Marche républicaine pour Charlie Hebdo : la présence du FN divise

Une marche est prévue dimanche 11 janvier à Paris, après l’attentat contre Charlie Hebdo. Organisée par dix partis politiques dont l’UMP et le PS, elle doit symboliser l’union nationale dans ce contexte de deuil. La place du Front National fait polémique : indésirable pour certains, indispensable pour d’autres.

L’unité qui prédominait depuis l’attentat du mercredi 7 janvier connaît un premier revers. Sous la houlette du gouvernement, une dizaine de formations politiques de tous bords était rassemblée jeudi 8 janvier. Cette réunion préparatoire avait pour but de planifier la marche républicaine prévue dimanche 11 janvier. Marine Le Pen n’a pas été conviée. La présidente du FN dénonce son « exclusion qui marque la fin de l’union nationale ».

Marine Le Pen dénonce son « exclusion » de la « marche républicaine ».

Les responsables du FN ont fait front avec leur présidente face à ce qu’ils considèrent comme une injustice.

D’autres responsables politiques de droite comme Laurent Wauquiez, François Fillon et Thierry Mariani (UMP) affirment que l’union nationale doit inclure le Front National. Le président du MoDem, François Bayrou, a déclaré : « l’unité nationale, pour exister, doit se donner comme règle qu’on n’exclut personne ».

D’autres responsables n’hésitent pas à s’élever contre la présence du FN. C’est le cas de Julien Dray, député PS dans l’Essonne. Anne Hidalgo, maire de Paris, a abondé dans ce sens : « c’est une marche républicaine et un rassemblement républicain donc ne peuvent venir que les partis républicains. Le Front national ne fait pas partie de ces partis qui défendent les valeurs de la République. »

Afin d’atténuer la polémique, François Hollande a sobrement répliqué que l’accès aux rassemblements ne sera pas limité.

Un débat dérisoire 

D’autres ont cherché à tourner l’affaire à la dérision. La crainte de récupération, qui existe depuis le début de cette affaire, devient une vraie problématique avec l’entrée en jeu des partis politiques.

 

Les réactions les plus véhémentes ne sont pas venues de la classe politique. Certains twittos célèbres n’ont pas hésité à montrer leur agacement face à l’incapacité des partis politiques à taire leurs divisions.

Un débat ubuesque

Les arguments existent dans les deux sens, le FN peine encore à être vu comme un parti « normal ». Dès lors, le vrai débat est peut-être : a-t-on vraiment besoin de partis politiques pour organiser une telle marche ? Près de 100.000 manifestants venus spontanément partout en France au soir de l’attentat semblent montrer le contraire.

Jean-Luc Mélenchon conteste le rôle organisateur des partis politiques, aisément substituables d’après lui :

Ironie de la situation, le FN en ressort renforcé. En l’invitant, le gouvernement lui aurait donné la légitimité d’un parti comme les autres. En ne l’invitant pas, il lui confère le rôle de victime subissant une discrimination. Un comble, quand on sait à quel point Charb et ses camarades ont, de leur vivant, combattu les idées du parti frontiste.

 

Lara Pekez & Loïc Masson