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[FIPA] Le marché africain francophone en expansion
Mercredi, Sinatou Saka, journaliste à RFI et à France 24, organisait une table ronde autour du marché audiovisuel africain francophone. Avec elle, Sandra Basset, responsable adjointe du pôle Afrique de TV5 Monde, Russel Southwood, analyste média, et Charli Béléteau, showrunner de la série « C’est la vie » en Afrique, ont tenté de mettre en lumière une réalité : le marché africain francophone est en expansion.
Le marché africain francophone voit plus loin. Ce constat a été émis par Sandra Basset, responsable adjointe du pôle Afrique de TV5 Monde, Russel Southwood, analyste média, et Charli Béléteau, showrunner de la série « C’est la vie » en Afrique, réunis autour de Sinatou Saka, journaliste à RFI et France 24, qui animait mercredi une table ronde à l’occasion du FIPA Industry, à Biarritz.
« Une libéralisation non-négligeable »
« Aujourd’hui, plus de 2 200 chaînes de télévision sont présentes sur le continent africain, insiste Sinatou Saka. Le marché des ventes et des achats constitue 1 milliard de dollars, soit deux fois plus qu’il y a trois ans ». Les 274 millions d’Africains francophones du continent représentent donc un grand potentiel d’audience. « Il y a une transition qui s’est effectuée en Afrique, précise Russel Southwood. Depuis les années 70, 80 et 90, il y a une libéralisation non-négligeable ».
Pour aider à l’expansion du marché africain, la chaîne TV5 Monde joue un rôle prépondérant. Présente en Afrique depuis 25 ans, la chaîne, qui souhaite « promouvoir la diversité des cultures en langue française », a régionalisé sa grille pour s’adapter à toutes les populations. « 20% des productions sont africaines, affirme Sandra Basset. On essaye de promouvoir des projets qui portent les valeurs de la francophonie, en installant, notamment, des rendez-vous récurrents en hebdomadaire ou mensuel ». C’est ainsi que la série « C’est la vie » cartonne et aide à l’innovation.
« Il y a eu 62 épisodes en 3 ans, c’est exceptionnel pour l’Afrique, argue Charli Béléteau, producteur de la série. Nous avons mis en place un modèle industriel qui répond au cahier des charges des ONG ». La série, sorte de version africaine de « Plus belle la vie » dans un centre de santé, est en effet financée à 80% par des organisations non gouvernementales, ce qui leur permet de faire de la prévention. « En Afrique, il y a énormément de talents, reprend le showrunner. Mais on est encore en panne de financement… Le fait de s’internationaliser apporte un véritable plus. »
« Nous avons créé un modèle économique accessible »
Le potentiel le plus important concerne la consommation des médias. Les Africains qui suivent les émissions télévisuelles sont 80% à le faire depuis leur mobile. « Nous avons créé un modèle économique accessible au monde, explique Sandra Basset de TV5 Monde. Nous avons lancé une chaîne de télévision sur internet, entièrement gratuite et légale. Vingt pour cent des programmes diffusés sont des productions africaines, et l’argent rapporté est réinjecté dans d’autres productions africaines. »
Avec quatorze millions de foyers francophones, soit environ vingt-cinq millions de téléspectateurs potentiels, le marché africain francophone représente une mine d’or pour les exploitants audiovisuels. Aujourd’hui, de plus en plus de programmes de qualité accompagnent le quotidien des habitants. Consulter les programmes via une télévision ou un mobile est devenu courant.
Il reste à présent à régler les contextes socio-politiques qui ne sont pas toujours faciles – des lignes éditoriales confisquées par quelques pouvoirs en place – et à penser aux solutions électriques : deux-tiers des Africains n’ont pas toujours pas accès à l’électricité.
Romain Hugues
Loris Biondi