Eurobasket 2015 : l’équipe de France toujours favorite ?

Favoris de ces championnats d’Europe, les Bleus ont terminé à la première place de leur groupe sans perdre un match. Un bilan s’impose alors que les tricolores affrontent la Turquie en huitième de finale ce samedi soir à Lille .

Pour la première fois de son histoire, l’équipe de France de basket se présente à un Euro en tant que tenante du titre et donc, comme équipe à abattre. Mais le groupe qu’a constitué Vincent Collet fait rêver et semble être taillé pour relever le défi. Pour Nicolas Batum, c’est même « la meilleure équipe de l’histoire du basket ball francais ». Avec son cinq de départ constitué de quatre joueurs NBA (Tony Parker, Nicolas Batum, Boris Diaw et Rudy Gobert) et d’un des meilleurs joueurs européens (Nando De Colo), l’équipe fait figure de favorite.

Un collectif en demi-teinte

Avant même son match face à Israël, l’équipe de France était assurée de se qualifier pour les huitièmes de finale avec quatre victoires en autant de matchs. La victoire contre les Israëliens, deuxièmes de la poule, a offert la première place aux tricolores. Les résultats sont satisfaisants mais la manière ne convainc pas vraiment.

Le premier point d’inquiétude est la défense. Tony Parker et ses coéquipiers sont inconstants de ce côté du terrain. Même s’ils sont 6ème à l’issu de la phase de poules au nombre de points encaissés par match, les Français ne sont pas capables de maintenir un haut niveau d’intensité tout au long du match et donnent l’impression de choisir leurs moments. Une faiblesse qui pourrait coûter cher contre les prochaines équipes qu’ils auront à affronter.

De l’autre côté du terrain, les Bleus se sont heurtés à une défense de zone. Peu habitués, les joueurs ont peiné à trouver la faille. Le manque de mouvement des attaques tricolores les ont contraint à trouver des solutions individuelles (seulement 12ème aux nombres de passes décisives avec 17,8 par match).

Des satisfactions individuelles

Avec son envergure de 2 mètres 36, Rudy Gobert gêne considérablement les attaquants adverses. (Crédit photo : D.R.)

Avec son envergure de 2 mètres 36, Rudy Gobert gêne considérablement les attaquants adverses. (Crédit photo : D.R.)

Quoi qu’il arrive, Rudy Gobert et Nando de Colo se souviendront longtemps de cet Euro. Le jeune intérieur de 23 ans, candidat au titre de Révélation de l’année en NBA, confirme tout le potentiel aperçu pendant la dernière Coupe du monde. Propulsé titulaire après le forfait d’Alexis Ajinça, Gobert est le taulier de la défense tricolore mais assure aussi le spectacle de l’autre côté du terrain, comme ici face à la Pologne…

Il est le meilleur rebondeur tricolore (7,4 par match) et le 2ème meilleur contreur de la compétition (1,8 par match). Son association avec Joffrey Lauvergne fonctionne particulièrement bien et demeure l’une des raisons de la domination française dans le secteur intérieur.

De Colo a été, de son côté, le meilleur joueur des Bleus pendant la phase de poule. Depuis son élection dans les cinq meilleurs joueurs de l’Euro lors de la première journée, son niveau de jeu n’a pas baissé. Très régulier au tir ( 52% à 2 points et 42% à 3 points), le joueur du CSKA Moscou est dépositaire du jeu français lorsque Tony Parker se repose. Une mission qu’il accomplit avec brio.

Des cadres sur la réserve

Tony Parker (le meilleur marqueur de l’Euro 2013 avec 19 points par match) n’effectue pas un début de compétition digne de son statut. Il marque 12,4 points par match. Pas mal, mais un peu juste pour le leader d’une équipe visant le titre.

Les autres cadres ne sont pas non plus dans leur meilleure forme. Le capitaine, Boris Diaw, fait du Boris Diaw. Toute sa carrière, on lui a reproché son manque d’agressivité en attaque. Avec 6,8 points par match à 50% aux tirs, beaucoup estiment qu’il ne prend pas assez de responsabilités. Mais Diaw n’a jamais été un gros marqueur. Son rôle dans une équipe est plus celui d’un « facilitateur » et ses quatre passes décisives par match l’attestent, personne en équipe de France ne fait mieux.

Le véritable problème vient plutôt de Nicolas Batum. Lui qui se disait « le meilleur ailier d’Europe » en 2013 est à la peine. Son apport offensif ( 9,4 points à 40,9% et 1,2 passe décisive par match) est largement en deçà de ce qu’on peut attendre d’un joueur de son calibre. De plus, ses qualités défensives pourtant largement reconnues en NBA, ne permettent pas de faire la différence de l’autre côté du parquet. Il faut toutefois faire attention à ne pas l’oublier trop vite. En 2013, déjà, il avait raté son début de compétition avant de se réveiller lors des demi-finales et de participer activement à la victoire contre la Lituanie en finale.

Avec 4,8 points à 30% aux tirs, 0,8 rebond, 1,6 passe et 1,4 balle perdue : Evan Fournier a intérêt à élever son niveau de jeu s'il veut retrouver son poste de titulaire à Orlando. (Crédit photo : D.R.)

Avec 4,8 points à 30% aux tirs, 0,8 rebond, 1,6 passe et 1,4 balle perdue : Evan Fournier a intérêt à élever son niveau de jeu s’il veut retrouver son poste de titulaire à Orlando. (Crédit photo : D.R.)

Le dernier joueur à ne pas être au niveau est un autre membre de la NBA. Il s’agit d’Evan Fournier. Le joueur du Magic d’Orlando a été en concurrence avec Thomas Heurtel et Antoine Diot durant toute la préparation. Ces deux derniers, blessés, n’ont finalement pas pu participer à l’Euro et l’on est en droit de le regretter tant les performances de Fournier sont décevantes. Sélectionné par Vincent Collet pour amener de l’énergie et des points en sortie de banc, le Français apporte trop peu. Ses statistiques (4,8 points à 30% aux tirs, 0,8 rebond 1,6 passe et 1,4 balle perdue) reflètent parfaitement son niveau de jeu. Le petit ailier est en pleine crise de confiance. Il ne serait pas étonnant que Vincent Collet réduise son temps de jeu lors des matchs à élimination direct.

Pour l’instant, l’équipe de France ne semble pas avoir le niveau pour lutter contre la Serbie ou même l’Espagne, deux des meilleures équipes d’Europe. Mais le passé nous a montré qu’il ne faut jamais sous-estimer cette équipe, tant elle est capable d’élever son niveau de jeu lorsqu’elle doit affronter un adversaire d’un niveau plus élevé. Le match contre la Turquie, un adversaire beaucoup plus solide qu’Israël ou la Bosnie-Herzégovine sera révélateur du véritable niveau de l’équipe et de sa capacité à remporter l’Euro.

Wilhem Lelandais-Foyer