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Loi sur le renseignement : la résistance se met en marche
Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés à Paris, lundi 4 mai 2015, pour protester contre le projet de loi sur le renseignement. Tous ont répondu présents à l’appel de nombreuses associations pour dénoncer une loi qu’ils jugent liberticide et pour dire non à la surveillance de masse. Reportage sur place.
Tout au long de cette journée, veille du vote à l’Assemblée nationale, plusieurs associations et organisations menées par la Quadrature du net ont organisé une mobilisation de grande ampleur, appelée « 24 heures avant 1984 » . Le point d’orgue de cette journée de contestation : un rassemblement sur l’esplanade des Invalides. Un lieu loin d’être choisi au hasard puisque c’est dans les sous-sols de cette célèbre place que se trouvent les locaux du service d’écoute du renseignement français, le Centre de Transmissions Gouvernementales (CTG). Le micro passe entre les mains de représentants de diverses associations, de différents syndicats. Amnesty international, mais aussi des députés du Front de gauche ou d’Europe Écologie les Verts, dénoncent l’absence de débat démocratique et la restriction des libertés individuelles. Chacun expose ses arguments pour influencer les députés encore indécis à 24 heures du vote. Le mot de la fin est revenu à un développeur informatique : « j’entends souvent de la bouche des gens qui ne s’opposent pas à cette loi qu’elle ne les gêne pas car ils n’ont rien à cacher. Mais quand vous êtes dans le métro en train d’écrire un SMS à votre petite amie et que quelqu’un regarde votre écran, vous le dissimulez avec votre main. Vous avez donc bien, comme tout le monde, quelque chose à cacher. »

Un détournement de l’affiche « Je suis Charlie » pour dénoncer la surveillance généralisée contenue dans le projet de loi sur le renseignement (crédit photo : Delphine Toujas)
1984 comme symbole
Pour les manifestants, il est crucial de dénoncer une loi qui, selon eux, viole la vie privée et entraîne la surveillance de masse de tous les individus. A grand renfort de slogans et de pancartes, les opposants à la loi ont crié leur colère et réclamé vouloir « être entendus, pas écoutés ! ». « Je suis venu parce que j’ai peur, peur des conséquences de cette loi », avoue Rémi, résumant le ressenti de la foule à l’égard de ce projet . Aucun adversaire de ce projet de loi n’approuve les dispositions incluses dans celui-ci, qui affecteront l’ensemble de la population. C’est le cas de la récupération des données personnelles sans la supervision d’un juge, ou encore des fameuses boîtes noires, censées détecter des agissements suspects sur internet, installées chez les fournisseurs d’accès à internet. Une pancarte brandie par Céline, étudiante en psychologie, résume : « Non à la loi sur le flicage généralisé ». Quelques mètres plus loin, une autre affiche indique « 1984 n’était pas censé être un mode d’emploi ». Parmi eux, Stéphane estime qu’il est indispensable d’être là, malgré la pluie, afin de lutter contre une loi liberticide qui « profite des événements de janvier pour être adoptée ». Réalistes, les organisateurs et les associations reconnaissent à demi-mots que l’adoption du texte à l’Assemblée nationale ne fait quasiment aucun doute. En revanche, ils promettent de poursuivre la mobilisation pour l’examen au Sénat à la fin du mois de mai et s’engagent à aller jusqu’aux institutions européennes pour l’abroger s’il le faut.
Pour en voir un peu plus, voilà un diaporama de la manifestation:
Delphine Toujas