus criant est celui de Steffon Armitage, meilleur joueur européen de la saison 2013-2014 que Stuart Lancaster ne peut pas sélectionner puisqu’il joue à Toulon, en Top14. Sur ce sujet la France est assez ouverte et se refuse à toute polémique. Par exemple Bernard Laporte n’avait pas hésité à sélectionner Sébastien Chabal alors qu’il évoluait à Sale en Angleterre. Par contre, les Français n’hésitent pas à polémiquer sur la sélection de joueurs d’origine étrangère, pourtant prêts à se battre pour porter le maillot frappé du coq. Au contraire, les autres nations réticentes sur le sujet précédent se moquent de sélectionner un joueur né hors de leur sol, du moment qu’il se donne à 100% une fois le maillot sur les épaules. En Angleterre, on peut citer Manu Tuilagi, centre de 23 ans né dans les îles Samoa qui comptabilise déjà 19 sélections, et qui est un homme clé du XV de la rose. Mais encore une fois le meilleur exemple nous vient tout droit de la « nation du rugby », la Nouvelle-Zélande. Lors du Mondial 2011 organisé sur leur sol, les All Blacks n’avaient pas sélectionné Luke McAlister, uniquement parce que le joueur, aussi talentueux soit-il, jouait à Toulouse. Par contre, ils n’ont pas hésité à sélectionner cinq joueurs (dont les titulaires Mils Muliaina, Jérôme Kaino et Ben Franks) nés hors du sol néo-zélandais. Résultat, ils remportèrent le mondial et personne ne cria au scandale. L’équipe de France ne devrait-elle pas lâcher du lest si un jour elle veut inscrire son nom au palmarès de la Coupe du Monde ?

Jérôme Kaino, vainqueur du mondial 2011, avec les All Blacks malgré ses origines samoanes (Crédit Photo : photosport).

Jérôme Kaino, vainqueur du mondial 2011, avec les All Blacks malgré ses origines samoanes (Crédit Photo : photosport).

La performance remarquée de Scott Spedding lors de sa première sélection, contre les Fidji, a donné du crédit à sa présence en équipe de France. Nous nous sommes donc rendus à la sortie du stade pour savoir ce que les Français, sportifs ou amateurs de rugby, pensaient de cette polémique.

Le point de vue de Jo Maso ancien international et manager du XV de France de 1995 à 2011,

Le nageur français et icône du sport Camille Lacourt.

L’opinion de Laurent, 20 ans, fan du XV de France.

Pierrick Ilic-Ruffinatti & Elie Julien