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Pas de vélib à l’horizon cannois
Rallier le boulevard Carnot à la pointe de la Croisette à vélo en évitant la circulation est le rêve de tout Cannois. Seulement, la cohabitation entre le système vélocipède et la ville n’est pas évidente. Une information paradoxale pour cette ville dynamique, mais qui comporte des explications.
En terme de création de pistes cyclables, la ville de Cannes n’est pas exempte de tout reproche. Ses quelques sept kilomètres aménagés paraissent bien maigres à côté de La Rochelle qui en possède vingt fois plus.
Une lacune à laquelle il faut ajouter le manque de système vélocipède mis au service de la population. Une situation qui agace les habitants de la ville dont Jean Claude Orru, président d’une association citoyenne des quartiers est cannois : « La ville de Cannes est très en retard par rapport au vélib. Il faut ramener à la réalité nos élus sur ce projet car je sais qu’ils sont sur une idée basée une vieille consultation. Je pense que le panel consulté n’était pas représentatif au regard d’un tel projet.»

En l’absence d’un système vélocipède en libre circulation, la majorité des vélos à Cannes sont ceux de particuliers. Crédit: Sacha Zylinski
La topographie cannoise apparait également comme un frein à l’utilisation du vélo. Les nombreux « faux plats » jalonnant la ville n’incitent pas les Cannois à opter pour ce nouveau moyen de circulation. Tel est l’argument phare des opposants à la création du vélib cannois.
La problématique économique
Mais il serait peu pertinent de justifier l’absence de vélib par la topographie de la ville et par le caractère fallacieux d’une consultation ayant été réalisée il y a quelques années.
La mise en place d’un système vélocipède en libre circulation est avant tout synonyme de dépense trop conséquente pour la municipalité. « D’un point de vue économique, le vélib reste extrêmement cher. La première étude réalisée a révélé un coût de 520 000 euros par an à la ville. Pour le vélib, la problématique économique est très importante » déclare Pascale Vaillant, adjointe au Maire à l’environnement.
Un coût économique d’autant plus insurmontable en période de crise. Les recettes de l’état diminuant, la ville de Cannes s’apprête à perdre 45 millions d’euros dans les quatre prochaines années, soit une année d’investissement. « Une situation redoutable pour les projets qui sont dans les cartons » affirme Franck Liange, directeur du développement durable à la ville de Cannes.
L’enjeu de l’électrique
Devant toutes ses problématiques étudiées, la mairie de Cannes s’est d’avantage tournée vers le projet d’un vélo à assistance électrique. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, ce système serait moins coûteux que celui du vélib. « Il s’agit d’un projet de partenariat entre les plus importants acteurs économiques de la ville. Chacun achète son espace mais en mutualisant les bornes de recharge pour les mêmes types de vélos qu’on peut laisser d’une station à l’autre.» explique Pascale Vaillant . Ce partage du financement reviendrait moins chère à la municipalité mais également aux contribuables.
Un projet ambitieux, d’avantage en phase avec les problématiques économiques et topographiques, mais qui peinent à se concrétiser. En effet, « certains partenaires économiques n’ont pas joué le jeu et ont refusé de signer les bons de commande » explique l’adjointe au Maire à l’environnement avant de préciser qu’ « ’il ne s’agit peut être que d’une question de temps. »
Franck Liange apporte une analyse plus défaitiste sur la réalisation de ce projet. Malgré les avantages de ce système, la crise économique pénalise grandement la mise en place du vélo à assistance électrique dans la ville. « Aujourd’hui la création d’une flotte de vélos à assistance électrique ou non en libre service pour l’ensemble de la population cannoise n’est pas à l’ordre du jour. Elle n’est pas une priorité.»
Le vélib ou le vélo à assistance électrique n’étant pas sur le point d’apparaître dans la ville, le Cannois est contraint à acheter son propre équipement s’il veut pouvoir dire adieu à ses déplacements quotidiens dans sa voiture. De ce fait, la municipalité a mis en place une subvention de 25% dans un maximum de 300 euros pour l’achat de vélos à assistance électrique par des particuliers. Pas sur cependant que cela fasse apparaître des pelotons de vélos électriques à Cannes d’ici les prochains mois…
Sacha Zylinski