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#balancetonporc : La parole se libère sur le harcèlement sexuel
Avec plus de 50 000 tweets postés depuis vendredi soir, le hashtag #balancetonporc est devenu l’un des sujets les plus populaires de Twitter ce week-end. L’initiative vise à dénoncer les coupables de harcèlement sexuel, au travers des témoignages des internautes.
« En soirée, un grand patron pose sa main sur mon sein ‘’tu es bien fournie’’ il s’en est pris une direct qui l’a laissé pantois ». Depuis vendredi dernier, ce type de témoignages afflue sur le réseau social Twitter. Au moyen du hashtag #balancetonporc, des milliers de femmes racontent les agressions sexuelles qu’elles ont subies. Ce hashtag a été créé par Sandra Muller, journaliste à la Lettre de l’audiovisuel, en réaction à l’affaire Harvey Weinstein . Le célèbre producteur de Hollywood est accusé de harcèlement sexuel, viols, chantage, intimidation, par plus d’une trentaine d’actrices et de femmes travaillant dans le milieu du cinéma. Un hashtag en anglais #myharveyweinstein circulait même sur le réseau social, incitant à dénoncer les coupables d’agressions sexuelles.
#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends
— Sandra Muller (@LettreAudio) 13 octobre 2017
#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends
— Sandra Muller (@LettreAudio) 13 octobre 2017
Avec #balancetonporc, Sandra Muller encourage les victimes de harcèlement sexuel à témoigner. La journaliste donne d’ailleurs l’exemple en rédigeant un premier tweet relatant son expérience personnelle :
» Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit » Eric Brion ex patron de Équidia #balancetonporc
— Sandra Muller (@LettreAudio) 13 octobre 2017
Agressions sexuelles, harcèlement de rue, insultes, remarques misogynes… Les tweets témoignent de l’ampleur des violences sexistes que subissent les femmes chaque jour. Et ce, au travail comme dans la rue, ou dans des cercles plus privés. L’affaire Weinstein a dévoilé le harcèlement sexuel présent dans le milieu du cinéma, mais ce sont aussi d’autres professions qui sont concernées. Comme le secteur du journalisme, d’ailleurs déjà dénoncé par la page Facebook Paye ton journal (https://www.facebook.com/payetonjournal/), qui recense les témoignages de harcèlement sexiste dans les médias.
Un confrère dans une rédaction : « Ah non, je vais pas te conduire là-bas. Si tu montes dans ma voiture, j’aurai envie de te violer. » #balancetonporc
— Elisabeth Philippe😼 (@EliPhilippe) 14 octobre 2017
« Avec ta voix de chaudasse tu devrais songer à faire autre chose que de la radio, si tu vois ce que je veux dire. » #balancetonporc
— Linda (@linda_achour) 14 octobre 2017
Un red chef, grande radio, petit couloir, m’attrapant par la gorge : « un jour, je vais te baiser, que tu le veuilles ou non » #balancetonporc
— Giulia Foïs (@Giulia_Fois_) 14 octobre 2017
Le monde politique n’est pas non plus épargné : certains internautes dénoncent des agressions sexuelles provenant d’hommes politiques connus à l’échelle nationale.
J avais 25 ans et j étais attachée parlementaire. En allant vers l’hémicycle, @jeanlassalle m a mis une main aux fesses. #balancetonporc
— Julia Castanier (@JuliaCastanier) 15 octobre 2017
La guerre des hashtags
En réaction à #balancetonporc, le hashtag #balancetatruie a été lancé, afin de rappeler que les agressions sexuelles peuvent également provenir de femmes. Un autre hashtag #balancetonmecsupercool a été créé par le politologue Laurent Bouvet. Le but ? Démontrer que tous les hommes ne sont pas coupables de ce genre d’agissements. Le hashtag semble même avoir séduit des personnalités politiques, comme le maire de Cannes David Lisnard qui s’est empressé de le retweeter. Ces deux hashtags ont provoqué la colère des twittos, qui ont accusé les hommes de vouloir voler la parole des femmes, alors même que le tabou se brise enfin sur le sujet.
Demander 1 #balancetonmecsupercool dans ce contexte, c’est suggérer que les femmes témoignant du harcèlement ternissent l’image des hommes.
— Marylin Maeso🕯 (@MarylinMaeso) 15 octobre 2017
#balancetonmecsupercool qui mérite une médaille car il ne bat pas sa femme, ne viole pas d’enfants et ne mange pas de chatons. https://t.co/UUVd8QfZiq
— Raphael Grably (@GrablyR) 16 octobre 2017
Si le hashtag a permis aux victimes de s’exprimer sur le harcèlement sexuel, il met aussi en avant le tabou qui existe autour du sujet, et la difficulté pour les concernés à en parler. Sur Twitter, de nombreux internautes se sont demandés pourquoi les femmes ne portaient pas plainte ou refusaient d’en parler plus tôt. Car outre le traumatisme causé par ces agressions, les femmes risquent également leur carrière. D’après l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, 95% d’entre elles perdent leur travail quand elles dénoncent des faits de harcèlement.
Annabelle Georges