Être blanc ou noir dans les caraïbes

Dans ces îles fortement marquées par la colonisation, la couleur de peau est encore aujourd’hui, une marque d’identité sociale.

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« Dans mon lycée, il y avait un bloc de « blancs » et les seuls moments où ils se mélangeaient c’est quand un noir se croyait blanc », raconte Laura, 18 ans. Pour cette Caribéenne ancienne résidente de Saint-Martin, « se croire blanc » va de pair avec un comportement « sophistiqué » et « d’enfant pourri gâté ».

Les colons européens du quinzième siècle avaient à l’époque inventé des termes relatifs à toutes les nuances de couleurs de peau situées entre le noir et le blanc.  Les mulâtres désignaient de cette manière les enfants nés d’un colon et d’une femme esclave. Étaient appelés « Câpres » les enfants d’un mulâtre et d’un noir et « quarterons » ceux entre un mulâtre et un blanc. Dans ce classement informel, les chabins, métis à la peau claire, aux yeux clairs et aux cheveux clairs et crépus, étaient (et sont toujours), les grands favoris. Dans une société où le français est associé à la civilisation, et une couleur foncée son antithèse, nombreux sont les métisses entre ces deux couleurs qui se sentent inconfortables.

Africains et Antillais, deux cultures bien différentes

« Je ne suis pas ta petite sœur. C’est quoi ces Africains qui croient qu’on est tous frères et sœurs ? » s’entend répondre la blogueuse guadeloupéenne et togolaise, Anne Raïssa Gbakatchétché après avoir commis l’erreur manifeste d’appeler une autre guadeloupéenne « ma sœur ». La césure entre le Caribéen et l’Africain semble de ce fait clairement définie. Pourtant, le débat entre les deux communautés n’a jamais cessé. Si certains antillais nient complètement l’influence africaine dans la culture des îles, d’autres comme l’acteur et humoriste américain Godfrey Danchimah font savoir avec provocation que toute culture contenant de la banane plantain dans son alimentation a subi des influences africaines dans son histoire. Certes, l’affirmation « Je ne suis pas africain, je suis antillais », marque parfois la volonté innocente de proclamer son origine la plus directe. Le malaise plus global tient également d’une image péjorative de l’Afrique souvent véhiculée dans les médias, et dont les Caribéens souhaitent se différencier.

Faut-il choisir entre ses origines ?

Pour les personnes métisses aux origines flottantes entre ces deux cultures, à l’image d’Anne Raïssa Gbakatchétché, la situation est délicate. Kimberley, étudiante d’origine colombienne ayant grandi aux États-Unis, évoque une pression parfois existante qui proviendrait de l’entourage familial. Entre la fierté de ses origines et le sectarisme communautaire, là encore la nuance est nécessaire. Interrogés sur le sujet, la majorité des étudiants considèrent comme une chance, la multiculture. Le sentiment d’appartenance dépend, quant à lui, de l’éducation et les connaissances plus ou moins développées sur une culture spécifique. La richesse réside également dans la possibilité de choisir, individuellement, les éléments socio-culturels qui correspondent à chacun, parmi une diversité d’origines.

Lolita Aboa

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